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Imalad N Tamazight : Des obstacles au développement de l'amazighité
Publié dans Albayane le 31 - 10 - 2010

Traiter de la question amazighe dans ses rapports au développement et aux droits constitue un sujet vaste qui embrasse plusieurs champs imbriqués les uns dans les autres. Nous limitons donc cette réflexion aux niveau juridiques : les textes qui engagent
le Maroc en tant qu'entité appartenant au «monde arabe» constituent des boulets et des obstacles qui rendent caduc l'épanouissement de l'amazighité. Ces textes vont à l'encontre de toutes tentatives de valorisation et de développement de l'amazighité et instaurent une contradiction entre la volonté politique de reconnaître l'amazighité et la pratique politique dans la réalité.
Le développement est un processus complexe, multidimensionnel qui nécessite une réflexion interdisciplinaire. Il ne se limite plus à la conception élitiste qui focalise sur la culture en tant que levier principal. Il devra englober les valeurs, le mode de vie et les formes d'organisations socioéconomiques.
La réussite de tout développement est tributaire de la place accordée aux hommes dans ce processus. L'homme en tant qu'identité, langue, histoire et culture. Il s'agit d'impliquer ce dernier au niveau de la prise de décision et de la réalisation des actions, pour en faire un acteur et non un simple figurant ou un exécutent. La culture a, certes, un rôle libérateur, mais les variables économique et sociale sont décisives pour toute action de développement.
Notre pays devra se libérer, pour promouvoir l'amazighité, des pesanteurs d'un passé fait de préjugés visant les amazighes, considérés comme « peuple non évolué ». Ce n'est pas un hasard si l'avènement des Arabes est associé, dans le discours officiel, à l'avènement de la « lumière ».
L'obstacle au développement de l'amazighité est d'ordre juridique, fondamentalement politique. Après l'indépendance, le projet d'édification d'un Etat national, a été formulé en terme d'hypothèse politique dans la trajectoire devrait aboutir à l'anéantissement et à la disparition de l'amazighité : l'arabisation forcenée en constitue la pierre angulaire. Notre pays a été défini comme arabe, au mépris du réel, et les politiques menées se sont fixées un objectif : métamorphoser le réel – amazighe- pour le conformer à l'hypothèse. Les dégâts sont incommensurables. Le pouvoir décréta que le Maroc est arabe, sa langue est arabe et sa culture est arabe. L'amazighité devient ainsi une «identité transitoire», accidentelle. La culture d'une minorité est érigée en culture nationale. L'intégration politique du Maroc au «monde arabe» l'oblige à la mise en œuvre des choix idéologiques « arabes ». La Charte de l'Unité Culturelle Arabe, approuvé en février 1964, par le Congrès des Ministres Arabes de L'Education tenu à Bagdad et par le Congrès de la Ligue Arabe en mai 1964, stipule dans son article 1, que son objectif est «la formation d'une génération de citoyens arabes» et le lancement du « programme d'arabisation de l'enseignement et de la recherche universitaire et académiques (alinéa 10 et 18). En 1976, la Déclaration de Amman, est plus explicite. Elle souligne que les politiques des Etats « arabes » visent « la formation d'une génération de citoyens arabes, enracinée dans leur arabité ». Ces textes sont toujours en vigueur et le Maroc « arabe » continuent à les renforcer.
Ces engagements du Maroc à l'égard des pays « arabes » vont dans le même sens que la constitution nationale qui n'octroie aucune place à l'amazighité.
Comment dans ces conditions continuer à parler du développement de l'amazighité, alors que les amazighes ne jouissent d'aucune reconnaissance officielle dans les textes fondateurs de l'Etat marocain et vivent, sur leur terre, comme des fantômes ? Et de quel développement parle-t-on, alors que l'amazighe vit sous le masque d'une arabité fictive ? Si la plus haute autorité du Royaume œuvre à la revalorisation de l'amazighité, des mouvances adoptent des postures sournoises pour «saboter» les décisions du Souverain.
TIMIZART N TMURT IW
Villages de mon pays
Cette rubrique a pour objectif d'apporter aux lecteurs de cette page des explications sur la signification de certains toponymes amazighs du Maroc.
Elle les aidera à mieux apprécier leur pays et ses villages, à comprendre les motifs de leurs dénominations. Le toponyme étant une trace linguistique, une indication qui nous informe sur la relation qu'entretient l'homme avec son environnement.
Les lecteurs, évidemment, peuvent apporter leurs contributions et leurs propositions s'ils le souhaitent.
Les explications données se base sur la tradition orale et sur des faits linguistiques. Mais la rubrique ne prétend pas apporter de vérité immuable.
Les exemples :
Agadir : ce toponyme amazigh désigné le grenier, sorte de « banque » traditionnelle où les membres d'une tribu installent différentes denrées alimentaires. Son pluriel est IGOUDAR. C'est ce qui a donné son nom à la ville d'Agadir au sud du Royaume. En tant que «dépôt» de la communauté, Agadir est un espace organisé, dotés de «chambres-dépôts» réservées à chaque famille pour qu'il y stocke ses biens (céréales, beur, foin…).
Une sentinelle rémunérée assurait la garde de l'Agadir. Au moyen Atlas, l'Agadir est désigné Awjgal (cas de la région de Boutferda près d'Aghbala dans le cercle de Laksiba) ou Lmers (cas de la région de GUIGOU dans la province de Boulemane).
L'Agadir (Awjgal ou Lmers) se caractérise par sa position difficile d'accès et protégée. Actuellement, ce sont des sites dont une partie est érigée en patrimoine national.
Par : Ouyoussi
Introduction à la poésie tamazight
Analyse thématique de tamedyazt
La poésie tamazight
Comme toute poésie, celle des imazighen exprime une vision de l'existence et de la vie, c'est un souffle de vie omniprésent dans toutes les activités de l'homme amazighe : naissance, mariage, cueillette, tissage, moisson, fêtes, rites..., elle se subdivise en sous-genres : timnadin, izlan, tiâjibin, timawayin, imâibarn, timdyazin.... Nous nous intéresserons uniquement à ce dernier « genre » pour en faire une analyse thématique.
Tamdyazt
En tant que genre (ou sous-genre) littéraire tamedyazt existe et continue à exister, elle ne véhicule pas un message « dépassé » comme on tend à le croire, sa thématique est loin d'être unidimensionnelle ou redondante, sa valeur sociologique/ sociale est incontestable. Conformément à l'analyse de Jakobson, elle a un auditeur (lecteur) puisque elle continue à exister à durer d'autant plus que ses thèmes sont adaptés à son public, autrement elle disparaîtrait ; elle s'adapte à son temps ; épouse les événements et d'ailleurs des imedyazen existent toujours.
Tamdyazt est un genre « sérieux » qui a ses caractéristiques propres, elle est « chantée » pour exprimer une sagesse et non pour amuser, défouler comme c'est le cas des Izlan. Il suffit d'analyser le cérémonial qu'elle suppose pour s'en rendre compte ; cette poésie véhicule un message qui veut dire la « vérité », l'idéal, ce qu'il faut faire, ce qui existe, ce qui se vit ; elle nécessite (de l'auditeur) une attention particulière dans une atmosphère presque « sacrée » : se taire et écouter pour approuver, tirer des conclusions, les leçons de morales adéquates. De plus tamedyazt impliques une dimension philosophique : expliquer l'origine du monde et de la vie, le passé, le présent, l'avenir et le devenir, elle situe notre existence par rapport à la création du monde, prône la sagesse, on dit qu'elle véhicule : iwaliwn, ineghmisen, lemâni, tiwid ghef louqt... Elle peut être chantée à l'aide d'un instrument de musique, en groupe et dans ce cas, ce dernier reprend le refrain. Elle est orale et porte les marques de son oralité.
Les thèmes de tamedyzt
Tamedyazt a une structure cyclique, mais les thèmes qu'elle traite ne sont ni statistiquement ni sémantiquement stables. Ils sont tributaires de l'auditeur, des événements, des intentions du poète....Ce dernier peut «chanter» pour critiquer, conseiller, se plaindre, se résigner...On peut trouver une tamdyazt consacrée à un seul thème événement (crime, vole déjoué, sécheresse…). Dans ce cas elle fonctionne comme un «journal», tient lieu de presse, épouse les événements dans les limites bien sur que permet la censure. L'amedyaz joue le rôle du troubadour, de «journaliste» : il colporte et diffuse l'information dans des zones isolées, enclavées.
Les techniques ou procédés rhétoriques que tamdyazt utilise sont en général les images poétiques, la description ou le récit. Quant le poème fait recours à la personnification, c'est pour en faire la toile de fond pour l'allégorie, cette figure de style lui permet d'exprimer et traduire le manichéisme du monde et de l'existence. Ce procédé lui offre le moyen de bien retenir l'attention de l'auditeur, en lui racontant une histoire, et faire passer un message très symbolique accentué et confirmé par la fin de l'histoire qui implique une morale condensée en un ou deux vers.
L'emploi des figures de style (allégorie, métaphore, périphrase ; antithèse, métonymie…) fait que tamedyazt est une poésie élaborée, travaillée, un art de langage. D'ailleurs l'amedyaz dit et affirme que sont langage, ses vers, sont « sculptés » comme le bois du menuisier, polis, agencé de façon à ce que le message soit très imagé très « profond », suggestif. Le poète est conscient de son rôle et son devoir lui impose que ce qu'il dit sert ou renvoie à un « modèle », car il est le veilleur et le gardien, une mémoire, une référence reconnue. Il conçoit le monde comme un vaste champ qu'il doit cultiver, un monde ou les hommes sont la terre, la poésie, la semence et le poète, le cultivateur.
Un mot sur la caractéristique orale et la fonction conative de Tamedyazt avant de passer à l'analyse des thèmes. Puisque elle est orale, tamedyazt implique un auditeur et par son contenu didactique elle a une fonction conative, ces deux propriétés nous semblent très liées dans la mesure ou elles se complètent. En effet, la présence de l'auteur participe et fait partie du « rituel » que suppose tamedyazt et cette dernière porte les indices de cette présence : le poète sollicite l'attention de ceux qui l'écoutent les invite à s'impliquer, partager, approuver, bref à réagir.
Par ailleurs, tamdyazt sur le plan formel a une structure cyclique, comme un serpent qui se mord la queue. Peut-être y verra-t-on une analogie, une similitude avec la structure cyclique des autres manifestations socioculturelles (les contes qui s'ouvrent par des formules et se ferment par d'autres) les fêtes, les rituels…Tamedyazt épouserait le mouvement du temps qui est cyclique au niveau des jours, des saisons, des années ; tout a un début et une fin comme notre existence sur terre. De plus les formules par les quelles le poète commence son poème sont à nos yeux une sorte d'avertissement pour l'auditeur : « que le silence se fasse, prêtez-moi votre attention, le voyage commence, nous entrons dans un autre monde, un autre univers, différent du monde quotidien banal et anecdotique, nous embarquons vers une autre réalité qui transcende le vécu, particulière et vertigineuse, sérieuse et vraie dans son idéalisme, tragique dans beauté : le monde de la littérature ».
I – génèse du monde et de la vie :
- ibna t uhnin isnem t Ijid iâdil as
- iga d ighbula n waman a nagem aman
- ibna lajbal iâdel luda i-ddunit
- awi ku lxir iheyyat ljid i lbacar
- ibna t uhnin Isnem ljid awd akal
- dayakk rzeqq i lâebd bla tudmawin
- ibdu yaghd ilan kuk d ma as d-ika
- Le Miséricordieux l'a édifiée en grand architecte
- A fait les sources pour nous y abreuver
- Puis les montagnes et les plaines
- Et de ses biens comble les hommes
- Il l'a bien construite et aplatit la terre
- A chacun sa part sans favoritisme
- Et le partage chacun selon son mérite.
II – l'auditeur interpellé :
- war rar ad ghuri lbal a winna fhemnin
- ad awn rsemgh awal ur igi uya i wufur
- lfal irwan at-seggrgh i wawal inw a mayd agh idurn
- iwa âawd a yils inu mani m'kas tgid
- Ecoutez-moi, vous les sages
- Je dois vous parler et ne puis me taire
- Le bon augure clora mon propos
- Délie –toi ma langue et dénoue le mystère
AMEDYAZ
Appelé « amedyaz », « chikh » ou « aneccad », il jouit d'un statut social particulier et privilégié, c'est lui qui « inaugure» les manifestations culturelles les plus symboliques (mariage) ; il est respecté par le groupe pour son savoir, sa verve, sa maîtrise du verbe et du langage, sa vision philosophique de la vie ; il est le « guide», le sage, le moralisateur reconnu par tous ; c'est une référence incontestable au niveau des valeurs ; ses paroles transcendent les discours de tous les jours, c'est l'éclairé, le « prophète » (au même titre que HUGO, VIGNY, JABRAN…), il est conscient de son rôle social qu'il assume en sonnant l'alarme quant la menace des valeurs est proche, le danger imminent. Sa vie se confond toujours avec sa poésie et ses vers.
III – le rôle du poète et sa vision de la poésie:
- wa mimek itteg a yanccad at-siresd awal
- han unna itturun lektub adjin t-tarix
- da turhamen âad as nna g immut lâalim
- iwa berm a yils inu digh am uxeddam
- dinna mi tgerd ibsan tsittimed anezzugh
- righ ad as gegh digh tighemrin amm unejjar
- i wawal ma kulci nennat urta yejri
- Le poète toujours doit assumer son rôle
- Tel celui qui fait des livres d'histoire
- Eternellement il sera béni
- Retourne-toi ma langue
- Et laisse pousser ta semence
- Tel le menuisier, je sculpterai ma parole
- Visionnaire, j'ai déjà tout évoqué
-
L'analyse thématique
Nous avons adopté cette analyse pour dégager les thèmes de tamdyazt, mais nous avons centré notre travail sur les thèmes sociologiques, car les poèmes que nous avons réussi à rassembler sont de différents poètes et ne permettent pas une étude exhaustive de chacun d'eux.
Il s'agit de :
- Amer ou Mahfoud de Goulmima
- Zaid Oubbejna d'Igoudman (Aghbalou n'kerdous, Goulmima)
- Hmad ou Hachem de Mellab (Goulmima)
- Chyukh Hmad et Lahcen (d'Azilal)
- Chikh Lisyour d'Imilchil- Ait Hani (rich)
- Moha ou Lhaj (d'Aghbala)
Pour des raisons pratiques, nous avons préféré ne pas intégrer les vers illustrant nos propos et commentaires ; ces vers sont groupés par thèmes et figureront à la fin de l'exposé.
Comme nous l'avons déjà souligné, les thèmes de tamdyazt sont très variés et vont du simple «fait divers» à l'événement politique international. La classification que nous avons adoptée n'épuise pas l'éventail, trois axes fondamentaux nous paraissent opérationnels :
- La dégradation des valeurs
- La corruption du système administratif et juridique
- la politique
1- La dégradation des valeurs :
La conception philosophique de l'existence chez l'amedyaz est dichotomique, manichéenne ou le Bien et le Mal constituent les pôles de l'équation. Ce schéma dualiste parcoure le poème du début jusqu'à la fin et est exprimé par une série d'images antithétiques : corps/âme, idée/matière, concret/abstrait, vie/mort… l'existence pour l'amedyaz, au même titre que la nature, a un début et une fin (le métier à tisser), un voyage qui doit cesser inéluctablement un jour.
Cette stabilité dans la vision implique des valeurs, un rythme de vie sereine et s'oppose à tout changement en dehors du cadre « tragique » voulu par la divinité. Il en découle que la réaction de l'amedyaz, une fois les valeurs ébranlées, sera violente, démesurée, in confortable…en l'occurrence si le changement est brusque, rapide, inattendu.
En effet, l'agonie des valeurs pousse le poète à réagir contre des bouleversements qui secouent la société et la désarticulent.
Il nous parle d'un monde qui s'effrite, d'un système en voie de « pulvérisation », en proie à un mal qui le ronge de l'intérieur (voir les romans des auteurs maghrébins de la première génération et la littérature africaine d'expression française de la même époque : L'incendie de Mohamed Dib, La terre et le sang de Mouloud Feraoun, Le polygone étoilé de Kateb Yacine…). Les mutations sont exprimées de façon imagée et empruntées souvent au monde animal dans son organisation hiérarchique, ce monde est montré en train de basculer vers un nouvel ordre ou le « valet » devient « maître », le faible domine le fort…Les valeurs ancestrales sont invoquées car elles réfèrent un passé de gloire et de grandeur opposable à un présent dégradée et en mutation continue.
IV – renversement des valeurs
- cuf aberrem as iga mulana i ddunit
- raâa izem iggwed yaghul iga yahnatur
- raâa iysan gran asen tibardiwin
- da ikerrez ka badada gint as azalim
- La vie est instable
- Le lion dégénère en bourrique
- Le cheval porte un bât
- L'aigle est asservi par le coq
- Semez des patates
- En pousse des oignons
V – éclatement des relations humaines:
- lehsad hat taymat dghi ag di beddun
- da tinigh han asmun nka yas tighwerdin
- mer ufin tuzzalt ighers ak amm uâejliy
Et les frères se haïssent
L'ami sur qui je compte
Veut m'égorger
VI – relâchement des valeurs religieuses:
- aghuln imezzilan ggudin mi yexxa rray
- wa da ikkejjem ka timezyida imun d tillas
Les croyants sont pervertis
Vivent dans les ténèbres
VII – rejet de la société en proie à des métamorphoses :
- isexxr isid yiwi bu lehram ddunit
- tujit ur ta nejjiy lmut urta nemmut
La rage prospère, l'injustice s'installe
Nous sommes des morts-vivants
VIII – un présent lamentable et nostalgie pour un passé glorieux :-
- tirruyza n zman ur tsul ijra ka g tmizar
- ddan lahrar lligh issersun amdikar
- rzan medden lhaq amm useklu yaghd akal
La dignité et la bravoure pereclitent
Les braves ne sont plus là
La justice, telle une branche, a été cassée
2 - La corruption du système administratif et juridique
La corruption du système administratif et judiciaire fait également l'objet de la satire chez l'amedyaz.
Ce système est peint de manière corrosive. Il est perçu comme une machine bureaucratique, inhumaine qui a pour seule raison d'être de « sucer » le sang la population qui lui est soumise.
Le citoyen y est asservi, humilié. Il se trouve embourbé dans un labyrinthe dont il sort épuisé, éreinté, dégoûté, révolté.
C'est dire que ce système cumule tous les vices possibles et imaginables : la corruption y est devenue presque une « obligation » et un devoir, le népotisme, la falsification, le régionalisme voir le racisme.
Cette institution brime le citoyen et le broie…
L'amedyaz traduit cette réalité par des images ou les choses et les êtres se métamorphosent, changent de nature, les valeurs de justice y sont foulées au pied.
Sa froideur et sa nature bureaucratique y transforment la quête d'une information ou d'un papier en une « odyssée cauchemardesque » qui nous rappelle l'univers surréaliste du Château ou du Procès de Franz Kafka. Les citoyens le perçoivent comme un monstre qui incarne la peur et la terreur.
En effet, les procédures administratives empruntent des chemins inextricables ou les responsabilités se confondent et se contredisent.
Concernant les élections, l'amedyaz estime qu'il s'agit d'une énorme mascarade politique qui bafoue la volonté populaire et produit des institutions falsifiées et illégitimes destinées à entériner la politique d'exclusion et de marginalisation des couches démunies.
IX – Corruption du système juridique et administratif:
- tetca chat zzur a yiguhilen ayenna nnun
- mkid ayt lhukem am lbiâ ayd zzenzan
- awa ur izedding lmeghrib illa mulana
-
L'injustice accable les démunis
Les responsables sont corrompus
Le Maroc n'est plus propre
X – falsification des élections :
- Iwa âawed at aghed a imi nu digh i lhemla nna ijran
- tekka lintixab zuned am lmital n-issaffern ayd tga
- was bdun imkuraren n-ssuker ar tturruhen alin g-iberdan
- Ma bouche parle nous des fameuses élections
- Telle une crue ravageuse
- Avec une traînée de corruption
3 - la politique
La politique est un des thèmes essentiels traités par l'amdyaz dans ses poèmes. Sa réflexion porte aussi bien sur les événements d'ordre national ou international.
Il s'agit de se positionner sur les décisions prises par les responsables quant à leur manière de gérer la chose publique, leur relations avec les autres pays et nations, la position du Maroc vis-à-vis d'événements politiques internationaux : le Moyen Orient, les pays arabes, l'Afrique du nord, l'Occident…
L'amdyaz marque la spécificité nationale en s'appuyant sur des référents identitaires qui distinguent le Maroc d'autres nations et souligne la place particulière des valeurs religieuses qui constituent un ciment pour l'unité de tous les musulmans du monde. Le regard du poète porte à la fois sur des faits événementiels, transitoires et mis en relief par les médias et les divers moyens d'informations et sur des faits ayant trait à des « convictions » constantes, partagées et permanents.
XI- raid américain sur la Libye :
- mek tannid marikan d wudayn uxenzu
- idda s libya ad iwet taddart n lqeddaf
- ingha digs ccebban ingha digs ssebyan
Et cette Amérique maudite
Qui bombarda la maison de Kadhafi en Libye
Tuant jeunes et enfants
XII- Le monde arabe:
- marikan d-rrus gan lâarab d-imaâdar
- ka da yak leflus ka tella ghures lâedda
- dak jemmuâen ard nin ur illi xs anafa
- ifghed yiwen ighdr imiq yawin wiss krad
- ar terruyen ared walu xs awal n-ihellalen
Les Arabes sont rendus débiles par L'Amérique et les Russes
Qui offre argent. Qui vend des armes
Les Arabes se réunissent et décident
Le premier traître se déclare
Et les autres suivent
XIII- L'Irak :
- Tga lkwit dghi am lmital n teslit
- Ghwman ased idudan ittef ku yiwn allun
- myamazen ihidas a rbbi selkat agh
- Le Koweït est tel une mariée
- Le henné peint ses mains et la danse démarre
- Les danseurs face à face, près à l'affrontement.
En guise de conclusion:
L'analyse que nous avons propose illustre la richesse de ce genre poétique amazighe et sa capacité d'adaptation aux changements et aux mutations sociales.
C'est un genre dont le contenu transcende l'événement local pour s'inscrire dans l'universel.
Actuellement, l'amdyaz a réussi à relever le défi.
Sa poésie sert toujours de référence et il continue à assumer sa fonction de guide et de « journaliste » qui informe les populations enclavées des deniers événement.
Il s'inscrit également dans le cadre du mouvement de revendication amazighe et réalise que sa contribution à la lutte est vitale.
Comme en témoigne ce vers qui dénonce l'incarcération des militants amazighs en 1994, à Errachidia. Il dit :
Tamazight ur i yeâjib at s nghin
Ula gan lahbus I widda t s iran.


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