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Les intoxications aiguës chez l'enfant : Modifier le comportement de la population
Publié dans Albayane le 11 - 04 - 2012

Le numéro 12 du premier trimestre 2012 de «Toxicologie Maroc», qui est une publication officielle du centre anti- poison Maroc dépendant du ministère de la santé, traite d'un sujet très important «les intoxications chez l'enfant» mais aussi des aspects épidémiologiques des intoxications aigues chez l'enfant , une étude rétrospective descriptive menée sur une période de prés de 30 ans , de 1980 à 2009.
Ce travail qui est une référence en la matière, est le fruit d'une équipe aguerrie, maitrisant parfaitement la question, une équipe expérimentée composée d'imminentes personnalités du monde de la médecine et des chercheurs connus et reconnus par leurs pairs.L'intoxication aiguë se définit comme l'ensemble des manifestations pathologiques consécutives à une ingestion d'aliments ou à l'administration de produits ou de médicaments se comportant comme un poison dans l'organisme. Il s'agit d'un problème cosmopolite dont la gravité est liée au délai et à la qualité de la prise en charge. L'évolution peut être sévère, voire mortelle en l'absence de prise en charge appropriée. L'incident est un événement indépendant de la volonté humaine provoqué par une force extérieure agissant rapidement et qui se manifeste par un dommage corporel ou mental.
Les enfants : premières victimes
Au Maroc, les intoxications de l'enfant gagnent en une ampleur considérable, plus de 1/3 des intoxiqués étant âgés de moins de 15 ans. Dans notre pays, plusieurs facteurs expliquent la fréquence et la diversité des intoxications dont peuvent être victimes enfants et adolescents. Le biotope est riche en plantes dont nombreuses sont connues et exploitées traditionnellement pour leurs vertus médicinales ou cosmétiques. Leurs extraits, parfois traités chimiquement, sont mis en vente dans les commerces et ciblent aussi bien la population citadine que rurale. Le secteur agricole demeure un pilier de l'économie nationale et les agriculteurs tendent à améliorer le rendement des terres en recourant aux pesticides et autres produits chimiques. A l'image d'autres pays émergents, notre pays a assisté à une industrialisation qui a été plus rapide et plus soutenue que les progrès réalisés en matière de réglementation et d'éducation. Des centaines de produits chimiques destinés à un usage professionnel sont entreposés dans les maisons ou détournés pour un usage domestique. D'autre part, L'accès aux médicaments est relativement aisé et leur usage en dehors de tout cadre de prescription est courant et banalisé. Ainsi, dans la vie courante, le risque d'exposition à des substances dont le danger est insoupçonné est devenu majeur, chose particulièrement vraie pour les enfants en bas âge dépourvus de capacités de discernement. Ils sont d'ailleurs les premières victimes des intoxications aiguës accidentelles et sans doute les plus vulnérables d'entre elles
Négligence et pratiques traditionnelles
Les intoxications chez l'enfant sont très mal évaluées comme en témoignent le peu de publications dans ce domaine. Les données du CAPM que nous présentons dans ce numéro sont loin d'être représentatives de l'ampleur du problème, mais indiquent clairement les causes et les conséquences. Plus de 30% des sujets intoxiqués au Maroc sont des enfants. Plus de 1000 décès ont été enregistrés durant les trente années de l'étude, les envenimations scorpioniques, les ingestions de plantes toxiques et les erreurs thérapeutiques étant les plus pourvoyeuses de décès toxiques. Les intoxications de l'enfant sont certes souvent accidentelles, mais ces accidents sont liés à des spécificités sociologiques et économiques, c'est le cas du défaut de rangement des produits, notamment les médicaments, comportements maladroits, représentés essentiellement par le transvasement du produit toxique dans des récipients ou des bouteilles à usage alimentaire (eau de javel, débouchant). En plus de l'accident classique, les parents peuvent intoxiquer leur enfant en commettant des erreurs médicamenteuses ou en leur infligeant des thérapeutiques traditionnelles dangereuses.
L'adoption de pratiques traditionnelles par certains parents pour le traitement ou la prévention de certaines maladies est un autre aspect des réalités marocaines qui s'avèrent hélas ! bien souvent dangereuses. Certes la médecine traditionnelle est encouragée par l'OMS dans différentes cultures et régions mais cette organisation insiste sur la nécessité de faire progresser les normes et méthodes d'évaluation internationales en parallèle avec cette médecine. Ainsi, information, formation et régulation voir réglementation des produits et des pratiques s'avèrent vitaux pour la préservation de la vie des enfants marocains
Les aspects épidémiologiques des intoxications aigues chez l'enfant au Maroc (1980-2009)
Les régions les plus concernées
Il s'agit d'une étude rétrospective, portant sur tous les cas d'intoxications survenus chez l'enfant de moins de 15 ans et déclarés au Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM) par courrier ou par téléphone. La durée de notre étude était de trente ans, allant de janvier 1980 à décembre 2009. Nous avons retenu tous les cas d'intoxications de l'enfant, que celles-ci soient certaines ou suspectées, à un produit connu ou non, en dehors des piqûres et des envenimations scorpioniques (PES) qui bénéficient d'un système spécifique de collecte et d'analyse. Les cas ont été déclarés de différentes régions du Maroc avec des pourcentages variables selon les régions: Grand Casablanca (20,3%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (15%), Marrakech Tensift-Al Haouz (9,5%), Fès-Boulemane (3,4%)
Intoxications accidentelles…
L'intoxication accidentelle est la plus fréquente, les produits incriminés sont multiples et variés, la liste des produits responsables de l'intoxication aigue de l'enfant s'allonge sans cesse. Il peut s'agir de produits ménagers caustiques, de produits à usage domestique, de produits phytosanitaires. Les enfants de 1 à 5 ans sont les plus à risque ; ils ingèrent des produits qui ont été indûment déconditionnés ou transvasés dans des récipients à usage courant. Ils ingèrent également des médicaments destinés aux adultes et donc de posologie élevée : ces médicaments sont trop facilement laissés à portée de ces jeunes enfants dont on ne soupçonne pas les facultés à repérer, saisir et avaler ce qu'ils prennent pour une friandise.
…et intoxications suicidaires
Les jeunes de plus de 12 ans ingèrent plus facilement des médicaments dans un but de suicide. Deux circonstances se présentent :
- L'ingestion survient en présence d'un adulte. Le produit toxique est connu. Le plus urgent est d'appeler le Centre antipoisons pour obtenir les premières consignes.
Il faut immédiatement emmener l'enfant vers l'hôpital le plus proche de votre domicile, en même temps rechercher des médicaments ou des toxiques dans l'entourage de l'enfant pour les montrer au médecin afin qu'il puisse adapter le traitement (antidote) en fonction du produit ingéré par l'enfant.
Dans 84,2% des cas, les intoxications ont été déclarées à partir d'une structure sanitaire.
L'âge moyen des enfants était de 5,94 ± 3,82 ans avec des extrêmes allant de 1 jour à 14 ans et 9 mois, le sexe ratio (M/F) était de 1,19. Dans 14 281 cas (49%) l'intoxication a concerné le bébé marcheur suivi de près de la tranche d'âge de 5 à 14 ans (48,2%). L'enfant de moins de 1 an était touché seulement dans 1,8% des cas.
La distribution des intoxications dans le nycthémère a fait apparaître deux pics: entre 7 et 11 heures et entre 23 et 7 heures (respectivement 39,8% et 42,4%).
Les intoxications sont survenues à domicile dans 22 331 cas soit 76,6%, en milieu public dans 1 858 cas soit 6,4% et au sein des écoles dans 120 cas soit 0,4%.
La circonstance accidentelle était majoritaire (95,1%), cependant, l'intoxication volontaire a été notée dans 4,9% et concernait essentiellement l'enfant entre 10 à 14 ans.
L'analyse des circonstances en fonction de l'âge nous a permis de conclure que l'accident classique a été particulièrement fréquent chez l'enfant de 1 à 4 ans (p 0,001). La circonstance suicidaire était l'apanage de l'enfant de 10 à 14 ans (90,4%).
L'analyse des circonstances en fonction du sexe nous a permis de déduire que le sexe masculin est plus exposé aux intoxications accidentelles (54,5%) et que l'acte suicidaire est l'apanage du sexe féminin avec un sexe ratio (M/F) égale à 0,39.
Diversité des toxiques en cause
Dans notre étude, 29 134 cas d'intoxications ont été inclus dont 36,7% (10 701) étaient déclarés par téléphone et 63,3% (18 433) par courrier, ce qui représente 44,6% de l'ensemble des intoxications déclarées durant la même période en dehors des piqûres et des envenimations scorpioniques (PES). Les caractéristiques démographiques et évolutives des PES chez l'enfant entre 1999 et 2008 ont été spécifiées à travers le registre du scorpion.
Les déclarations des intoxications infantiles étaient généralement progressives et évolutives dans le temps avec une nette augmentation à partir de l'année 1999 Le taux d'incidence national en 2009 était de l'ordre de 24 pour 100 000 habitants
La voie de prise de toxique la plus retrouvée était la voie orale avec 79,2% de l'ensemble des intoxications suivie de la voie inhalée dans 13,0% des cas et la voie cutanée dans 4,7% des cas.
Parmi les toxiques en cause, les aliments occupaient la première place (24,3%), suivis de par les médicaments (23,7%), les produits gazeux (11,7%), les produits d'entretien ménagers (10,4%) et les pesticides (9,9%)
Les médicaments étaient dominés par ceux du système nerveux (particulièrement les benzodiazépines), les produits gazeux par le monoxyde de carbone, les produits ménagers par l'eau de javel, les pesticides par les organophosphorés comme insecticide et l'alphachloralose comme rodonticide et les plantes par l'Atractylis gummifera L.
Pour une meilleure prise en charge des intoxications
Au terme de notre étude, il s'avère que l'intoxication aigue chez l'enfant est un événement très fréquent. Cependant, l'évolution reste favorable dans la majorité des cas. Ceci ne doit pas masquer la gravité potentielle ni faire perdre de vue les mesures prophylactiques indispensables.
Le coût d'une prévention adéquate est très largement compensé par la sauvegarde de vies humaines et l'économie d'hospitalisation plus au moins longue des intoxiqués, ainsi que l'éviction des séquelles parfois très graves qui peuvent s'observer malgré la meilleure des prises en charge.
L'amélioration des conditions d'accueil et de prise en charge des intoxiqués est un acte primordial nécessitant :
- l'équipement de l'infrastructure d'accueil
- la formation du personnel médical et para-médical
- la création des laboratoires régionaux d'analyse toxicologique
- l'appel systématique au CAPM en cas de doute sur la nature du toxique, sa composition, sa toxicité et ses traitements spécifiques.
L'éducation : un élément déterminant de la prévention
Les intoxications aiguës de l'enfant sont un risque quotidien. Or la plupart de ces intoxications sont évitables. Il est ainsi important de protéger les enfants car ils ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. Une attitude réfléchie, un peu d'ordre et de méthode, une meilleure information des parents et quelques conseils simples contribueraient certainement à faire baisser les risques d'intoxication de l'enfant. Le personnel médical et paramédical, les éducateurs, les industriels et les organismes sociaux doivent être à l'avant-garde, diffusant par les moyens les plus divers l'information utile et capable de modifier le comportement de la population afin de diminuer les intoxications de l'enfant. L'éducation constitue l'élément déterminant et le plus accessible de cette prévention : au cours des consultations médicales, à l'école, dans les lieux publics, à travers la presse écrite, les spots radio-télévisés. Elle doit intéresser non seulement l'enfant mais aussi les parents, les éducateurs et la population générale. C'est une tâche qui nécessite beaucoup de patience et de courage, surtout au niveau d'une société telle que la nôtre, caractérisée par un taux élevé de citoyens analphabètes et mal informés.
Missions du CAPM en matière d'Information Toxicologique
Le CAP est chargé de répondre, notamment en cas d'urgence, à toute demande d'évaluation des risques et à toute demande d'avis ou de conseil concernant le diagnostic, le pronostic et le traitement des intoxications humaines, accidentelles ou volontaires individuelles ou collectives, aiguës ou non, provoquées par tout produit ou substance naturelle ou de synthèse, disponible sur le marché ou présent dans l'environnement ».Dans le cas d'effets indésirables en relation avec un médicament ou un produit de santé à usage humain, le centre Anti Poison travaille en synergie avec le centre de pharmacovigilance.
Par ailleurs, le CAPM participe au dispositif d'aide médicale urgente et peut être sollicité par les autorités compétentes pour apporter son expertise. lors de situations d'urgence présentant un danger pour la santé publique.
L'objectif de l'Information Toxicologique est d'assurer le décongestionnement des services d'urgence, la diminution des frais de déplacements inutiles, l'éducation de la population, la prévention de certains drames liés à des produits toxiques ou à des comportements aberrants, et ldéclenchement des alertes afin de réduire la morbidité et la mortalité liées aux intoxications.
Ce service est destiné au public, aux professionnels de santé et aux autorités, de façon continue 24h/24h et 7j/7 aux numéros économique : 0801 000 180
Cette étude a pu être réalisée grâce aux personnes dont les noms suivent :
Achour Sanae 1,2, Ben Said Amal 3, Abourazzak Sana 4, Rhalem Naima 2,5, Soulaymani Abdelmjid 2, OuammiLahcen5, Semlali Ilham5, Soulaymani Bencheikh Rachida5, 6
1-Laboratoire de Toxicologie, CHU Hassan II de Fès 2- Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kenitra 3- Faculté des Sciences Dhar El Mehraz, Fès , 4- Service de Pédiatrie, CHU Hassan II, Fès 5- Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc 6- Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat
En cas d'intoxication :
Appelez
N° éco : 0801 000 180
Tel d'urgence : 05 37 68 64 64
Rue Lamfedel Cherkaoui , madinate al Irfane, BP: 6671, Rabat 10100, Maroc.
Standard : 05 37 77 71 69/ 05 37 77 71 67 - Fax : 05 37 77 71 79 - www.capm.ma.


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