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Livre/Essai «Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées» (Partie 9)
Publié dans Albayane le 06 - 08 - 2012

«España - Marruecos : Heridas sin cicatrizar» (Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées) est le titre d'un essai sociologique qui vient de paraître en espagnol à Madrid. Ecrit par le journaliste-sociologue marocain, Mohamed Boundi, l'ouvrage décortique le discours des médias espagnols sur le traitement de la question marocaine et explique les causes qui motivent la persistance
dans le temps et dans l'imaginaire collectif espagnol d'un ensemble de préjugées, stéréotypes et images déformées de la société marocaine.
(Suite p. 92-97)
2.2.1.- Parodie d'empire dans le Détroit de Gibraltar
En vertu du Traité du Protectorat, l'Espagne s'est installée dans la zone Nord alors que la France a eu les mains libres dans la zone sud du royaume occupé. La ligne de séparation des deux protectorats s'est fixée à l'Oued Uarga. Faute de fiables études géomorphologiques, la puissance espagnole ne disposait pas à la conclusion dudit Traité de données exactes ni sur la superficie du territoire qu'elle devra administrer ni sur ses réelles et potentielles ressources.
Le Traité du Protectorat accorde un territoire de 20.948 km2 qui abritait une population de près de 700.000 habitants. La zone, une extension de montagnes avec peu de terres arables (entre 10 et 25% selon les régions et 50% dans le meilleur des cas), est à cheval sur l'Atlantique et la Méditerranée. C'est une région aride, pauvre et accidentée dans sa quasi-totalité.
A l'arrivée des espagnols, dominaient dans la région les rapports inter claniques, l'autorité du patriarche et la segmentation tribale. L'esprit de solidarité est très marqué et s'affirme surtout à travers le travail collectif de la terre (touiza), l'irrigation des champs par l'utilisation de canalisations communautaires, et, l'élection d'un leader pour arbitrer et résoudre les contentieux tribaux et interfamiliaux.
A la différence de l'Espagne au début du XXe siècle, le Rif avait l'image d'une zone déshéritée : il manquait d'une organisation administrative structurée, d'agglomérations urbaines, d'institutions politiques et culturelles, de réseaux sociaux, de routes et d'un tissu industriel.
La région ne disposait pas non plus de registre de l'état civil pour le recensement de la population. La communauté rifaine se considérait cependant suffisamment soudée grâce à la langue et les traditions ancestrales, deux éléments qui préservaient les liens sociaux dans le cadre de la tribu ou de la Kabila.
C'est dans ces conditions que les premières troupes espagnoles ont débarqué, en vertu du Traité du Protectorat, sur le territoire qui est situé dans la ligne du 35 ème parallèle. Le Sultan a conservé son statut de haute autorité civile et religieuse sur la population autochtone de la zone mais l'administration locale sera à la charge de son substitut, le Khalifa, qui s'est installé à Tétouan, capitale du protectorat. Toutefois, le Haut Commissaire, qui représentait l'Espagne, était le véritable dépositaire du pouvoir dans la zone.
Les cosignataires du Traité du Protectorat, se sont engagés à instaurer un nouveau arsenal juridico-administratif prévoyant des réformes judiciaires, éducatives, économiques, fiscales et militaires que « le gouvernement français jugera utiles » (Article Premier du Traité). L'occupation et la pacification totale du territoire nécessiteront finalement plus de deux décennies. Durant la période allant de 1912 à 1934, les forces espagnoles et françaises devaient faire face à de dures oppositions de la part des tribus des zones rurales et montagneuses. Au départ, les armées française et espagnole n'ont nullement eu la tâche facile puisqu'elles ont essuyé de nombreuses pertes humaines à cause des embuscades et devaient parcourir de longues distances loin de leurs casernes pour défendre les positions occupées ou assiégées par les combattants marocains. Dans le Rif, le haut Commandement espagnol se trouvait dans une situation extrêmement délicate à cause de l'insubordination de la population.
2.2.2.- Le désastre d'Anoual et l'honneur des humbles.
L'Espagne a essuyé dans son protectorat son plus grand échec militaire du XXe siècle qui restera à jamais gravé sur la mémoire collective. Ce conflit a eu sa face la plus cruelle à partir de 1919 à la suite de la perte par l'armée espagnole de l'initiative sur le champ de bataille. Dans les livres d'histoire et chroniques journalistiques, ce conflit, dénommé communément Guerre du Rif, est considéré comme l'épreuve la plus douloureuse et la plus meurtrière que les espagnols eurent vécue depuis la perte de Cuba, leur ultime possession coloniale en Amérique Latine.
Dans ce contexte, survient le Désastre d'Anoual. Il est l'épilogue d'un duel entre une puissance militaire moderne et une guérilla formée de combattants mal équipés, besogneux mais intrépides. C'était aussi le duel personnel entre le Commandant de Melilla, le général Fernandez Sylvestre ( ? - 1921), et un ex-fonctionnaire de l'administration espagnole, Mohamed Abdelkrim El Khattabi (1882-1963). Les deux hommes ont croisé le fer dans un lieu dénommé Anoual. Cet événement va revêtir une signification exceptionnelle pour les énormes pertes du côté espagnol. Il est utile de citer un chercheur espagnol, Juan Pando, qui écrit dans son essai (trad.) « Histoire secrète d'Anoual » (Temas de Hoy, 199): « La mort de Sylvestre à Anoual fait partie de l'épique espagnole et aussi de l'épopée militaire. Il est un classique. C'est la fin d‘un homme désespéré et désormais tranquille ; du général perturbé ; du militaire qui sauvait l'honneur de l'armée lorsque d'autres cherchaient à se sauver».
Les pertes de l'armée espagnole dans cette bataille demeurent encore une inconnue. Dans la mythologie marocaine, plus de 60.000 soldats seraient morts alors que le chercheur A. El Gharbaoui soutient dans son ouvrage « Enseignements de la guerre populaire anticoloniale du Rif » (Editions Al Bayane, 1975) que seuls 20.000 espagnols avaient péri dans cette bataille. Néanmoins, le député socialiste Indalecio Prieto prétendait qu'il détenait le chiffre le plus proche de la réalité du bilan. Intervenant lors de la séance parlementaire du 27 octobre 1921, il avait fait état de moins de 9.000 morts dans les rangs espagnols en déclarant devant le Congrès des Députés dans un ton convaincant : «J'éprouve de la douleur au lieu du désir, en entrant dans l'examen de ce processus de décomposition de cette page de décadence qui a eu lieu dans ses paragraphes les plus visibles du désastre d'Anoual (...) et des morts bien entendu : 13.192. Si nous déduisons de ce chiffre les 4.524 indigènes (combattant aux côtés des espagnols) que nous avons considérés comme déserteurs, il reste seulement 8.660 morts européens».
A suivre ...


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