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Un cerveau pour Khadija
Publié dans Yabiladi le 31 - 10 - 2017

«Khadija, âgée de 40 jours, est notre épreuve à nous tous. Quelque soit notre niveau d'éducation ou de responsabilité.»
Khadija n'a vraiment pas de chance. Elle est née avec une anomalie dans une famille pauvre et analphabète, dans une campagne aux environ de Ksar el Kébir et surtout dans un pays où le service public titube et menace de s'écrouler complètement.
Khadija, âgée de 40 jours, est notre épreuve à nous tous. Quelque soit notre niveau d'éducation ou de responsabilité. Elle est née avec une énorme tête ; une hydrocéphalie dans notre langage médical. C'est une malformation due à un blocage ou à une mal absorption du liquide céphalo-rachidien. Quelque soit la cause, tumeur ou infection, il s'agit d'une urgence chirurgicale pour éviter une destruction du nerf optique, ce qui conduit à une cécité définitive, ou pire, une destruction du cerveau et une démence précoce.
C'est une urgence, sauf dans les pays qui ne respectent pas leurs enfants. Khadija est née dans l'hôpital de Ksar el Kébir par césarienne de parents pauvres et analphabètes originaires d'une petite bourgade à 40 km de cette ville. Les médecins l'ont adressée au CHU de Rabat pour une prise en charge. Ils ont été reconduits vers l'hôpital provincial de Tanger, qui en principe devrait posséder les moyens humains et matériels pour réaliser l'intervention. Il faut dire que les capacités du CHU se sont réduites et que la population a considérablement augmenté.
L'intervention de l'hydrocéphalie est relativement facile et bien codifiée selon les neurochirurgiens. Elle dure entre 20 et 30 minutes et consiste à placer une dérivation pour drainer l'excès de liquide du cerveau vers le péritoine (situé dans le ventre) avec un système de valve pour contrôler la pression.
Des échanges difficiles
C'est sans compter la mauvaise gestion hospitalière ou le refus de certains neurochirurgiens de faire l'intervention. Et si le neurochirurgien est disposé à opérer, c'est au tour du réanimateur anesthésiste de ne pas vouloir ou pouvoir endormir des nourrissons. Certes, l'anesthésie des nouveau-nés et des nourrissons demande une certaine dextérité et du matériel spécifique. Mais qu'est-ce qui empêche les responsables des hôpitaux et ceux du ministère de pallier ceci ? C'est la question que pourrait se poser plus tard Khadija, si elle survit et conserve un cerveau normal.
Devant des parents désorientés et malmenés par des agents de sécurité de l'hôpital de Tanger, une jeune étudiante venue accompagner une amie à l'hôpital s'est intéressée à Khadija et sa famille. Ensuite, elle a posté des photos avec son nom et un numéro de téléphone. Pratique de plus en plus courante, comme lancer une bouteille à la mer.
A mon tour, je me suis intéressé à cette histoire parce que je me suis étonné qu'on ne fasse pas cette intervention assez banale qui permet de sauver des cerveaux et la vue à des petits, tandis que jeune étudiant, je me souvenais qu'on en faisait énormément au CHU de Casablanca. J'ai eu comme toute réponse après mes recherches que ce n'est pas le savoir-faire qui manque, mais la volonté de gestion efficiente de cette maladie et de tant d'autres.
Je me suis souvenu d'un médecin réanimateur anesthésiste - puisque j'ai compris que le blocage se fait à leur niveau - qui travaille dans le nord du Maroc. Le docteur Saïd El Abbari s'est illustré sur la toile en donnant des conseils et en défendant les patients, tout en décriant des conditions de travail difficiles et inacceptables pour rendre service aux gens. Bien évidement, il ne m'a pas déçu, m'affirmant qu'il réalisait même des anesthésies à la naissance pour donner aux nouveau-nés toutes leurs chances.
J'ai essayé de joindre le père. Faute d'assistante sociale ou d'associations dignes de ce nom, je me dois de faire les choses moi-même. Le père n'a même pas de téléphone portable basique à 20 euros, ce qui donne une idée sur l'état de sa pauvreté. C'est son frère que j'ai eu au bout du numéro que j'ai pu me procurer. Echange difficile, ne sachant pas écrire pour noter le numéro du Dr Saïd, alors on cherche quelqu'un dans le village, je rappelle, j'explique, j'insiste pour que la famille parte vers Tétouan. Cette famille pauvre et désemparée n'a pas non plus pensé à avoir le Ramed, le régime sociale mis en place pour aider les démunis.
J'ai trouvé un autre contact sur Tétouan pour les guider et concentrer les aides dont la famille va avoir besoin, tant pour les frais d'hospitalisation, que ceux de la valve de dérivation, sans parler de leur hébergement, nourriture et frais de pharmacie.
Venir en aide aux gens, surtout les plus fragiles est un sport de combat. Mais c'est un combat qui a du sens. Le sens de la Vie avec un grand V… Alors si vous le souhaitez, vous pouvez également aider Khadija à sauver son cerveau, sa famille à rester digne et la société à avoir moins d'handicapés.
Chronique hebdomadaire santé
Chaque semaine retrouvez sur Yabiladi.com la chronique santé du Docteur Zouhair Lahna, chirurgien obstétricien et acteur associatif, fort d'une longue expérience dans les zones de conflit. Cet ancien chef de clinique des universités Paris-VII est aussi ancien vice-président d'Aide médicale internationale et membre de Médecins sans frontières-France.


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