Talbi Alami s'entretient à Paris avec la présidente de l'Assemblée nationale française    Linda Yaccarino quitte son poste de PDG de X d'Elon Musk    CAN féminine : la Zambie s'impose face au Sénégal au terme d'un match spectaculaire    Ligue des Champions : L'UEFA change une nouvelle fois les règles    Bientôt des « Visites Mystères » pour renforcer la qualité des hébergements touristiques au Maroc    Maroc-Syrie: Réouverture de l'Ambassade du Royaume à Damas    La président Donald Trump impose un droit de douane de 30 % sur les importations algériennes, une riposte du régime d'Alger est peu probable    ANME : Le projet de loi relatif au Conseil National de la Presse, une étape essentielle pour combler le vide institutionnel    Bancarisation: les nouvelles révélations de Bank Al-Maghrib    Forum de l'alternance: le Maroc et la France affûtent leur coopération dans l'enseignement supérieur    Un ressortissant franco-algérien recherché par la justice française est arrêté à Marrakech    Mehdi Bensaïd plaide pour une refonte du droit de la presse à l'aune des mutations du métier    Le Maroc et le Brésil déterminés à inscrire leur partenariat dans la durée au service d'un avenir plus intégré et plus prospère (M. Zidane)    Sahara marocain: Un consensus international irréversible autour de la marocanité du Sahara et un appui soutenu à l'Initiative marocaine d'autonomie comme seule solution politique à ce différend régional    Gaza: une vingtaine de morts dans des attaques israéliennes    Espagne: Pedro Sánchez annonce « un plan national de lutte contre la corruption »    Texas: le bilan des inondations dépasse les 100 morts    Info en images. Voie express Fès-Taounate : Lancement des travaux de la 3e tranche    M-Automotiv renforce son réseau à Casablanca avec Panadis Auto    Infirmerie : quatre Lions de l'Atlas de retour, cap sur la reprise    Défense : Le Maroc avance vers la souveraineté industrielle avec le véhicule blindé WhAP 8×8    La Chambre des conseillers adopte en deuxième lecture le projet de loi relatif à la procédure civile    El ministerio público desmiente que el «niño de Boumia» haya sido víctima de agresión sexual.    Prévisions météorologiques pour le jeudi 10 juillet 2025    UE-Maroc : Une décennie de coopération à travers Erasmus+    Fortes averses orageuses avec grêle locale et rafales de vent mercredi dans plusieurs provinces (bulletin d'alerte)    Etats-Unis – Afrique : Donald Trump reçoit cinq chefs d'Etat africains à Washington    Jazzablanca 2025 : Du Royaume-Uni au Maroc, Majid Bekkas et Waaju magnifient le gnaoua-jazz    CCM : La fiction locale devient la vraie star des salles obscures    La Dance World Cup 2025 accueille pour la première fois le Maroc et consacre la danse orientale comme art folklorique    Belgique : Le Collectif contre l'islamophobie dans le viseur des renseignements    Etats-Unis : Selon les médias algériens, le Congress aurait rejeté à 98% le classement du Polisario comme mouvement terroriste [Désintox]    CAN 2025 - CAN Féminine 2024 : Danone alimentera 10 000 volontaires et 5 000 journalistes    Spain supports Morocco's customs closure in Melilla citing bilateral agreement    HUSA / Amir Abdou : à peine arrivé, déjà sur le départ !?    La chambre des conseillers adopte à l'unanimité le projet de loi organique relatif au statut des magistrats    Feuille de route pour l'emploi: Le gouvernement enchaîne les réunions, le chômage en ligne de mire    BLS lève 500 millions de dirhams pour soutenir son développement logistique au Maroc    FRMF / LNFP : La Ligue communique au sujet des A.G. des clubs    CAF / LDC- CCAF : la date du tirage au sort des deux tours préliminaires dévoilée    Découverte scientifique : Le lien révélé entre nos ancêtres et les pharaons [INTEGRAL]    Patrimoine ivoirien Le Tambour parleur Ebrié retourne au pays    Renaissance Pharaonique : Le Grand Egyptian Museum fait peau neuve    Ventes de ciment : un premier semestre d'excellente facture !    Summer Grill by George, la nouvelle escale culinaire de Mazagan Beach & Golf Resort    Voie express Fès-Taounate : Lancement des travaux de la 3e tranche pour un coût de 324 MDH    CAN féminine (Maroc-RD Congo): Les Lionnes de l'Atlas visent la pole position    Jazzablanca 2025 : Emel, l'artiste sans filtre qui fait couler l'encre (et la sueur) !    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'autre récit de Bachir Dkhil #3 : Comment l'Algérie a mis la main sur le Polisario
Publié dans Yabiladi le 11 - 03 - 2018

Yabiladi publie chaque semaine un épisode du long entretien que nous a accordé Bachir Dkhil, ancien membre fondateur du Front Polisario, revenu au Maroc au début des années 1990.
Le précédent épisode d'entretien avec Bachir Dkhil a été consacré à la genèse du Front Polisario. Il a notamment évoqué le revirement politique du mouvement, qui s'est voulu au commencement une organisation de résistance anti-espagnole, avant de porter des revendications séparatistes.
Dans cette troisième partie, l'ex-membre du mouvement revient sur la réaction des partis marocains à l'évolution du Polisario. Ainsi, Bachir Dkhil nous avoue n'avoir jamais pu expliquer les nombreuses incompréhensions quant à l'attitude des formations politiques nationales envers le leader du Polisario.
«Il existe encore des interrogations sur plusieurs prises de position. Lorsque Ouali Sayed avait contacté des partis politiques marocains, certains ont fermé les yeux sur le problème, tandis que d'autres lui ont dit d'aller libérer le Sahara seul s'il le pouvait. Il y a des aspects de cette histoire qui n'ont jamais encore été clarifiés. J'espère que nos historiens reviendront là-dessus un jour.»
Par ailleurs, Bachir Dkhil souligne qu'à la demande du numéro 1 du Front, la Libye a été le premier pays à apporter un soutien pratique : «Kadhafi avait mis en place un bureau, dirigé par un dénommé Mohammed Kechat. Ouali se rendait régulièrement en Libye. De plus, le colonel Kadhafi a été le premier à reconnaître la libération du Sahara en 1972, depuis la Mauritanie. N'oublions pas que sa démarche suivait l'idéologie du nationalisme arabe.»
Cependant, notre interlocuteur précise que la Libye est restée plutôt en retrait de la scène publique, concernant la question du Polisario : «L'Algérie est fortement intervenue en s'immisçant au sein du mouvement pour évincer Ouali et tous les cadres qui n'adoptaient pas son discours. C'est ainsi que le Polisario devint une organisation militaire et politique.»
Bachir Dkhil revient notamment sur la tenue du deuxième congrès du Polisario, sous les auspices d'Alger qui a abrité la rencontre en août 1974 : «Le congrès était d'une grande importance, réunissant des gens venus des anciennes colonies espagnoles dans le Sahara, de Mauritanie et d'autres régions du Maroc. Mais l'organiser en Algérie a été notre première grosse erreur.»
«Des sahraouis d'Algérie furent conviés au rendez-vous. La plupart d'entre eux étaient affiliés à l'armée. Nous ne savions pas qui avait invité ces personnes à prendre part à l'évènement. Nous n'avions aucune idée qu'il s'agissait d'un complot, en quelque sorte. Nous ne pensions pas que notre mouvement se métamorphoserait.»
Malgré ce revirement que Bachir Dkhil dit ne pas avoir vu venir, Ouali Sayed est élu secrétaire général. Mais une vingtaine de jours plus tard, le comité exécutif du Polisario se réuni pour le destituer. «Je suis parti à la recherche du Secrétaire général, se rappelle-t-il. Je l'ai trouvé sous une tente dans le désert et lui ai demandé de me raconter ce qui s'est passé. Il m'a dit que le comité exécutif l'avait évincé. Je lui ai dit de transmettre au comité mes salutations en tant que représentant de l'armée, en leur signalant qu'ils avaient une semaine pour revenir sur leur décision illégale et que dans le cas échéant, nous prendrions une décision». Et d'ajouter :
«Plus tard, Hadrami et Mohamed Lamine Ahmed nous rejoignirent pour des négociations. Nous leur avions dit ce que la légitimité révolutionnaire devait revenir au secrétariat général. C'était chose faite, mais ils reprochaient à Ouali Sayed d'avoir mené la révolution contre eux, considérant que ma démarche était animée par mes liens de famille avec Sayed, ce qui était faux.»
Ainsi s'est faite l'intervention de l'Algérie dans les affaires internes du Polisario, comme le rappelle notre interlocuteur : «On nous envoya dans une région montagneuse déserte. Tous les cadres qui furent évincés ou éloignés du cercle décisionnaire étaient en fait originaires des territoires actuellement disputés. Est-ce un hasard ?»
Purge organisée par Alger
A cette purge qui ne dit pas son nom succède alors l'engagement de nouveaux cadres au sein des instances du Polisario.
«De nouvelles personnes n'ayant rien à voir avec la cause du Sahara furent désignés à des postes-clés, notamment une dizaine d'hommes qui constituèrent le cœur du Bureau du renseignement du Polisario. Ils étaient tous des Algériens sahraouis de Tindouf et ils contrôlaient tout.»
Après quoi, Bachir Dkhil et ses compères ont été emmenés à un fort militaire sur la zone frontalière entre la Mauritanie, l'Algérie et le Mali : «Nous vîmes nos hommes se faires tuer par balle sous nos regards Moulay Ahmed Bougherfaoui, et Ould Ba Ali.»
Pour notre interlocuteur, Ouali est tombé en martyr sur le territoire algérien, ce qui a marqué un nouveau tournant constituant l'achèvement du Polisario par Alger. L'ex-membre-fondateur du Front considère que cet assassinat est dû au «retrait de soutien à Ouali Sayed sur son chemin pour Nouakchott. Celui-ci a été laissé seul, trahi pas des hommes», dont Bachir Dkhil dit connaître tous les noms.
Ainsi, il estime que Ouali Sayed a fait l'objet d'une «exploitation politique algérienne», d'autant plus que sa dépouille n'a pas été réclamée :
«Ceux qui sont en connaissance de cause savent que Ouali n'a pas été tué par les aviateur mauritaniens. Cet assassinat a été organisé pendant que nous autres avons été emprisonnés. Ceux qui ont exigé avec conviction la dignité humaine pour les Sahraouis ont tous été éliminés puis remplacés par une autre classe politique et militaire, servant les intérêts de l'Algérie. Je redis que cette dernière ne veut pas l'indépendance du Sahara. Elle veut juste faire plier le Maroc et sait que si le Sahara obtient une indépendance, des revendications séparatistes naîtront au cœur de régions algériennes riche en ressources, telles que Tindouf et Hassi Bechar.»


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.