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Un ciseleur inspiré
Publié dans Albayane le 14 - 12 - 2020


La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Baudelaire, coresspondances
Oui, ciseleur créateur. Il l'est sans aucun doute, tout élément de sa toile montre une maîtrise contrôlée dans l'exécution, comme ciselée. Il suffit de regarder de près ses tableaux les plus connus. Il s'affranchit ainsi du courant de l'art brut, de sa composante souirie célèbre.Il s'octroie une place de l'artiste dont la thématique ethnologique va du côté de la recréation du référent réel et non pas seulement de la superposition de motifs et la multiplication des détails.Il a recréé un monde magique, d'un onirisme réfléchi malgré sa spontanéité dans la touche caractérisée par une démarche aisée. N'était-il pas un grand façonneur de belles choses dans le bois du thuya, l'aaraar. La magie a juste changé de procédé et de matière.
Une magie qui arpente les méandres voluptueux du récit, du conte, ou du poème chanté, dans leur donnée populaire diffusée à plus grande échelle. Celle qui introduit l'imaginaire et l'ouvrit à la double représentation : imagée et rhétorique.
Où se voit, où se touche ce cisèlement dans le travail plastique, dans le sens figuratif du mot et dans la plasticité elle-même ? Ce fait qui donne une géométrie à l'inerte, au mutisme dont regorge toute matière, qui se dote ainsi de vie propre. Regardons. Dans l'œuvre de Hassan Cheikh, chaque figure, en général de petites dimensions, est bien cernée dans ses limites portées par les lignes et les courbes, ce qui lui confère une certaine liberté d'existence sur toute l'étendue de la toile. Animal, homme, objet, ce sont des formes libres pour pouvoir ensuite converser dans la surface du tableau. Un côtoiement dans une série racontée tout en étant contournée par le cadre.
Adam et Eve
Plusieurs travaux nous font approcher cette approche singulière de Hassan Cheikh. Prenant sa racine dans une image largement diffusée depuis de longues années sur la scène populaire marocaine. Dans les marchés hebdomadaires comme permanents de nos quartiers reculés, les échoppes des vieux livres, et sur les murs des boutiques et des maisons. On parle ici des fameuses illustrations du fait religieux et du fait soufi, cette iconographie qui donne dans le merveilleux.
Hassan Cheikh en a pris une tout particulièrement : celle qui représente Adam et Eve près de l'arbre de la tentation. La reproduction est parfaitement revue et le rendu impeccablement senti, mais avec l'apport de l'artiste lui-même, cette vision qui est sienne. C'est d'une ingéniosité brute, spontanée. On est devant l'image de l'origine revue intérieurement, replacée au centre de la toile. L'origine ne peut qu'être au centre. Et ce, afin de raconter un petit conte de l'humain dans ses manifestations vitales et actives résumées dans des déplacements, marches et courses, de quelques hommes et femmes, chacun représenté étrangement. Il faut passer bien du temps pour en déceler les sens tapis, les conséquences prévues et pour comprendre l'histoire.
Mais une chose est sûre dans ce tableau : ces personnages se dirigent et courent vers le centre, vers l'origine justement. Ils ne peuvent que représenter des tranches de vie, et à chacun de deviner laquelle, de faire sa lecture personnelle, comme l'artiste nous a donné la sienne en peignant. La peinture qui est là est une scène dramatique. « J'introduis le théâtre dans la toile » avait déclaré l'artiste lors d'une interview.
Narrer tout en ciselant
Cet exemple connu daté de 2014, serait juste un joli conte imaginé s'il ne montrait pas un grand travail axé sur le dessin et la couleur. Car les personnages de Hassan Cheikh évoluent dans un environnement très foisonnant avec ses arcades en mosaïque précise. Une infinité de ronds, de petits dessins géométriques, de sinuosités, d'ondulations jaunes et verts, bleus et oranges, posés en bandes, en courbes, avec des arrêts marqués par des figures fantastiques. L'artiste ciseleur, éternellement, appuie, reprend, continue, ne s'arrête pas, emporté par la joie de l'imagination en lien direct avec ce qui l'habite, puisé dans cette Essaouira, sa ville natale, qui lui infuse sa magie et sa rêverie.
Allons voir toute sa production. C'est le même esprit de création, la même tendance. Personnages imagés dans un répertoire, mais remodelé dans leur apparence, et le même souci de cisèlement dans l'espace et autour. La mise en scène picturale oblige, il y a une alliance indéfectible entre le dedans et ce qui s'y trame.
On ne raconte pas dans le vide. Une progression minutieuse est nécessairement de mise pour que ce qui est conté trouve sa manifestation en images. Surtout lorsqu'il est question d'un emprunt à nostalgie enfantine des fois, à la féerie parfois, ou à l'onirisme, et dont les histoires populaires sont férues.
L'un des tableaux met au centre d'un cercle fait d'une enfilade de petits ronds colorés un musicien au guembri et des personnages tirés de l'imaginaire populaire occidental, un homme étendu par terre raide mort et tout autour en plus petit des hommes, des animaux pendus tête en bas ainsi que des objets. Voilà une imagerie qu'on supposerait vue par un œil d'un rêveur éveillé.
Dans le registre de la féerie, un tableau met en scène des têtes démesurées, des serpents, des bijoux et des vases entre autres choses. Tous colorés, vifs et charmants. Ils cernent un beau visage d'une jeune fille aux yeux souriants. Là c'est un bonheur qui se mêle au féerique dans une symbiose qui libère l'esprit. De cette liberté que seul un conteur peut insuffler. Et feu Hassan Cheikh était un conteur avec le pinceau.


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