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Imalas N Tamazight : Entretien exclusif avec M. Khalid Ansar* :«L'unité de la langue amazighe est une réalité incontestable»
Publié dans Albayane le 19 - 12 - 2010

Dans l'entretien que nous accorde Mr Khalid Ansar, il considère que l'aménagement linguistique est un domaine qui a vu le jour dans les années 50 et que ce domaine est donc récent en tant que discipline indépendante.
Pour le Professeur Ansar, il n y'a pas de société sans politique linguistique, même si plusieurs politiques existent implicitement sans aucun aménagement à priori. Il précise qu'il faut aussi signaler que la résistance à la standardisation peut se manifester aussi chez l'usager dans un niveau linguistique ou un autre et pas seulement chez l'aménageur qui essaye de codifier la langue. Pour faciliter l' usage de Tifinaghe dans le domaine des technologies de l'information, des contacts ont été pris avec le Consortium Unicode, dépendant de l'organisation Internationale de Standardisation (ISO), pour ajouter l'écriture Tifinaghe au Plan Multilingue de Base. Entretien (1/2)
Al bayane : Présentez-vous brièvement à nos lecteurs.
K. Ansar : Je suis originaire du sud de Taza, plus précisément des Ait Warain. J'ai fait mes études primaires et secondaires à El Hajeb, près de Meknes. Après quoi, je me suis inscrit à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines Moulay Ismail de Meknes où j'ai obtenu ma Licence en langue et littérature anglaises. J'ai continué mes études de troisième cycle et de doctorat à l'université Mohammed V de Rabat où j'ai préparé une thèse en linguistique amazighe intitulée «Sibilants in Berber» (les sibilantes en berbère). A partir de 2001, j'ai travaillé comme professeur d'anglais dans le département de langue et littérature anglaises au sein de la faculté Ibn Tofail à Kénitra. En 2007, j'ai intégré l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), plus précisément le Centre de l'Aménagement Linguistique (CAL) où je continue toujours d'exercer mon travail comme chercheur au sein de l'Unité d'Etude et de Recherche sur le Lexique.
2- Qu'est ce qu'on entend par « aménagement linguistique» ?
Avant de définir le terme «Aménagement Linguistique» employé pour la première fois par Haugen en 1959, nous voudrions d'abord dire quelques mots sur son histoire. L'aménagement linguistique est un domaine qui a vu le jour dans les années 50. Ce domaine est donc récent en tant que discipline indépendante. Cependant, cette indépendance a toujours été contestée par les chercheurs dans le domaine de la linguistique. L'aménagement linguistique a toujours dépendu de la sociolinguistique (l'étude de la langue en relation avec la société) ; une idée qui a été bien exprimée et défendue dans plusieurs travaux confectionnés par le sociolinguiste le plus renommé de nos temps Jushua Fishman. Plus précisément, ce sont les études sociolinguistiques qui se penchaient sur l'étude de la relation entre la politique, la société et la langue qui ont donné naissance à l'aménagement linguistique.
Le mot « aménagement linguistique » n'est pas le premier terme utilisé dans cette littérature. Le premier terme est «language engineering» (ingénierie de la langue) déployé par Miller en 1950. D'autres termes ont été aussi utilisés comme « glottopolitics » (la glottopolitique), «language development» (le développement de la langue), entre autres. De tous ces termes, le terme « Aménagement Liguistique » est le plus usuel des autres mots précités.
L'aménagement linguistique est une intervention volontaire sur la langue. Il se veut une intervention sur les systèmes de la parole ou du codage de la langue ou les deux. Ces interventions sont conçues par des organisations établies pour répondre à des besoins. On peut donc dire que l'aménagement linguistique se concentre sur la résolution des problèmes ; une tâche qu'il fait par le biais de la formulation et l'évaluation d'alternatives pour résoudre les problèmes de langue et prendre les meilleures décisions. En outre, l'aménagement linguistique n'est pas une action exclusivement linguistique, c'est aussi une activité politique et administrative qui définit la fonction de la langue, son usage et son enseignement.
3- Quelles sont les étapes importantes dans une politique visant l'aménagement d'une langue ?
Il n y'a pas de société sans politique linguistique, même si plusieurs politiques existent implicitement sans aucun aménagement à priori. Quand on parle d'une politique linguistique visant l'aménagement d'une langue, on parle d'un processus qui s'applique suivant un ensemble d'étapes et dispose de trois composantes majeures : - le choix de la langue à aménager – la politique adoptée – l'évaluation de la politique choisie et des choix faits.
Pour ce qui est de l'implémentation d'une politique linguistique, il faut passer par 4 étapes : la formulation de la politique, sa codification, son élaboration et son implémentation.
La formulation d'une politique linguistique est un processus de prise de décision. Le facteur politique essentiel dans la formulation d'une politique linguistique est l'objectif de l'organisme (par exemple, le gouvernement ou la nation) qui va formuler cette politique.
La codification d'une politique linguistique, qui vient en deuxième position, se rapporte à la préparation technique de la dite politique. En fait, la codification ne s'occupe pas seulement de la préparation technique des mécanismes nécessaires pour établir la politique linguistique (construire des règles officielles pour la grammaire, l'orthographe, la prononciation … etc.) mais aussi de prêter attention aux sentiments, attitudes, valeurs, préférences et pratiques des bénéficiaires de cette politique. Quand une politique linguistique est codifiée, l'aménageur ne doit pas perdre de vue que les gens veulent que leur langue reflète ce qu'ils sont, ce qu'ils étaient et ce qu'ils seront. Autrement dit, une langue dans laquelle ils puissent se reconnaître.
La troisième étape est l'élaboration d'une politique linguistique. Il s'agit de l'expansion de la langue concernée ou de son système graphique sur toutes les sphères d'activité dans lesquelles son usage est envisagé. Cette étape requiert la confection d'une orthographe suffisamment détaillée pour asseoir les nouveaux termes et les emprunts ; le système graphique de même doit s'adapter avec la technologie disponible dans des domaines tels l'informatique, l'impression, etc… . Dans cette même étape, l'aménageur est censé élaborer des lexiques pour combler les lacunes terminologiques dans tous les domaines. L'élaboration, à la différence de la formulation et la codification, dure tout le temps durant lequel la politique est en vigueur.
La quatrième étape est l'implémentation. On parle ici de la procédure déployée pour provoquer le changement nécessaire dans la langue en vue de la réalisation des objectifs de la politique linguistique établie. L'implantation établit la manière dont un plan est opérationnalisé afin d'atteindre l'objectif fixé. Une organisation doit être construite pour que la politique d'aménagement puisse être implémentée avec succès.
4- Quel niveau de langue « résiste » le plus à la standardisation ? Pourquoi ?
La standardisation des différentes variantes d'une langue se fait sur la base de plusieurs niveaux linguistiques : graphique, phonologique, morphologique, syntaxique et lexical. Il serait difficile de dire lequel de ces niveaux linguistiques résiste le plus à la standardisation. Premièrement, chaque langue a ses spécificités linguistiques qui la différentient des autres langues. Cela signifie que standardiser l'amazighe au Maroc est différent de standardiser le swahili en Ethiopie ou le quechua au Pérou. Chaque langue comprend des variantes régionales avec des caractéristiques spécifiques relatives à chaque niveau linguistique. La difficulté peut se manifester dans un niveau ou un autre. Quand le linguiste ou l'aménageur se trouve devant un niveau qui manifeste beaucoup de variation, il se peut qu'il se heurte à des difficultés pour l'aménager. Encore que les motivations de ces difficultés soient souvent d'origine historique et diachronique.
En deuxième lieu, il faut aussi signaler que la résistance à la standardisation peut se manifester aussi chez l'usager dans un niveau linguistique ou un autre et pas seulement chez l'aménageur qui essaye de codifier la langue. Si les règles officielles codifiées de la langue n'arrivent pas à être utilisées par les locuteurs dans un ou plusieurs niveaux de langue, on peut parler dans ce cas d'une résistance au niveau de l'implantation de la forme standard. Pour ce qui est de l'amazighe, les niveaux linguistiques qui ont nécessité beaucoup d'efforts pour les chercheurs de l'IRCAM, me parait-il, sont principalement celui de la phonétique et celui de la morphosyntaxe. Pour être plus claire, le processus de La normalisation phonétique et morphosyntaxique oblige les aménageurs, équipés de leurs outils linguistiques nécessaires, à déterminer les meilleures solutions qui peuvent servir l'unification de la langue amazighe au milieu de cet émiettement de parlers qui ne cessent de s'éloigner de jour en jour. Cependant, les efforts des aménageurs se heurtent à des problèmes de l'usage. En effet, la résistance des usagers aux choix des linguistes est possible s'il n y a pas de correspondance entre les formes attestées et les normes des aménageurs.
Le lexique, quant à lui, présente d'autres problèmes. Ces problèmes se manifestent dans la mise à niveau lexicale de la langue, autrement dit, dans la nécessité de créer de nouveaux mots (néologisme) pour remplir les lacunes lexicales relatives à des technolectes précis (une action qui doit accompagner le processus de l'application de la politique linguistique visant la standardisation de la langue amazighe). Le lexique ne manifeste ni les mêmes problèmes rencontrés dans les niveaux phonétique et morphosyntaxique ni leur gravités. La difficulté rencontrée dans le domaine lexical se limite seulement aux efforts fournis par les chercheurs pour inventer des mots nouveaux. Leur souci concernant la résistance de l'usager vis-à-vis aux nouveaux termes est faible, car l'usager n'a pas dans sa variante d'autres termes concurrents.
5- Quel est le bilan de l'IRCAM en matière d'aménagement de la langue amazighe ?
Depuis le lancement du processus de l'aménagement de la langue amazighe en 2002, la standardisation qui a été adoptée à l'IRCAM est celle de développer une norme convergente sur la base des trois variétés régionales (tarifite, tamazighte, tachlhite) qui existent au Maroc. Cette approche convergente a été adoptée pour l'aménagement du corpus, un aménagement qui s'est fait par le biais de la codification graphique, l'aménagement morphosyntaxique et la modernisation lexicale.
Au niveau graphique, la norme Tifinaghe IRCAM a été créée pour faciliter la lecture et l'écriture de la langue amazighe, chose d'importance capitale vu le passage de la langue amazighe de l'oral à l'écrit.
Ce défi a été réussi dans un temps record (une année). Les locuteurs ont maintenant à leur disposition une graphie standard qui les aide à éviter les fluctuations causées par les traditions d'écriture et de transcription antérieures qu'elles soient arabes ou latines. Pour faciliter l' usage de Tifinaghe dans le domaine des technologies de l'information, des contacts ont été pris avec le Consortium Unicode, dépendant de l'organisation Internationale de Standardisation (ISO), pour ajouter l'écriture Tifinaghe au Plan Multilingue de Base. La proposition a été acceptée à l'unanimité. Ce qui signifie que l'usager peut, dorénavant, taper directement son texte sur un clavier tifinaghe, lire des textes électroniques sur l'ordinateur et envoyer des mails en tifinaghe .
Au niveau morphosyntaxique, beaucoup d'efforts ont été déployés pour la régulation progressive des faits de variation morphosyntaxique. Dans ce domaine, deux travaux ont été publiés : « Initiation à la langue Amazighe» et «la Nouvelle Grammaire de l'Amazighe ».
Un manuel de conjugaison de la langue amazighe est sous presse. Ceci dit, Il reste des aspects morphosyntaxiques de la langue amazighe qui nécessitent plus d'études convergentes comme le nom, le système numéral, les collocations lexicales, l'aspect, entre autres.
Le niveau lexical est d'une importance capitale dans l'aménagement d'une langue. C'est pourquoi les chercheurs du CAL se sont donnés beaucoup de peine pour moderniser le lexique amazigh et satisfaire la demande croissante au niveau des prestations terminologiques. Deux champs on pris la part du lion dans le domaine de
la création terminologique, notamment les médias et l'enseignement vu leur importance stratégique dans l'implémentation d'une politique d'aménagement de l'amazighe. Beaucoup de travaux ont été réalisés dans le domaine de la création terminologique, entre autres «Vocabulaire de la Langue Amazighe 1», «Vocabulaire des Médias» et «Vocabulaire Grammatical». Beaucoup d'autres travaux sont en phase d'élaboration.
(Asuivre)
Propos recueillis par : Moha Moukhlis
*Chercheur - Linguiste à l'IRCAM
Célébration à l'IRCAM
Journée Mondiale des Droits de l'Homme
A l'instar d'autres institutions, organismes et associations nationales, l'Institut Royal de la Culture Amazighe a célébré la Journée Mondiale des Droits de l'Homme, le vendredi 10 décembre 2010, sous le thème « Les droits linguistiques et culturels au Maroc : situation et perspectives ». Ce fut également une occasion pour l'Institut de rendre hommage à M. Abdelkader Amasri, militant des droits humains et Chef du Département des Ressources Humaines.
L'activité, présidée par M. le Recteur de l'Institut, a connu la participation de plusieurs conférenciers, en l'occurrence MM. Mohamed Elmanouar (Membre du Conseil d'administration de l'Institut), Abdeslam Khalafi (Chercheur au Centre de la Recherche Didactique et des Programmes Pédagogiques), Mohamed Alahyane (anthropologue) et Abderrahman Billouch (Chargé du suivi du dossier de l'enseignement auprès du Rectorat).
Les exposés donnés ont porté sur l'évolution des droits de l'homme au niveau international (perspective historique) et national. Il ont mis l'accent sur les textes et chartes internationaux qui protègent la diversité culturelle et linguistique et ont souligné l'évolution et les progrès réalisés par le Maroc en matière des droits culturels et linguistiques.
Un hommage a été également rendu à M. Abdelkader Amasri, militant des droits humains, pour son engagement en faveur de la défense des droits humains en général et des droits culturels et linguistiques en particulier. Le parcours de vie de M. Abdelkader Amasri a fait l'objet d'une présentation en diaporama, assurée par M. le Secrétaire général de l'Institut. A la fin de l'activité, des présents symboliques ont été offerts à M. Amasri, en compagnie de ses amis de lutte.
Ger Zik d Tura, de Saïd Chemakh
(Professeur de l'amazighe à Tizi Ouzzou – Algérie)
Un recueil de nouvelles en tamazight
La littérature de langue tamazight (berbère) ne cesse de s'enrichir. Et pour preuve : le nombre de publications qui ne cessent de croître. En effet, depuis le réveil identitaire, beaucoup d'auteurs amazighs ont compris que seule la littérature écrite peut sauver tamazight d'une mort à laquelle l'ont vouée les régimes arabo-islamiques.
Depuis, des romanciers, des dramaturges, des poètes… ont produit des textes non pas oraux mais écrits car comme disait le proverbe latin : les paroles s'envolent, les écrits restent. Said Chemakh est de ceux-là. De ceux qui refusent de voir tamazight mourir.
Saïd Chemakh est plus connu dans le milieu universitaire et dans celui du militantisme berbère. En effet, son ancien professeur et préfacier de son livre, Salem Chaker dit de lui : «…il fait partie de ces militants kabyles du mouvement culturel berbère, engagés sur la longue durée, alternativement et simultanément, sur tous les champs du combat berbère: militance de base dans le terrain universitaire et populaire, militance plus politique dans et autour des appareils organiques qui ont pu, à un moment ou à un autre, représenter l'aspiration berbère de Kabylie, militance culturelle par sa participation à l'enseignement, à la création et à la diffusion, militance scientifique enfin et surtout, qui a amené Saïd à réaliser un travail titanesque, qui fera date, sur le vocabulaire fondamental du kabyle». Saïd Chemakh est né en 1968 dans l'âarch des Ait-Bougherdan, l'actuelle commune d'Assi-Youcef près de Boghni. Après des études à l'université de Bab-Ezzouar et de Tizi-Ouzou, il s'inscrit en 1989 à l'Inalco. En 1994, il entame un DEA en linguistique berbère. En 2003, il soutient une thèse dans le même domaine. Outre des études en didactique, espagnol et infographie, Saïd a, aussi à son actif, plusieurs articles et textes de tous genres publiés dans divers journaux, revues et sites internet.
Le recueil de nouvelles Ger zik d tura
Ger Zik d tura peut être traduit en français par D'Antan et d'aujourd'hui. C'est un recueil de neuf nouvelles et cinq autres textes. Les nouvelles traitent essentiellement de l'univers kabyle. Les scènes décrites se passent en Kabylie ou à Alger. Le fil conducteur entre elles reste la question : qu'est-ce qui a changé entre la société traditionnelle et celle d'aujourd'hui ?
La première nouvelle intitulée Taninna ou la vie d'une jeune fille kabyle, traite du sort d'une étudiante Taninna qui a cru s'en sortir en faisant des études supérieures. Mais c'était compté sans les lourdeurs de la société.
La 2e, Confiance et trahison traite, de la vendetta organisée à Awejhan après la mort de son fils.
La 3e, L'aventure du fils d'Achiban, aborde la façon dont les parents kabyles éduquent leurs enfants. La morale qu'on trouve à la fin du récit est éloquente. Cette nouvelle est d'ailleurs insérée dans le manuel scolaire de tamazight pour les classes de Terminale.
La 4e, Ils feront la fête, traite de l'insolence des fils envers leur père. Ce dernier qui s'est sacrifié en France des années durant pour leur bien-être finira par se suicider le jour de leurs mariages.
La 5e, Le retour, est une dénonciation du lévirat. Des années après sa prétendue mort…Et l'enterrement de son cercueil, Meqran débarque au village. Sa femme a été remariée de force à son frère.
La 6e, Un dinar, traite de l'infidélité. Rezqi considère les Algéroises comme des filles faciles. Il ira prendre femme en Kabylie. Il en choisira une qui n'a jamais été à l'école. Mais cette dernière, une fois arrivée à Alger, s'avère être une autre personne.
La 7e, Le voyageur. Meqran quitte la Kabylie pour la France. Mais il n'est allé ni pour travailler, ni pour étudier, ni pour faire du tourisme. Qu'est-ce qui l'a poussé à faire cela ?
La 8e, Les vieilles maisons du village. Yidir n'a pas poursuivi d'études comme ses anciens camarades. Des années après, ils sont tous partis. Il est resté seul au village. Seul, près des tombes du village.
La 9e, Si tu savais. Mennad a vu mourir des jeunes pendant les émeutes d'octobre 1988 à Alger. Il ne savait pas que sa fiancée sera tuée au balcon de la maison par une balle perdue.
Les six autres textes sont très courts. Dans Mazigha, S. Chemakh s'est inspirée du chant de Ferhat Mehenni Aqcic d uâettar (Le jeune et le mendiant). Le second texte est un procès du soi-disant apport civilisationnel du colonialisme. Le troisième est une réplique à ceux qui nous invitent à embarquer dans n'importe quelle galère. Le nouvelliste appelle Tariq Ben Zeyyan et lui demande de brûler les bateaux ! Le quatrième est un hommage aux ancêtres qui malgré les affres de l'histoire ont réussi à sauver un trésor, le tamazight, et à nous à le transmettre. Le cinquième texte traite d'une femme kabyle tuée lors de la guerre d'indépendance. Le dernier, Nedjma partagée, est un vibrant hommage à Kateb Yacine.
Critiques
En 1993, S. Chemakh a déposé une première version de son recueil au Prix Mouloud Mammeri organisé par la FNACA, dirigée par Malika Ahmed-Zaid. Il a reçu un prix d'encouragement. Cela l'a beaucoup motivé pour aller de l'avant et écrire plus. Même si plusieurs années se sont écoulées depuis, le nouvelliste y revient d'ailleurs dans un entretien qu'il nous a accordé, il n'a pas baissé les bras. Presque tous ses textes ont été diffusés dans des revues (Tafsut, Tighri unelmad, Amaynut…) et sites Internet.
Lors de la sortie du premier tirage du recueil, c'est l'écrivain Tahar Ould Amar, lauréat du prix Apulée 2008 pour son roman Bururu, qui salue l'œuvre de S. Chemakh.
Il y a bien sûr le préfacier Salem Chaker qui disait : « Ce recueil de nouvelles de Saïd est une de ces pierres fondatrices et continuatrices, d'autant plus précieuse qu'elle est d'un genre nouveau dans l'espace kabyle – espèce encore rare !
L'œuvre de Saïd Chemakh participe de l'appel à la liberté et à l'existence porté par les créateurs kabyles depuis un siècle ; elle participe de cette volonté d'explorer des espaces et des formes nouvelles, d'inscrire la Kabylie et son message dans le concert du Monde. Liberté des hommes et des femmes, de la langue et de la culture.».
La langue utilisée par l'auteur est simple et facile à comprendre. C'est qu'on appelle communément taqbaylit timserreh't. Il y a, certes, quelques termes propres à sa localité et quelques néologismes, mais les textes sont lisibles.
C'est bien dommage, que l'éditeur ait revu la transcription car certaines «soi-disant corrections» apportées ne sont pas conformes aux recommandations de l'Inalco.
Le texte i welmat-negh yemmut (A notre sœur, la martyre) est la preuve de la circulation de la poésie féminine kabyle, S. Chemakh l'a recueilli auprès de sa mère. Cette dernière nous l'a redit lors du tournage du film qui lui est consacré avec Hocine Berfane. Or, nous avons recueilli une version presque identique à Tala-Khelil. Version qui figure d'ailleurs dans notre recueil Chants féminins de la guerre. Cette circulation de la poésie orale dans l'espace kabyle a déjà été abordée par M. Mammeri dans Poèmes kabyles anciens.
La lecture du recueil Ger zik d tura nous laisse sur notre faim. A l'instar des romanciers A. Mezdad, B. Tazaghart, S. Zenia… le nouvelliste nous plonge dans un univers merveilleux. Un univers de fiction mais où la Kabylie profonde apparaît telle qu'elle était et est. Nous sommes dans l'attente d'autres récits. D'autant plus que S. Chemakh a dit qu'il compte publier un second recueil intitulé Kahinat n wass-a (Les Kahena d'aujourd'hui) ainsi qu'un roman, Tayri d tudert (l'amour, la vie). La pièce de théâtre L'amour de loin d'Amin Maâlouf qu'il a traduite en kabyle est mise en scène par ses étudiants avec le soutien de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou.
Le Nouvel an amazighe : 2961
Pourquoi célébrer Yennayer ?
Innayr ou «Id n usggwas» (appelé par les arabophones marocains «Hagouza») est la fête célébrant le passage au nouvel an par les Imazighen.
Il correspond au 13 janvier du calendrier grégorien, devenu universel. À l'instar des autres civilisations dans le Monde, les Imazighen ont leur propre calendrier. Selon les historiens, l'avènement de Yennayer de l'an 951 avant Jésus-Christ du calendrier grégorien correspond à un événement politique de portée incommensurable pour les Imazighen. Nombreux dans les différentes armées des Pharaons, les Imazighen allaient peu à peu s'affirmer et influencer les Rois Pharaons.
En effet, en l'an 950 Av.J., à la mort du Pharaon Psoussenes II, un Amazigh répondant au nom de Sheshnaq accède au statut de Pharaon d'Egypte en soumettant tout le Delta du Nil, ainsi que la grande prêtrise égyptienne sous son autorité, et fonda sa capitale à Bubastis. Auparavant, Chechanq I régnait sur un territoire allant de la partie orientale de la Libye actuelle jusqu'au delta du Nil. Il régna sur l'Egypte en tant que Pharaon de 950 jusqu'à 929 av. J.-C.
Soucieux de respecter la tradition pharaonique, son fils épousa la princesse Makara, fille du défunt Pssossenes II. En commémorant cet événement, Yennayer devient également le symbole des retrouvailles entre les Imazighen et leur histoire plusieurs fois millénaire, de laquelle ils ont été injustement spoliés depuis maintenant deux millénaires.
Sa célébration s'explique par l'importance accordée aux rites et aux superstitions de l'époque dont certaines subsistent encore de nos jours. La période en question attire particulièrement l'attention car la saison correspond à l'approche de la rupture des provisions gardées pour l'hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites.
En Afrique du nord et dans la Diaspora, des ts et des cadres associatifs amazighe célèbrent le nouvel an amazighe, de manière régulière, d'aucuns demandent à ce que le 13 janvier de chaque année soit un jour férié, au même titre que celui de l'année de l'hégire et l'année grégorienne.
Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc
Présentation-débat de l'ouvrage
«Les amazighes aujourd'hui, la culture berbère »La BNRM a organisé le 10 décembre 2010 une rencontre-débat autour de l'ouvrage « Les Amazighes aujourd'hui, la culture berbère » qui rassemble les actes du colloque organisé par l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMED), à Barcelone en 2005 et publié aux éditions Publisud, France. L'ouvrage traite de trois axes : les aspects historiques et anthropologiques, la langue et l'écriture, et la participation et la représentation sociales. Les contributeurs au colloque se composent de chercheurs en sciences humaines et sociales affiliés à des institutions maghrébines et à des institutions européennes, et des activistes associatifs amazighes du Maghreb et d'Europe.
Cette rencontre s'est déroulée sous la houlette de M. Driss Khrouz, directeur de la BNRM et avec la participation de Mme Maria-Angels Roque, directrice d'études à l'IEMED et M. Ahmed Boukous, recteur de l'IRCAM. L'assistance était composée d'intellectuels, de chercheurs et d'associatifs. L'exposé de Mme Roque a été consacré à l'importance des relations culturelles entre les pays euro-méditerranéens et les pays du Maghreb, aux relations historiques et aux affinités culturelles entre ces pays, à la pertinence des thématiques abordées par les contributeurs et aux projets d'avenir. Quant à l'exposé de M. Boukous, il a été centré sur le contexte dans lequel s'est inscrit le colloque, les défis posés à et par l'amazighité aux amazighes, à la société et à l'Etat, et sur les conditions politiques, institutionnelles et opérationnelles nécessaires à la promotion de l'amazighe dans le cadre d'un plan stratégique. Le débat qui a suivi les exposés était riche et instructif, et a permis d'entrevoir des pistes de réflexion et d'action pour l'avenir.


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