ALM : Pouvez-vous nous parler de votre quotidien pendant le mois de Ramadan? Samira Kadiri : Comme tous les Musulmans, j'attends Ramadan avec une grande joie. C'est un mois de prière, de méditation et de réconciliation avec soi. Nous multiplions les prières et l'aumône. Je le considère comme une occasion pour les retrouvailles et l'échange de visites entre amis. C'est l'unique mois lunaire où nous changeons certaines de nos habitudes. Personnellement, j'essaie de concilier, comme pour les jours ordinaires, entre mes responsabilités au foyer, mon travail d'artiste et celui de directrice de la Maison de la culture de Tétouan. Je me réveille tôt pour préparer le petit déjeuner de mes enfants et tout ce qu'ils ont besoin pendant leur journée à l'école. Je consacre un peu de temps par la suite pour m'occuper de la maison. Je fais quelques exercices physiques avant de partir pour mon travail. Aimez- vous cuisiner ? Je trouver du plaisir à cuisiner pendant le mois de Ramadan. Surtout que mes occupations artistiques ne me permettent pas de pratiquer quotidiennement la cuisine que j'aime beaucoup. Je tiens à préparer tous les Chhiwats sucrés dont Chebbakia, Baklawa et Selou (Sfouf). Les salades et les gâteaux sont la spécialité de ma fille Mouna, âgée de dix ans, qui se charge pour en préparer durant le Ramadan. Je laisse la préparation du reste de Chhiwats à la femme qui m'aide dans les travaux domestiques et qui est une bonne cuisinière. Qu'est-ce que vous préparez pour votre table du ftour ? Je préfère préparer un ftour équilibré qui ne manque de rien. J'essaie de ne pas m'abuser dans la préparation de recettes pour ce repas de rupture. Ma table comporte généralement la Harira- que je remplace souvent par la soupe-, de lait, des dattes, des gâteaux et Chebbakia. Je tiens à respecter certaines traditions comme par exemple laisser le café, le thé et Sellou toute la soirée sur la table. Regardez- vous la télévision pendant le mois de Ramadan ? Je ne suis pas un téléspectateur assidu, car je suis une grande passionnée pour la lecture. Je n'aime pas les téléfeuilletons arabes mais j'aime suivre les films documentaires. Les choses changent pendant le mois de Ramadan, j'aime suivre les spectacles télévisés marocains par curiosité et amour pour la production nationale. Que préparez- vous pour le dîner et le shor ? Nous prenons d'habitude le dîner après la prière d'Al Ichae qui est composé toujours par le poisson, des fruits ou un cocktail de fruits que je prépare moi- même. Je prends le thé à onze heures et je me mets tout de suite après au lit. Je ne me réveille qu'à l'heure du shor. Et c'est mon mari et mon fils qui ont l'habitude de nous préparer à manger, bien que je sois une spécialiste de la préparation des crêpes destinées généralement pour la table du shor. Je ne prends pour ce repas qu'un verre de lait, un petit morceau de pain ou de crêpe. Gardez- vous un souvenir particulier de ce mois sacré ? Je garde toujours le souvenir d'une famille qui habitait une grande et belle maison près de chez- nous. Je croyais que ces voisins étaient riches. Je n'ai découvert qu'ils sont pauvres qu'en accompagnant ma grand- mère pour leur rendre visite pendant le mois de Ramadan. Leur père avait fait faillite, mais ils ont continué à vivre avec dignité et ont refusé pendant longtemps de vendre leur maison. En tant qu'artiste, aimez- vous travailler pendant le mois de Ramadan ? Je me produits peu pendant le Ramadan bien que ma famille m'aide beaucoup. Je n'ai pas pu participer au festival de la musique sacrée de Los Angeles qui se déroule en ce mois sacré et dont je me suis excusée. Je viens de participer aux activités du festival de Sete Solas Sete Loas qui vient de se dérouler au Portugal.