Entretien avec Mohamed Hussein Kacem, metteur en scène palestinien, Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef Un projet artistique ambitieux. La troupe palestinienne «Al Markab» pour le théâtre et les arts continue son aventure théâtrale en présentant son spectacle pluridisciplinaire « café du peuple ». En effet, cette performance artistique mêlant plusieurs genres artistiques, théâtre, cinéma, poésie, musique, danse sous les rythmes de la debkeh met l'accent sur la réalité palestinienne et œuvre pour transmettre ses lettres de noblesse. L'action se déroule dans un café populaire où les histoires et les rencontres se tissent. Après avoir présenté son spectacle dans les villes de Tanger, Marrakech, Oujda, Mohammedia, la troupe dépose ses valises à Rabat pour une nouvelle performance artistique qui sera dévoilée au public de la capitale le 31 janvier à la salle Bahnini du ministère de la Culture. Rencontre avec le metteur en scène et dramaturge Mohamed Hussein Kacem. Al Bayane : vous avez opté pour l'opérette, un genre théâtral mêlant musique, chant, danse... pourquoi un tel choix ? Mohamed Hussein Kacem : C'est un genre théâtral où nous présentons plusieurs genres et couleurs artistiques. Dans ce projet, on a essayé de mêler la danse, la chorégraphie, le théâtre, le documentaire et le chant, tout en braquant les lumières sur le côté positif du peuple palestinien loin des stéréotypes et clichés. Certes que la Palestine vit sous l'occupation, mais dans la souffrance naît la créativité. La cause palestinienne est au cœur de votre travail. Quel message souhaiteriez-vous véhiculer ? Les marocains ont une relation assez particulière avec la cause palestinienne. Par ailleurs, notre but, c'est de montrer aussi la belle image de ce pays, de son patrimoine culturel et civilisationnel. Et c'est à travers le théâtre que nous essayons de transmettre les lettres de noblesse de notre culture et la richesse de notre identité, notamment aux générations actuelles. Car, derrière chaque chanson, il y a une histoire palestinienne incarnant la souffrance, mais aussi l'espoir et la résilience. C'est ainsi la belle image de notre peuple. Nous sommes un peuple qui mérite d'être heureux malgré les maux et les souffrances. Dans votre spectacle théâtral, vous avez accordé une place prépondérante à la musique, aux mélodies et danses palestiniennes. Parlez-nous un peu de cette écriture musicale et surtout du choix des rythmes, danses et chants. A vrai dire, la musique, les danses et chants sont puisés dans le patrimoine palestinien. Autrement dit, chaque chanson palestinienne a une histoire. A titre d'exemple, « Ya Zarif Al-Toul » est un chant traditionnel palestinien qui nous rappelle le passé et ses histoires multiples. Il y a aussi la debkeh qui a apporté son grain de beauté rythmé au spectacle. Les événements ou l'intrigue du spectacle se déroulent dans un café populaire ; un lieu où se tissent des histoires et des rencontres. D'où en effet, le choix du titre du spectacle. Pourquoi avoir choisi cet espace ? Le « café du peuple » est l'un des quartiers de la Palestine où se trouve un café dont le propriétaire n'est que le conteur qui raconte des histoires aux jeunes. Ce lieu est un cas d'école où la transmission des valeurs et de la culture a une place de choix. Au total, vous êtes une vingtaine d'artistes marocains et palestiniens qui participent à ce projet artistique. Comment avez-vous fédéré et orchestré cette troupe composée de jeunes comédiens venus de différents horizons ? Il faut dire d'abord qu'il y a une relation solide entre le peuple marocain et palestinien. En effet, ce spectacle est un mélange entre le patrimoine culturel palestinien et marocain. C'était un défi, mais on a réussi le pari en brisant le «quatrième mur» et en recevant des artistes marocains qui prennent part à cette performance. L'un des points forts de votre projet, c'est cette capacité d'intégrer des artistes, notamment des jeunes artistes des autres villes du royaume. Parlez -nous un peu de cette expérience. Effectivement, on essaye d'intégrer les jeunes issus de différentes villes marocaines afin de faire connaitre notre patrimoine et mieux le transmettre aux publics. Vous êtes actifs sur la scène artistique depuis 2016. Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés lors de votre aventure théâtrale sachant qu'un tel projet a besoin de moyens financiers, logistiques et même administratifs ? Nous sommes venus en 2016 pour se produire au festival de Khouribga. Et nous y sommes depuis. Entre temps, on a créé ce projet artistique afin de faire entendre la voix des jeunes et hisser le drapeau palestinien. Nous espérons que le Maroc sera notre porte pour faire le tour des pays arabes et européens. Or, au début, il faut le rappeler, on a rencontré des difficultés parce qu'on était nombreux (20 artistes). Mais on a relevé le défi en présentant notre spectacle dans les villes de Tanger, Oujda, Fès, Marrakech, Mohammedia et bien d'autres.