Les 24 administrateurs de la Banque mondiale ont décidé de continuer et même d'élargir l'enquête sur les accusations de népotisme visant le président de l'institution, Paul Wolfowitz. Après plusieurs heures de réunion, dans la nuit de jeudi à vendredi, le conseil d'administration de la Banque a indiqué qu'il avait « identifié un certain nombre de problèmes demandant plus ample examen ». Dans un communiqué, le conseil fait état de possibles conflits d'intérêts et violations des règles. Les administrateurs se disent préoccupés et s'engagent à « régler la situation de manière urgente, efficace et ordonnée ». Ils n'abordent pas la question du maintien, ou non, de M. Wolfowitz à son poste. Toutefois, les administrateurs ont décidé d'enquêter sur d'autres contrats octroyés par Paul Wolfowitz. Ils reprochent par exemple au président d'avoir placé certains de ses anciens collaborateurs au Pentagone à des postes-clés à la Banque mondiale. Pourtant, ces personnes n'avaient aucune expérience en matière de développement et de lutte contre la pauvreté. Dans son édition de vendredi, le quotidien britannique The Times affirme que l'administration américaine, qui nomme habituellement le président de la Banque mondiale, avait déjà commencé à chercher un successeur à M. Wolfowitz. L'un des candidats serait l'ancien ministre afghan des Finances, Ashraf Ghani. Wolfowitz inébranlable Dimanche, l'ancien numéro deux du Pentagone a indiqué qu'il avait l'intention de rester en poste à la tête de la Banque mondiale. Questionné au sujet de sa crédibilité, Paul Wolfowitz, qui se présente comme un pourfendeur de la corruption dans les pays pauvres, a refusé de répondre, se contentant de dire qu'il lui restait du travail à faire en tant que président. Il a toutefois reconnu que toute cette histoire était une « affaire sérieuse », mais a indiqué qu'il appartenait au conseil d'administration de la Banque mondiale de mener ses réflexions à leur terme. Les origines du scandale M. Wolfowitz a reconnu, le 12 avril, avoir octroyé des augmentations de salaire à sa compagne et collaboratrice, Shaha Riza, affectée au département d'État américain mais toujours rémunérée par la Banque. Mme Riza aurait reçu, sur l'ordre de Wolfowitz, plus de 60 000 $ d'augmentation de salaire, portant celui-ci à quelque 200 000 $ par année. Mme Riza a été affectée au département d'État en septembre 2005, soit quelques mois après l'arrivée de M. Wolfowitz. Une règle interne de la Banque mondiale interdit à quiconque d'être supervisé par une personne avec laquelle il entretient une relation. Dimanche, la ministre britannique du Développement, Hilary Benn, a déclaré que l'affaire avait nui à la Banque mondiale. Son homologue allemande, Heidemarie Wieczorek-Zeul, a rappelé que M. Wolfowitz luttait justement contre la corruption dans les pays pauvres. « Il doit décider lui-même s'il a toujours la crédibilité pour représenter les positions de la Banque mondiale », a déclaré la ministre allemande. Des pays bénéficiaires de l'aide de la Banque, ou encore cités par M. Wolfowitz dans le cadre de sa lutte contre la corruption, comme le Liberia et l'Île Maurice, lui ont offert leur soutien. « Nous avons été témoins d'une direction visionnaire, de progrès solides, sous la présidence de M. Wolfowitz », a déclaré la ministre des Finances du Liberia, Antoinette Sayeh.