La plus grande bataille que doivent livrer tous les Marocains est celle qui suivra le vote de la constitution. C'est en substance le message essentiel qu'a voulu transmettre, samedi à Errachidia, Nabil benabdellah, secrétaire général du Parti du Progrès et Socialisme (PPS), en tournée au sud-est du pays (Rissani, Boumaln Dadès et Ouarzazate), pour expliquer les grands axes de la nouvelle constitution. Lors de ces meetings et rencontres avec les habitants de ces provinces, il a appelé les jeunes à s'approprier la chose politique, en continuant leur lutte après le vote de la constitution. Dans un franc-parler politique habituel au leader politique du parti du Livre, Benabdellah a invité les jeunes à barrer la route aux professionnels des élections et à s'impliquer avec courage dans le processus du changement après le vote de la constitution. « La nouvelle constitution sera certainement très avancée dans ses contenus et ses articles, mais la grande catastrophe serait de l'offrir sur un plateau d'or aux corrompus et aux habitués de la dépravation électorale ». Ceci dit, les réformes constitutionnelles restent toujours insuffisantes et ne sont qu'une première étape, dans la mesure où l'on doit accorder davantage d'importance aux réformes politiques et électorales et aux mesures accompagnantes telles les lois organiques. Et partant, nous sommes tous appelés à assainir le champ politique marocain des corrompus, ce qui nous emmène à évoquer le problème de la production des élites dans notre pays. Si l'on ne débouche pas sur des institutions politiques et représentatives des aspirations populaires, dit-il, le résultat serait loin de celui auquel nous aspirons toutes et tous. Et là aussi, Nabil Benabdellah n'a pas mâché ses mots : « Le mouvement 20 février nous a offert une grande bouffée d'oxygène et une énergie sans pareille, mais les jeunes doivent couver leurs aspirations, leurs rêves les protégeant contre ceux ayant leurs propres agendas politiques ». Volet alliances, le secrétaire général a été, on ne peut plus, clair. Pour lui, la Koutla et la gauche sont le premier choix du PPS, mais cela reste insuffisant en matière de sièges, ce qui n'empêche pas de composer avec d'autres partis ayant démontré une certaine capacité à se restructurer en dehors des sillages de l'administration. L'expérience de la majorité gouvernementale a prouvé que le plus important est de mettre en œuvre un programme progressiste (femme, dimension sociale, droits de l‘homme, chantiers économiques…). Pour le PJD (Parti Justice et Développement), rien n'empêche une alliance avec ce parti, notamment s'il se développe sur le plan de ses conceptions de valeurs et révise certaines manières de voir la chose politique, qui n'affecteront en rien la religion islamique. Mais ce qu'il faut lors des prochaines échéances, c'est bien cette annonce préalable des alliances et des projets pour que le peuple vote en connaissance de cause. Dans la même optique, Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS a souligné le fait que le Maroc est à la veille d'un changement historique, dont le peuple reste le concepteur. «Il n'y a pas de peuple dans tout le monde arabe qui débatte de la sorte de son avenir et dans un cadre aussi libre comme vous êtes en train de le faire maintenant», a fait remarquer M. Naciri. Et de renchérir que le grand fiasco dans notre politique marocaine reste certes la production d'élites. Une double responsabilité est engagée dès lors, a-t-il fait savoir. Celle des partis d'abord, qui consiste à présenter des candidats honnêtes et intègres et celle des élites locales et nationales ensuite, qui devraient mettre fin au boycott de la chose politique. Et c'est là qu'il a enchaîné sur la question de régionalisation, qui reste, selon lui, «très complexe», étant donné les différents paramètres adoptés par les analystes et observateurs. D'aucuns adoptent le paramètre culturel, d'autres historique, d'autres encore le paramètre spatial… mais vers la fin, il faut être pragmatique pour déboucher sur la formule idoine.