«Yes, we are ! Moroccans» L'artiste photographe qui livre des clichés inédits de la jeunesse marocaine Lamia Naji, en exposition à l'Institut français de Casablanca jusqu'au 31 janvier sur le thème «Yes, we are ! Moroccans». Lamia Naji est une romantique qui croit que la paix, la liberté, la fraternité, l'égalité et l'amour ne sont pas d'inaccessibles étoiles. Que l'être humain est réellement capable d'aimer son prochain, d'accepter et de respecter sa différence, quelle qu'elle soit. «Peace, Love and difference», Lamia Naji y croit. Elle persiste et signe : «Il s'agit de dépasser l'ethnocentrisme, qu'il soit racial, religieux, social ou sexiste. Il s'agit de s'ouvrir à une conscience universelle, fraternelle et globalisée.» Pour révéler et partager sa vision universelle de l'identité, Lamia Naji s'attache au moyen de montages photographiques. Usant près de 1300 images, «Yes We Are ! Moroccans» résonne comme l'appel d'espoir d'une jeunesse marocaine brutalement audacieuse à vivre heureuse, dans la différence et surtout unie. Elle s'appuie dans ce registre sur l'expression du réalisateur Nouredine Lakhamri «Il était grand temps que nous changions l'image que projetions de nous-mêmes». Non seulement elle approuve, mais elle pense aussi que l'amélioration de cette image est un devoir pour tous, en tant qu'artiste. Le Maroc et les Marocains (en tant que sujets photographiques) sont trop souvent réduits à l'exotisme et au folklore. Le Maroc de la djellaba, du henné et du thé à la menthe qui accompagne le tajine au feu de charbon existe, certes, mais celui d'aujourd'hui est bien loin de cette image réductrice et il est pourtant systématiquement boudé par les photographes, qu'ils soient étrangers ou marocains, souligne-t-elle. Cela a été sa première motivation : tenter de réparer ce cliché réducteur de notre identité, donner la parole aux jeunes tels qu'ils sont aujourd'hui et rendre hommage à un Maroc «possible» de demain, précise-t-elle. Lamia Naji est née en 1966 à Casablanca, où elle vit et travaille aujourd'hui. Photographe et vidéaste de formation autodidacte, elle est révélée par la galerie Meltem Casablanca en 1995. Dès lors, elle obtient plusieurs bourses de résidence: le Nederlands Foto Institut, Rotterdam en 1995, la Cité internationale des arts de Paris en 1996 et la Casa de Velázquez à Madrid de 1997 à 1999. Son travail a été présenté par de grandes institutions internationales : «African Photographers: 1940 to the present» Guggenheim Museum (1996) ; «Snap judgements: New Positions in Contemporary African Photography», The International Center of Photography, New York (2006) et Stedelijk Museum, Amsterdam (2008) ; Photo España, Madrid (2000 et 2005) ; Photoquai 2009 et Paris Photo 2009. Son court métrage VUX a été diffusé par deux fois sur la chaîne ARTE : Artevideonight 2012 et 2013. Sa dernière œuvre vidéo «Yes, We Are ! Moroccans» fait désormais partie de la collection de la Maison européenne de la photographie.