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«Quand Casablanca abritait la plus grande salle de cinéma en Afrique»
Publié dans Albayane le 17 - 07 - 2013

Dans cette série d'entretiens, l'architecte de renommée internationale Rachid Andaloussi raconte l'histoire de Casablanca à sa manière. Avec son regard perspicace, sa vision des choses exceptionnelle, l'enfant de la métropole nous fait découvrir cette ville mouvementée qui brille par la richesse de son patrimoine architectural et ses édifices hors pair. Et ce n'est pas tout. Ce militant, défenseur acharné de la modernité, nous raconte son combat intense, mené depuis des années, afin de concilier la capitale économique avec son passé glorieux et la remettre sur le bon chemin à l'instar des plus belles cités mondiales. Bourré d'espoir et d'un optimisme inégalé, Andaloussi place haut la barre, espérant qu'un jour Casablanca organise les jeux olympiques. Un rêve tout à fait légitime, martèle-t-il, soulignant dans ce sens la nécessaire implication de toutes les bonnes volontés.
Al Bayane : Revenons à notre sujet concernant les bidonvilles. Est-ce que les autorités du protectorat ont encouragé ce genre d'habitation ?
Rachid Andaloussi : Loin s'en faut. J'ai dit simplement que les bidonvilles étaient un système organisé. Cependant, il faut que les Casablancais sachent que ce genre d'habitation a été interdit par le dahir du 8 juillet 1938. Malgré la publication d'un tel document juridique, l'afflux massif des ruraux vers une ville en proie à l'industrialisation et les effets de la guerre mondiale ont mis les autorités du protectorat devant le fait accompli. Pour autant, ce qui nous éblouit en lisant les documents et archives de l'ère coloniale, c'est que les gens habitant ces bidonvilles étaient satisfaits de leurs conditions de vie. Pour plusieurs femmes, cet espace est synonyme de liberté. Sociologiquement parlant, les femmes du bidonville étaient plus émancipées que leurs homologues de la médina, en particuliers celles issues de ce que l'on appelle la classe bourgeoise. En bidonville, le poids des traditions et contraintes était de plus en plus affaibli et la notion de contrôle social n'avait pas de place.
Y a-t-il une explication à ce phénomène ?
Les sociologues de la ville, notamment Georges Simmel, font la distinction entre deux groupes : élémentaire et secondaire. Dans une étude intitulée «Métropoles et mentalités», Simmel nous fait savoir que le groupe élémentaire est caractérisé par des relations fermées, l'ampleur du poids du voisinage et le rôle important rempli par l'institution familiale. Il s'agit, en effet, des groupes fermés, recroquevillés sur eux-mêmes. Par ailleurs, la ville ou la cité est toujours caractérisée, selon lui, par des relations secondaires de plus en plus distendues. L'espace de la cité est le lieu par excellence de la division du travail. En deuxième lieu, les liens sont de plus en plus marchands. La ville est le lieu de la mobilité des biens, des idées et des personnes. A mon humble avis, le bidonville a constitué pour ces gens une première étape ou un prélude vers la citadinité.
Ne s'agit-il pas là d'une analyse un peu forcée ?
Pour bien vous expliquer, le bidonville était considéré comme un site de recrutement pour les femmes européennes faisant appel aux services des femmes marocaines d'origine rurale. C'était, pour ces dernières, le premier contact avec l'univers et le mode de vie occidental. Ce point n'était qu'un aspect parmi d'autres. Cette découverte de la modernité a été faite aussi via le cinéma. Si ma mémoire ne me trompe pas, Casablanca a vu la construction de la première salle de cinéma au Maroc et la plus grande salle de cinéma en Afrique qui est le cinéma Vox, conçu par l'architecte Marius Boyer. Elle était d'une capacité de 2000 places. Malheureusement, on l'a détruit en 1970. Casablanca est également l'expression du maître- mot du siècle dernier qui est la vitesse. Casablanca a été un réceptacle de la modernité. C'était une ville qui est née avec plusieurs paramètres. Elle est née avec la voiture, c'est la raison pour laquelle cette ville dispose de boulevards plus ou moins larges. Si vous empruntez le Boulevard de Paris, vous trouverez presque tous les concessionnaires de voitures : Citroën, Volvo, Peugeot... Mieux, la métropole a vu le jour avec l'aviation. Ainsi, on a mis sur pied l'aéroport d'Anfa et celui de Nouaceur... Casablanca est née enfin avec la science des villes, qui est l ́urbanisme. Cette science n'a fait son émergence qu'en 1910. Permettez-moi de vous lire un passage du livre Casablanca, écrit par Michel Ecochard. Un passage que je trouve fabuleux, en raison de la rectitude de sa description de la place de France, en 1946.
Dans quel endroit se situe aujourd'hui cette place ?
La place de France, c'est l'actuel place Mohammed V. Moi, ce que j'ai aimé dans ce passage, c'est qu'il confirme ma thèse, selon laquelle Casablanca a vu le jour dans l'enceinte de la modernité. En décrivant la place de France, l'auteur nous indique qu'il s'agit d'un lieu où l'on trouve «les grands cafés, les hôtels, les banques, le centre des affaires, la fièvre des bureaux d'import-export, la cote des valeurs, les magasins luxueux. Là, les dernières collections de Paris, les derniers frigidaires, les dernières radios...». Et d'ajouter dans un autre paragraphe qu'à «midi et à 6 heures, il y a le mouvement intense des voitures, presque toutes neuves et de marque américaine... Puis, insensiblement, le flot des voitures trouve une issue et l'animation se fait à nouveau plus régulière». Je trouve vraiment cela extraordinaire.
Peut-on affirmer que Casablanca doit son développement à l'ère du protectorat ?
Moi, je vois les choses autrement. Lyautey est arrivé en tant que premier résident du Maroc, en venant de Madagascar et qui a vu et suivi ce qui s'est passé ailleurs, que ce soit à Madagascar, au Cambodge, au Vietnam, ou en Algérie. Il savait que cette colonisation ou cet impérialisme des grandes puissances n'avait pas un visage humain. C'était une colonisation assez violence, une colonisation discriminatoire. Quand il est venu au Maroc, Lyautey avait dans la tête une idée bien claire, et voulait la concrétiser. C'est de donner un visage humaniste à la présence française au Maroc. Je considère donc que la présence française au royaume n'a rien à voir avec la colonisation, car ils ne se sont pas installés au Maroc en tant que conquérants ou envahisseurs. Les Français ont mis le cap sur le Maroc pour défendre et protéger leurs intérêts. Je pense que cette vision humaniste de Lyautey a constitué le background de sa stratégie au Maroc.


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