Depuis le début des manifestations du Rif en octobre dernier, suite au décès brutal du marchand de poissons Mohcine Fikri, le drapeau de la République du Rif, l'Etat proclamé par Abdelkrim El Khattabi entre 1921 et 1926, est entré clandestinement dans le pays et s'est érigé en symbole identitaire des protestations, écrit l'agence EFE. L'étendard de l'éphémère République du Rif a en effet investi les rues d'Al Hoceima lors des manifestations, au grand dam du drapeau marocain, totalement absent. Les révoltes rifaines n'ont pourtant pas un caractère séparatiste ; les participants ne réclament nullement l'indépendance de la région. «Le drapeau rifain symbolise la gloire de notre peuple par le passé, tandis que le drapeau marocain représente l'administration en tant qu'outil de répression», confie à l'agence espagnole un activiste qui a coutume de hisser ce symbole lors des manifestations à Al Hoceima. En revanche, ce dernier se montre plutôt évasif sur la manière dont il s'est procuré le drapeau, impossible à trouver à Al Hoceima et ailleurs au Maroc. «On me l'a offert», dit-il. «D'où ?», interroge EFE. «De l'étranger, je crois.» Le drapeau rifain n'est pourtant pas interdit au Maroc. La police marocaine se montre en effet plutôt tolérante sur son recours par les militants du Nord. Plusieurs activistes sollicités par l'agence espagnole ont assuré qu'il était fabriqué aux Pays-Bas, où la communauté rifaine est très importante, puis transporté clandestinement jusqu'au Maroc par les membres de la diaspora. Durant la République du Rif, le drapeau n'avait pas une portée «institutionnelle», rappelle depuis Madrid María Rosa de Madariaga, l'une des meilleurs spécialistes de l'histoire du Rif contactée par EFE. Sa création était relative à la volonté d'Abdelkrim El Khattabi de voir admettre sa République au sein de la Société des Nations, dotant ainsi son Etat d'éléments souverains dont le drapeau, la monnaie locale (Riffan) et l'armée.