Comment les grandes ONG internationales entretiennent une grande conspiration du silence dans le cas Sansal, doublée d'une complaisance envers le régime algérien    Ports marocains : le trafic commercial progresse de 11,6 % au premier semestre 2025    Les fertilisants phosphatés animent les échanges économiques entre le Maroc et le Bangladesh, deux alliés indéfectibles    «La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est largement reconnue» : quand la propagande de l'officine FiSahara contre le film de Christopher Nolan s'évanouit    Le Maroc accueille les 19-22 août un grand atelier panafricain sur la gestion des ressources sécuritaires en présence de dix-huit pays    Maroc-Palestine : Aide humanitaire pour Gaza en denrées alimentaires et médicaments    Le Raja scelle un partenariat avec Ports4Impact pour lancer la société sportive Raja S.A.    Football : Le Raja passe de l'association à l'entreprise    Fête du Trône: Dans un message à S.M. le Roi, le Président Trump réaffirme la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara    Fête du Trône : Trump réaffirme le soutien des Etats-Unis à la souveraineté marocaine sur le Sahara    Sous le parrainage de la Chine... Une organisation internationale pour l'intelligence artificielle en cours de création à Shanghai    Lettre de Trump et renouvellement de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara : une gifle cinglante de Washington au régime algérien    Marrakech : Un chauffeur de taxi arrêté en pleine nuit pour trafic de drogue — scène digne d'un polar urbain    En hommage à l'art et à la fraternité maghrébine : Le Syndicat Professionnels Marocain des Créateurs de la Chanson Marocaine célèbrent la fête du trône en Tunisie    Législatives 2026 : Après l'ordre royal, Laftite s'est réuni avec les partis    Diaspo #400 : De Paris à Sydney, Jamal Gzem met en image les histoires humaines    Fête du Trône : Le ministre de l'Intérieur tient une rencontre de travail avec les Walis et gouverneurs de l'Administration territoriale et des services centraux.    Famine à Gaza : des Marocains en grève de la faim contre le silence international    La Turquie a commencé à fournir du gaz azerbaïdjanais à la Syrie    Festival des Plages Maroc Télécom : Réussite de l'Edition Spéciale Fête du Trône    Japon: Juillet 2025, le plus chaud jamais enregistré depuis 1898    BAD: Six millions d'euros pour le développement d'une centrale solaire au Burkina Faso    Después de su liberación de Israel, el periodista El Bakkali agradece a la diplomacia marroquí.    L'avocate d'Achraf Hakimi souligne des incohérences dans le récit de la plaignante    Thaïlande : la tempête Wipha fait six morts    CHAN 2024 : Une victoire face à l'Angola, «cruciale pour la suite de la compétition» (Tarik Sektioui)    Afro Basket U16 / Coup d'envoi des éliminatoires régionales ce samedi : Maroc vs Tunisie (f) et Maroc vs Algérie (g)    Le Maroc réaffirme son engagement pour les zones humides et déjoue une tentative de politisation de la Convention Ramsar    El Jadida: Vivement, la réhabilitation de l'hopital Provincial Mohammed V    L'Humeur : David Hallyday et les clebs marocains    CHAN 2024 : Coup d'envoi ce samedi à Dar Es-Salaam    Le Maroc triple ses importations de bœuf en provenance de l'Union européenne    Exportations céréalières : le Kazakhstan livre 12,4 millions de tonnes dont 60 000 au Maroc    MAGAZINE : Ozzy Osbourne, les ténèbres à bras ouverts    Le Maroc, allié de longue date et partenaire "essentiel" des Etats-Unis (Sénateurs US)    Wafabail: Mise à jour annuelle du dossier relatif au programme d'émission de bons de sociétés de financement    CHAN 2024 : Les cinq stades qui accueilleront la compétition    Le temps qu'il fera ce samedi 2 août 2025    Les températures attendues ce samedi 2 août 2025    Anass Zaroury en partance pour la Grèce    Fuites de documents d'urbanisme : Des fonctionnaires accusés de collusion avec des spéculateurs    Les indicateurs hebdomadaires de BAM en 5 points clés    Omar Benmoussa prend les rênes de Mobiblanc    Espagne : Des élus du PP irritent les alliés du Polisario    Casablanca accueille la 1ère édition du festival AYTA D'BLADI    «Vallée des vaches» : Le Maroc documente des gravures bovines inédites à Tiznit    Disparition : Hassan Ouakrim, doyen de la culture marocaine aux Etats-Unis, n'est plus    Cinéma : "Calle Malaga", de Maryam Touzani, en sélection officielle à Venise et Toronto    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Destinées» de M'hammed Kilito, ou l'art de mettre en scène son métier rêvé [Interview]
Publié dans Yabiladi le 25 - 10 - 2017

M'hammed Kilito revient sur le devant de la scène culturelle avec «Destinées», un projet documentaire à la galerie de l'Institut français de Rabat, du 1er au 25 novembre 2017. Le photographe continue de travailler sur «l'humain», un thème qu'il maîtrise et qui le passionne. Interview.
En quoi consiste l'exposition «Destinées» ?
C'est une exposition qui s'intéresse à la sociologie du travail. J'ai cherché des gens qui ont des parcours et qui viennent de classes sociales différentes. Ensuite, je les photographie dans leur environnement de travail dans lequel ils évoluent actuellement, puis je leur demande ce qu'ils voulaient faire quand ils étaient plus jeunes. Je les emmène dans cet environnement fictif et je les photographie aussi.
Je finis par avoir un diptyque (deux photos ou deux tableaux, ndlr). Quelque part, ce travail sur les deux photos permet d'illustrer à la fois le travail que les gens effectuent aujourd'hui et le travail qu'ils voulaient faire ou qu'ils désiraient faire étant plus jeunes. Je les habille en fonction de cet environnement. J'essaie de faire en sorte que la photo fictive ait une certaine crédibilité. Je joue un peu avec le public.
J'ai photographié beaucoup de personnes, mais ensuite j'ai dû faire une sélection qui comporte onze personnes et je me suis retrouvé avec 22 photos. C'est purement un choix esthétique et artistique.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés à faire les photos fictives ?
Oui bien-sûr. Quand la photo comprend des gens qui sont dans leur milieu de travail. C'est facile de débarquer à n'importe quelle heure pour les photographier. Par la suite, s'ils me disent qu'ils veulent être comédien(ne) par exemple pour la photo fictive, j'ai besoin de trouver un théâtre, de trouver un costume, de demander l'autorisation au théâtre pour qu'ils me laissent venir à un certain moment pour prendre la photo. Ça devient compliqué parfois. Après, il faut s'assurer que la personne soit disponible dans la plage horaire que le théâtre va me donner.
Autoportrait de M'hammed Kilito, le photographe de "Destinées". / Ph. M'hammed Kilito
Combien de temps vous a-t-il fallu pour monter ce projet ?
J'ai travaillé sur ce projet pendant à peu près un an, mais avec des pauses puisque j'étais en résidence artistique à Marseille pendant trois mois. Souvent, beaucoup de gens que j'ai rencontrés n'ont pas accepté de se faire photographier. Il y a tout un travail d'approche où tu leur parles le temps de faire connaissance et de créer un lien de confiance. C'est à ce moment-là que je leur parle de mon projet. Souvent, leur réponse est non.
J'ai photographié des amis et des connaissances, c'était plus simple. Après, il fallait aussi trouver des gens dans la rue, dans la médina par exemple, et trouver des personnes qui peuvent se déplacer pour les photos fictives. Ce n'était pas évident.
Pourquoi ce choix de photographier des personnes dans l'environnement du métier qu'ils rêvaient de faire étant plus jeunes ?
Ça vient d'une expérience personnelle. Dans le quartier dans lequel j'habitais, on jouait au foot en étant plus jeunes, puis en grandissant, à l'âge du collège, on commençait à avoir des distinctions de classes sociales. J'avais été très touché par l'histoire d'un ami qui était le fils du concierge de l'immeuble d'à côté. A l'âge de 14 ans, son père est venu le voir pour lui dire qu'il n'arrivait plus à subvenir aux besoins de la famille et qu'il fallait que son fils prennent la relève et quitte l'école pour travailler. Il a commencé à travailler en tant que boucher. Cette histoire m'avait beaucoup marqué et restait là, quelque part.
Un jour, à travers mes lectures, je suis tombé sur le concept du déterminisme social. Est-ce que le choix des emplois que nous faisons est un choix individuel ou, quelque part, y a t-il une pression sociale des actions que nous avons dans nos choix de carrière, et qui finit par résulter sur le fait d'avoir un emploi qu'on n'avait pas envie de faire. J'ai essayé de le vérifier au Maroc. Je ne suis pas en train de dire qu'il existe ou n'existe pas.
Les photos sont accompagnées par une installation sonore. J'ai décidé de donner la parole à ces gens pour expliquer pourquoi ils font le travail qu'ils font aujourd'hui ? Pourquoi ils n'ont pas pu faire le travail qu'ils voulaient faire ? L'élément voix permet de dégager beaucoup plus d'émotions que si j'avais décidé d'écrire juste des textes pour accompagner les photos.
Quelle est la personne photographiée qui vous a le plus touché dans cette exposition ?
C'est une photo qui est très touchante, parce que le monsieur est un photographe de rue, ambulant, qui travaille sur le boulevard Mohammed V à Rabat depuis 1972. Je crois que ce désir-là de devenir fonctionnaire s'explique par le fait que souvent, on a envie d'avoir un emploi qui apporte une certaine sécurité financière et un salaire à la fin du mois, mais aussi parce que dans la fonction publique on est syndiqué donc il n'y a pas de raison pour qu'on soit congédié.
Le photographe de rue qui rêvait d'être fonctionnaire. / Ph. M'hammed Kilito
Votre travail se rapproche toujours de l'humain, vos photos dégagent beaucoup d'émotions. Est-ce un choix artistique ?
L'humain m'intéresse beaucoup, j'aime beaucoup les gens, les rencontrer, surtout les histoires des gens. Je crois qu'on peut apprendre beaucoup de choses à travers ce que les gens nous racontent. Le choix de ma démarche artistique est dans la lignée de la sociologie visuelle. C'est utiliser l'image pour vérifier, analyser et traiter des questionnements socio-politiques. Je travaille souvent sur les questions de migration et de contrastes socio-économiques et socio-culturels entre les villes, les périphéries et le monde rural. Je veux que la photo ne soit pas seulement esthétique, mais qu'elle puisse véhiculer aussi des messages, amener à la réflexion. Au Maroc, selon les chiffres officiels, on a environ 50% d'analphabètes et je crois que l'image pourrait jouer un rôle pour diffuser des messages et sensibiliser les gens par rapport à certaines questions.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.