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Les mamours des vers
Publié dans Albayane le 30 - 04 - 2013

Le dramaturge et poète Mohamed Ouagrar sait tenir les rênes de l'avalanche théâtrale. Pour lui, le théâtre est un passage primordial pour les artistes en général, et il n'a pas choisi le chemin le plus court, il a préféré : «Waiting for Godot (En attendant Godot)» de Samuel Beckett avec une représentation et adaptation bien réussies.
Certes, la traduction est une aventure, néanmoins, M. Ouagrar a réalisé une ouverture sur l'autre en langue amazighe. Ainsi l'absurde en amazigh a accouché d'un autre Godot. Mohamed Ouagrar est toujours dans la création et la nouveauté.
Mohamed Ouagrar est célèbre pour son approche moderne de la poésie. Il a privilégié l'expressivité de la forme et a choisi un genre littéraire très ancien qui a éclaboussé presque toutes les époques, c'est la création en vers. Quant à sa définition, la poésie demeure très difficile et varie d'une époque à l'autre selon le soubassement et la perception littéraire des poètes. Au début de 1879, elle s'écrivait encore avec un tréma : poésie. Néanmoins, Ouagrar, dans son recueil, tisse une image mouvante étalant l'ombre changeante. C'est la nouvelle création. Il donne un nouveau souffle à la poésie amazighe et se penche sur d'autres horizons peu visités.
Son recueil intitulé Tinitin (édition 2004 - IRCAM, préfacé par M. Azaikou), suscite moult réflexions. Tinitin en langue amazighe veut dire «les envies de la femme enceinte». Le titre en tant que tel aurait donc une fonction métaphorique puisqu'il assaisonne le recueil et donne l'envie d'être lu.
Il semble que les envies de la femme enceinte est un prétexte que le poète a utilisé pour étaler sa propre quête, une quête d'une nouvelle écriture. Comme la femme enceinte en a assez des envies, le poète en a assez de l'ancienne écriture poétique et tente de peindre ses vers avec des substantifs qui détachent parfois le signifiant de son signifié afin de rassembler les lieux et les temps. Il tente de rapprocher les lecteurs d'une aire poétique et emblématique. La libération.
En fait, les thèmes qui turlupinent le poète sont très nombreux et s'étalent sur le plaisir ou le repli sociétal, sur le pluralisme politique, et à travers le texte se dégagent d'autres thèmes philosophiques et esthétiques ; qu'est-ce que le beau ? Pourquoi est-ce qu'on vit ? L'effet de miroir, etc. Ses thèmes valent la peine d'être bien étudiés.
Au fond de sa poésie, nous assistons à une véritable raison qui réside dans le fait que l'envie de la femme enceinte doit se réaliser illico presto tel le besoin du poète Mohamed Ouagrar dans la création de son recueil Tinitin. «La poésie est l'ambition d'un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n'en porte et n'en peut porter.» Paul Valéry.
Par ailleurs, le premier souhait du poète est de sauvegarder la langue et les expressions amazighes. Il pense que le patrimoine intangible est un trésor qu'il faut maintenir et entretenir. Chemin faisant dans ses vers, il essaie de suivre le fil conducteur des adstrats linguistiques amazighs et se demande où le bât monte quant aux échanges d'influences.
Sa quête n'a pas de limites, une recherche profonde. Ouagrar cherche à modifier la poésie, dès les premiers vers, l'âme de l'image s'installe avec une vocation de reliefs exceptionnels, il casse les règles traditionnelles de la poésie. Il sculpte l'aura de sa poésie et lui fait acquérir une nouvelle création, une nouvelle vision. Une sorte de recherche d'une vie meilleure, le rêve, le souhait, l'amour...Une perception éloignée et un soubassement pour le nouveau-né.
Quant à la poésie orale amazighe, les poètes utilisent des instruments musicaux. Et pour le Menhir de Tinitin, l'agrégat des vers et leur ponctuation assurent un rythme harmonieux et une technique bien mesurée «Ur dari, ur gigh» (P.10), je n'ai rien, je ne suis point «Rad iligh» je serai. D'ores et déjà, nous sentons l'espoir dans la sonorité. Serait-ce le fil rouge de la poésie ouagrarienne qui lève l'ancre et guide la voix vers la vie ?
Ur dari, ur gigh
Ur akk imil
Rad iligh
Is ka tenna
Tudert i tagat
Ham a ma
Tigemmi nem
Ssiligh awelk
Da d ufigh
Son écriture trouve un certain refuge dans le recueil, une sorte d'optimisme tel le bébé dans les mains de sa mère. Une visite de l'histoire à travers le passé le présent et l'avenir.
Toutefois il y a des odeurs, des références stables, des tentatives d'identification à travers l'évocation de ‘‘Tigemmi, (la maison)'' de ‘‘Tudert, (la vie)'' P.11 et de ‘‘Nk diss, (moi et lui /elle)''ou encore ‘‘Aseddi (le nid)'' P.17
Dans son recueil, nous sentons une évolution de la poésie au niveau de la forme moyennant une harmonisation jouxtant le fond. Amazigh (l'homme libre) est le titre d'un poème du recueil Tinitin, il nous semble que le poète cherche à libérer et purifier l'ornière ‘asaru' (P.7).
Ouagrar est «plongé, comme tout homme, dans l'obscurité d'un monde insaisissable, entrevoit un peu mieux sa raison, perçoit les premières lueurs du jour.» J. César. Il saisit l'occasion et avance son pion de deux pas dans un univers qui, par sa perception de poète, lui est personnel. De fait, devant ‘‘Tisit, (le miroir)'' (P.8), il pose, il compose et s'il ne connait pas le chemin, le poète possède toujours les repaires ‘‘Tansa'' et le sourire ‘‘Tâdsa'' vers le miroir de l'âme vers son tréfonds. On ne pourra pas ne pas évoquer que Mohamed Ouagrar est fasciné par le «Fracas» complexe et quotidien de la vie humaine, ‘‘Asennan (l'épine)'' P.37 - ‘‘Tasawent (la pente)'' P.35 - ‘‘Anelli (la raison)'' P.26.
In fine, l'interrogation qui nous semble digne d'être instruite est celle de cette laborieuse problématique d'envie. Mohamed Ouagrar, grâce à ce recueil, s'inscrit dans le mouvement des poètes soucieux d'inventer une nouvelle poésie qui rime avec la nouvelle génération, avec un filtre poétique sous les yeux afin de voir le monde autrement qu'il n'apparait. « Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir. » René Char
En somme, des mots qui rayonnent de vie et de questionnements : la marche et la démarche, l'envie et l'espoir, la vie et la mort : c'est le labyrinthe du charme et du changement, c'est l'accouchement de Tinitin, l'amour et les mamours des vers par la persévérance. Tinitin est l'itinéraire d'une vie.


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