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Relancer la recherche scientifique au Maroc : priorité au financement et à l'humain
Publié dans Les ECO le 03 - 07 - 2025

Ancien président de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et de l'Université Mohammed V Souissi de Rabat.
Pr. Brahim Akdim (**)
Professeur à l'UPF, ancien vice-président et professeur honoraire de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès
Dans le paysage géoéconomique contemporain marqué par une compétition intellectuelle et technologique accrue, le Maroc se trouve confronté à un défi quasi existentiel : transformer son système de recherche et d'innovation pour assurer sa souveraineté et améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Alors que les nations avancées consacrent en moyenne plus de 2% de leur PIB à la recherche scientifique et l'innovation, le Maroc peine à atteindre 0,8%, ce qui se traduit par une 66e place au Global innovation index 2024 – position respectable, mais qui masque son absence parmi les pôles d'excellence du «Global South».
Cette réalité met en lumière l'urgence d'agir pour combler rapidement cet écart. L'analyse comparative des expériences internationales révèle que les réussites les plus spectaculaires combinent toujours dans le domaine de la recherche scientifique et de l'innovation, cinq piliers clés : un financement à la fois massif et bien ciblé, une gestion agile des ressources humaine, une gouvernance claire et transparente, une ouverture internationale systématique et des liens organiques avec l'appareil productif. Il devient indispensable de dessiner pour notre pays une stratégie nouvelle, qui s'inspire de ces réussites globales tout en étant parfaitement adaptée aux spécificités du contexte national.
Le financement de la recherche : de la pénurie à l'abondance stratégique
Le sous-investissement chronique dans la recherche scientifique et l'innovation constitue le premier obstacle à surmonter. Aujourd'hui, le Maroc n'y consacre que 0,8% de son PIB, alors que des pays comme la Turquie, l'Espagne, la Malaisie ou l'Italie atteignent 1,5%. Cette asphyxie financière freine le développement de projets prometteurs et dilue le potentiel de nos chercheurs.
Cette situation appelle des mesures radicales. Pour inverser cette tendance, il faut d'abord définir une trajectoire budgétaire ambitieuse : viser 1% du PIB dès 2030, 1,2% vers 2035 et 1,5% en 2040. Cette hausse passera par une diversification des sources de financement, alliant crédits publics, partenariats public-privé, implication d'acteurs privés, fonds souverains et participation active aux grands programmes internationaux.
Avec un PIB estimé à 1.597 milliards de dirhams (MMDH) en 2024 (en hausse de 3,8% par rapport à 2023), le Maroc dispose de la marge de manœuvre nécessaire pour engager ces efforts. La mise en place d'un Fonds de recherche, d'innovation et de souveraineté technologique, doté de cinq MMDH sur cinq ans, enverra un signal fort de l'engagement de l'Etat marocain.
Afin d'éviter le piège de la dispersion, ce fonds ciblera des domaines stratégiques, où notre pays est en mesure de se distinguer, comme la gestion durable de l'eau et la désalinisation à faible empreinte carbone, l'agriculture high-tech pour zones arides, la valorisation biotechnologique de la pharmacopée traditionnelle, le développement des énergies renouvelables solaire et éolienne, ou encore l'intelligence artificielle adaptée aux enjeux locaux. En concentrant ainsi les ressources, le Maroc renforcera rapidement son expertise, maximisant les impacts socioéconomiques des projets tout en se positionnant en véritable laboratoire d'innovations pour les pays du Sud.
La révolution des ressources humaines : former, attirer et retenir les talents
Le deuxième frein majeur à la recherche et innovation au Maroc tient au manque criant de capital humain. Avec moins de 1.000 chercheurs pour un million d'habitants, loin de la moyenne mondiale de 1.500, notre pays souffre non seulement d'un déficit quantitatif, mais aussi de faiblesses qualitatives : des programmes doctoraux dépassés, une mobilité internationale réduite et des carrières scientifiques peu attractives.
Tout d'abord, il est indispensable de valoriser les conditions de travail des chercheurs et des enseignants-chercheurs afin de retenir les talents dont disposent déjà nos universités et centres de recherche. Il convient ensuite de refondre entièrement la formation doctorale au Maroc en y associant rigueur académique et immersion professionnelle.
Les directeurs de thèse ne devront pas accompagner plus de quatre doctorants à la fois, pour garantir un suivi personnalisé, tandis qu'un programme de 5.000 bourses doctorales sur dix ans, d'un montant minimum de 10.000 dirhams par mois, permettra de professionnaliser la formation doctorale. Il faudra également encourager le retour de 2.500 chercheurs marocains expatriés d'ici 2035, en leur proposant des contrats postdoctoraux ou des postes permanents avec des salaires alignés sur les standards internationaux et des budgets de recherche garantis. Une attention particulière sera portée aux jeunes chercheurs formés dans des universités de renommée mondiale.
Parallèlement, la création d'une centaine de chaires d'excellence dans nos universités permettra d'attirer des scientifiques internationaux de haut niveau. Ces chaires, dotées de budgets conséquents (5 à 10 millions DH sur cinq ans par chaire) et d'une réduction substantielle des charges d'enseignement, feraient office de locomotives scientifiques dans leurs domaines respectifs.
En parallèle, il est crucial d'accompagner la montée en compétences des personnels technique et administratif des laboratoires. Recruter et former des techniciens spécialisés dans les plateformes analytiques, le pilotage d'expériences ou la gestion de données doit devenir une priorité. Grâce à leur expertise en maintenance d'équipements de pointe, en respect des normes internationales de sécurité et en maîtrise des outils de traitement massif de données, nos laboratoires pourront atteindre les standards mondiaux et répondre efficacement aux appels d'offres internationaux.
Gouvernance, ouverture internationale et liens avec l'appareil productif : les autres piliers de l'écosystème marocain de la recherche scientifique et innovation
La réussite d'une politique scientifique ne se mesure pas seulement aux crédits accordés, mais aussi à la qualité des règles qui encadrent les universités et les organismes de recherche. Les pays ayant réussi leur transition scientifique ont généralement commencé par réformer la gouvernance. Le Maroc doit placer la réforme radicale de la gouvernance au cœur de sa stratégie, car sans une architecture décisionnelle claire, agile et responsabilisante, même les investissements financiers importants risquent d'être inefficaces.
La première mesure devrait être la création d'un Conseil national de la science et de l'innovation, placé sous l'autorité directe du chef du gouvernement. Il serait chargé de définir chaque année les priorités stratégiques, en concertation avec les ministères de l'Economie, de l'Enseignement supérieur, de l'Industrie, de la Transition numérique, de la Transition énergétique et Développement durable, de l'Agriculture et de la Santé. Ce Conseil aurait également pour mission de superviser la mise en place d'une Agence marocaine de la recherche et de l'innovation (AMRI), dotée d'un statut juridique et financier autonome.
L'AMRI remplacerait l'actuel Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST). L'isolement scientifique freine l'excellence, alors que l'internationalisation de nos laboratoires et de nos équipes devrait devenir un axe majeur de notre stratégie. Le Maroc doit faciliter la mobilité de ses chercheurs, encourager leur participation à des projets collaboratifs mondiaux et soutenir la publication de leurs travaux dans des revues de renom. En multipliant les partenariats et les échanges, nos scientifiques gagneront en visibilité et pourront accéder aux méthodes et aux équipements les plus avancés. Le pont entre le monde académique et le secteur économique doit devenir une autoroute.
Pour cela, l'Etat doit jouer un rôle catalyseur actif en offrant des incitations fiscales fortes aux entreprises qui investissent aux côtés des universités, en développant des parcs scientifiques intégrés aux campus et en simplifiant les procédures de transfert de technologie et de protection de la propriété intellectuelle. Ces trois piliers seront abordés dans le prochain article où nous proposerons une feuille de route pour la prochaine décennie. Il est de notre devoir de dire à voix haute que le moment est venu de faire de la science et de l'innovation des priorités nationales absolues.
Ce choix stratégique déterminera la place du Maroc dans le monde de demain – spectateur ou acteur des grandes mutations technologiques en cours. L'histoire nous a montré que les nations qui ont su investir massivement et intelligemment dans la recherche scientifique et l'innovation, ont toujours été récompensées par un développement économique et social durable.


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