Au lendemain de l'explosion qui a visé un centre fermé de migrants dans la banlieue est de Tripoli, le bilan provisoire énumère quelques nationalités des victimes, dont le Maroc. Cependant, le ministère des Affaires étrangères à Rabat maintient ses réserves sur ce bilan, même en affirmant avoir identifié 18 nationaux au sein du centre attaqué. Mercredi en conférence de presse, le porte-parole de la diplomatie libyenne au sein du gouvernement d'union nationale à Tripoli, Mohamed Kablawi, a déclaré qu'il y aurait un Marocain parmi les victimes de l'explosion survenue hier dans la banlieue est de la capitale libyenne. Un Tunisien et un Bengalais figureraient également parmi morts, qui sont au nombre de 56 selon un récent bilan de l'ONU. En revanche, Rabat reste vigilante sur l'affirmation d'un éventuel décès de nationaux lors de cette attaque. Les faits rappellent que les Marocains parmi les migrants bloqués en Libye ne sont pas à l'abri des violences et des instabilités politiques que vit le pays. Cependant, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI) n'affirme pas de décès pour le moment, même s'il fait état de 18 nationaux présents dans le centre au moment du bombardement. «Aucune mort de l'un de ces ressortissants ne peut pour l'instant être confirmée, tandis que le processus d'identification des morts qui n'ont pas encore été tous sortis des décombres se poursuit», soutient un communiqué du MAECI parvenu à Yabiladi. La même source fait état de deux Marocains grièvement blessés et de quatre autres légèrement atteints par la déflagration. Tous ont été admis à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires. Par ailleurs, le MAECI affirme coordonner continuellement avec les autorités libyennes concernées à Tripoli ainsi que les services consulaires marocains à Tunis pour le suivi de la situation des ressortissants reconnus et l'éventuelle identification d'autres nationaux. Il met également deux cellules de crise – l'une à Rabat et l'autre à Tunis – à la disposition de toute personne désireuse de recueillir des informations à ce sujet en contactant notamment le consulat marocain au +216 98 76 58 01. Les Etats-Unis bloquent une déclaration du Conseil de sécurité sur l'attaque Alors que la communauté nationale a été appelée à dénoncer un «crime de guerre» et que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné «cet incident horrible avec la plus grande fermeté», tout en appelant à une enquête indépendante sur les circonstances de cette explosion, des sources diplomatiques citées par France 24 rapportent que Washington a bloqué une condamnation unanime au sein du Conseil de sécurité. Peu de temps avant, Guterres a souligné l'urgence de définir et de traduire en justice les responsables de l'attaque. Alors qu'un rapport humanitaire publié ce jeudi par l'ONU parle ouvertement de crime de guerre, le secrétaire général des Nations unies a réitéré ses appels au respect du droit international humanitaire. Il s'agit d'épargner les attaques aux civils, dont les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés, ainsi qu'aux blessés. C'est sans compter sur le coup de force des Etats-Unis qui bloquent ainsi une condamnation internationale unanime. «Sans accuser une partie ou une autre, le projet de texte britannique reprenait l'ensemble de ces éléments et soulignait aussi la profonde préoccupation du Conseil devant l'aggravation de la situation humanitaire en Libye, tout en réclamant des Etats membres de l'ONU un plein respect de l'embargo sur les armes décrété en 2011», indique pour sa part France 24. Malgré l'embargo, une course à l'armement s'opère entre les milices du maréchal Khalifa Haftar que le GNA tient responsable de cette attaque et les armées affiliées aux autorités de Tripoli. Pour sa part, l'ONU conteste la mise en danger des migrants, dans ce contexte où ils sont continuellement reconduits vers la Libye au cours de leur traversée de la Méditerranée, abstraction faite des dangers que cela représente pour leurs vies.