Faire face aux priorités La santé des citoyens marocains est-elle une priorité de notre gouvernement ? A l'évidence une telle question ne devrait pas être posée, tant il est vrai que la santé de chaque individu est considérée comme priorité des priorités par tous les gouvernements qui ont à cœur la santé de leurs concitoyens. Qu'en est- il aujourd'hui au Maroc ? C'est une question qui demande une réponse claire. Il est vrai que de très grands efforts ont été consentis par le ministère de la Santé pour relever le niveau sanitaire de notre pays. Cele personne ne peut le contester. De grandes réalisations ont vu le jour, de nouvelles structures mieux adaptées à une médecine moderne et dotées d'une technologie de pointe font certes plaisir à voir. En outre la sollicitude Royale constante à l'adresse du secteur de la santé, permet de remédier ici et là à de nombreuses disparités entre régions. Des disparités choquantes et pénalisantes, surtout pour les populations les plus défavorisées, pour ceux qui sont démunis, qui habitent les zones enclavées, difficiles d'accès, où il n'y a ni hôpitaux, ni dispensaires, ni pharmacie, et encore moins de médecins ou d'infirmiers. En un mot, là où existe un réel désert médical. Il est vrai que cette tâche n'est pas de tout repos, que de nombreux obstacles se dressent devant les responsables du secteur de la santé chaque fois qu'ils veulent inverser la tendance. Il ne s'agit pas de bruler les étapes, de remédier d'un seul coup aux multiples et innombrables anomalies et erreurs héritées des anciennes équipes. C'est pourquoi, il ne s'agit pas de tout faire en même temps, d'entreprendre des actions dans la précipitation. Cette approche qui consiste à aller très vite en besogne n'apportera rien de bon, tout au plus elle ne servira qu'à replâtrer des erreurs. Relever les défis Mais d'ores et déjà nous pouvons dire que nous avons, dès à présent et pour les cinq années qui viennent, cinq défis majeurs en matière de santé à surmonter. Premièrement, le vieillissement de la population qui se fait sentir et qui demandera des besoins nouveaux en matière de prise en charge des personnes âgées, nos hôpitaux doivent se préparer pour assurer ces prises en charges lourdes, longues qui demanderont des moyens humains qui font aujourd'hui défaut, chose que le ministre de la Santé, le professeur El Houcine Louardi prend très au sérieux. Deuxièmement, il y a les maladies chroniques, les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'insuffisance rénale, la pollution, le stress, auxquelles nous sommes et seront de plus en plus confrontés. Toutes ces maladies demanderont des moyens financiers, une organisation adaptée, des équipements nouveaux, des médicaments, une technologie sans cesse renouvelée, une meilleure répartition des potentialités existantes. Il s'agit d'ores et déjà de réfléchir aux meilleurs moyens à mettre en place pour combattre la persistance et l'aggravation des inégalités entre régions en ce qui concerne l'affectation harmonieuse et équitable des ressources humaines et matériels. Le ministère de la Santé s'attelle à la tache et oriente ses actions dans ce sens De même, nous manquons de personnel médical (7.000 médecins), le peu qui existe est très mal réparti, nous manquons terriblement de personnel infirmier (9.000) et à partir de 2013, il va y avoir un autre départ, énorme celui-ci, d'infirmiers et infirmières à la retraite. Les conséquences de ces départs, nous les connaissons, nous les appréhendons : nos hôpitaux, nos dispensaires et nos centres de santé se videront de compétences avérées en soins infirmier. Qu'avons- nous prévu ? Que comptons-nous entreprendre pour parer au plus pressé ? Il serait lourd de conséquences de vouloir prétendre aujourd'hui que le problème sera réglé grâce au recrutement de quelques centaines d'infirmiers inexpérimentés car débutants. Nous savons tous que les CHU manquent terriblement d'infirmiers, qu'en sera-t-il des autres qui ne sont pas encore opérationnels ? La situation est sérieuse. Il serait temps d'analyser chaque problème posé et d'entrevoir les nouveaux défis auxquels notre système de santé sera confronté au cours des années à venir. Il est temps que ceux qui manipulent à droite et à gauche et qui avancent des arguments totalement erronés cessent leur vil et éhonté scenario qui consiste à faire croire des mensonges fabriqués de toute pièce aux professionnels et futurs infirmiers, car il y a de la place pour tout le monde. Enfin, la fragilisation des finances de la santé est le problème dans le problème. Nul doute que notre santé souffre d'un obstacle financier, car le budget alloué à la santé est dérisoire, insignifiant. C'est le budget du sous-développement sanitaire. Et ce ne sont pas ces 11 ou 12 milliards de DH annuels qui pourront faire face aux besoins de santé de plus de 35 millions d'habitants, car il ne faut pas oublier qu'à lui seul le budget de fonctionnement représente 80% de ce budget, au moment où les coûts de production des soins ne cessent de croître. Par ailleurs, l'AMO ne rapporte pas grand-chose aux hôpitaux, du moins pour le moment. Ces défis ne pourront être abordés et surmontés que si nous proposons la mise en œuvre d'une politique de Santé durable, d'un programme national de santé qui puisse proposer une mutation au long cours. Dans les dix années à venir, notre système de soins devra connaître une profonde mutation. Faire face à l'émergence de nouveaux risques sanitaires (épidémie, chronicité des maladies, problèmes de santé publique etc.), bénéficier pleinement des progrès scientifiques et techniques de l'exercice médical impliquent une nouvelle organisation des soins en profondeur si l'on veut garantir les principes de qualité et d'égalité d'accès pour tous aux soins.