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Maroc : A quoi sert la Fête de la jeunesse ?
Publié dans Yabiladi le 21 - 08 - 2019

L'annonce de la suppression de la Fête de la jeunesse par le roi Mohammed VI a occasionné un regain d'intérêt pour cet événement. Depuis longtemps, l'opinion publique n'y voit que le clinquant des wissams que le roi agrafe aux poitrines de personnalités marocaines et étrangères, certaines controversées. Dans quelles circonstances historiques la Fête de la jeunesse a-t-elle vu le jour ? Et quelles visées politiques servait-elle lors de son instauration ?
C'est avant tout l'histoire d'une conquête de la «jeunesse». Hier comme aujourd'hui catégorie sociale finalement élastique, appartenant à une tranche d'âge délimitée avec libéralité, «la jeunesse» était l'objet politique chéri du discours décolonial. En fait de «jeunesse», le Maroc a repris à son indépendance des systèmes de représentation en mode chez les pays décolonisés. Homogénéisée et objectivée par le discours politique qui dépeignait ses traits à partir de qualités supposées (vigueur, enthousiasme, motivation, etc.) elle a été instituée cible et cheville ouvrière des projets politiques concurrents des premières années de l'indépendance, à grands renforts d'oraisons incarnant le passage du Maroc vers le développement en la transition entre jeunesse et âge adulte.
A l'évidence convoitée, sa captation a mis en concurrence les deux principaux acteurs politiques du moment: la monarchie et le mouvement national, rapporte l'historien Maâti Monjib. L'accaparement d'une représentation symbolique des jeunes constituait une étape ; le ralliement du plus grand nombre à l'un des deux projets l'objectif concret. Les jeunes ont donc été la cible d'une compétition au coude-à-coude dans lequel la monarchie a constamment fait jouer l'un de ses principaux attributs : la maîtrise des calendriers.
Le roi Hassan II alors qu'enfant / DR
Le monopole du calendrier officiel
Instaurée en 1956 à la suggestion d'Ahmed Bensouda, ministre de la Jeunesse au gouvernement Bekkaï I, la Fête de la jeunesse visait la conquête du «porte-parolat» des jeunes du pays. Le mouvement national mettait volontiers en avant Mehdi Ben Barka. Compagnon de l'indépendance, figure charismatique dont l'aura débordait sur l'Istiqlal auquel il appartenait, sa renommée, ses discours et son attitude politique magnétisaient les jeunes marocains politisés. Dans le camp monarchique, c'est autour de la figure de prince héritier Hassan II, à l'époque âgé de 28 ans, qu'on a souhaité confédérer les jeunes, en instituant une fête nationale le 9 juillet, jour de son anniversaire. Il s'agissait de concentrer en le personnage du prince héritier les traits de la jeunesse marocaine et d'en faire et le représentant et l'emblème. Pressentant la difficulté de s'assujettir les jeunes proches du camp de l'Istiqlal puis plus tard l'Union nationale des forces populaires (UNFP), le Palais a préféré capturer les jeunes non-politisés, et ceux appartenant à des groupes opposés aux orientations des deux partis, rappelle l'historien Maâti Monjib.
La première célébration de la Fête de la jeunesse, dit Monjib qui s'appuie sur le témoignage d'Ahmed Bensouda, s'est tenu à l'hippodrome de Rabat et a vu la participation de près de 2500 jeunes. Le prince héritier Hassan a prononcé un discours de circonstance, et l'enthousiasme qui a accompagné l'événement a motivé sa reconduite.
En parallèle, la monarchie a amorcé son verrouillage du calendrier officiel. La célébration et la commémoration étant deux registres soumis à l'appropriation et à l'affermissement des mobiles politiques de ceux qui réussissent à les inscrire dans le temps, et les premières années de l'indépendance la séquence «où se manufacturent et se négocient les symboles de la conscience historique» comme l'écrit l'historienne Lucette Valensi, il s'est agi de limiter l'accès du mouvement national au calendrier des fêtes nationales. Ce n'est que des années après la décolonisation du pays que le Palais a accepté d'y inscrire le 11 janvier (date de présentation du manifeste de l'indépendance) au calendrier des fêtes comme le réclamait le mouvement national, relève Maâti Monjib.
Hassan II encore prince hériter et le roi Mohammed V / DR
Devenir le maître du temps
Pensée à l'origine comme une fête de prince héritier qui, en raison de son âge et de son statut, pouvait en 1956 représenter la «jeunesse», elle a été maintenue en place à l'accession de Hassan II au trône... et gardée à vie.
En dehors de l'anniversaire privatif où Hassan II mettait en scène le faste et le pouvoir de son règne, il semblerait que le maintien de la Fête de la jeunesse participait aussi d'une volonté de saturer le calendrier avec des célébrations d'ordre monarchique et dynastique. Les célébrations nationales étant «un registre sur lequel se joue la maîtrise du temps», écrit Lucette Valensi, il fallait que la monarchie se l'accapare en monopole. Dès les premières années de sa carrière politique, l'orientation qui s'est dessinée avec Hassan II était celle de l'«occupation du terrain tout entier par le Palais qui s'institue maître des cérémonies», note l'historienne. En recentrant les célébrations autour de la royauté et en n'aménageant que peu de place aux artisans de la libération nationale, tous ramenés à la geste de Mohammed V, Hassan II a réarrangé le calendrier national en le conformant au temps monarchique.
Les rôles assignés par Hassan II à la Fête de la jeunesse semblent assez liquides : aucune frontière entre le privé et le politique. Outre la cérémonie officielle qui fut aussi un moment d'évaluation de son prestige national et international au nombre de vœux reçus, la Fête de la jeunesse était une opportunité dont le défunt roi se saisissait pour des annonces importantes dont, en 1999, celle de la création d'un Conseil national de la jeunesse et de l'avenir, instance ad-hoc chargé de proposer des politiques pour les jeunes.
A l'arrivée de Mohammed VI au pouvoir, la Fête de la jeunesse a été maintenue en les mêmes termes, mais endosse depuis une dimension politique moins marquée. Le hasard du calendrier ayant fait que la Révolution du roi et du peuple (20 août) se situe à un jour d'intervalle de la Fête de la jeunesse (21 août), Mohammed VI réserve les annonces politiques au discours du 20 août, et les activités mondaines au 21 août. Sans fonction politique réelle, cantonnée à un simple usage mondain, critiquée pour les coûts qu'elle génère, sa suppression ne risque pas de laisser un vide : elle n'opère plus.
Article modifié le 2019/08/23 à 20h26


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