ALM : Quels sont les motifs qui vous ont poussé à quitter la scène? Hassan Mégri : Quitter la scène ne veut pas dire abandonner la musique et la créativité artistique. Nous devons constamment lutter pour exister parmi les autres. Or concernant ma personne, j'existe bien dans le temps et l'espace du fait que ma carrière artistique a été couronnée de succès par des consécrations, des titres honorifiques et des reconnaissances à l'échelle nationale et internationale. Je sens que je suis un artiste comblé pour faire partie de cette élite ayant eu ses lettres de noblesse et il serait sage d'investir le temps qui me reste à vivre pour entreprendre d'autres actions artistiques et culturelles nécessaires et impératives dans ma vie acuelle et future. Ces réalisations seront dévoilées en temps voulu. Vous envisagez de passer le flambeau à votre fils Nasr bien que vous ne soyez pas de la même génération. Croyez-vous qu'il vous représentera comme il se doit malgré cette différence de générations? Pour moi, Nasr Mégri est le nouveau challenger de la World Music Arabe. C'est aussi l'une des raisons qui m'ont encouragé à quitter la scène et les concerts en live devant un public possessif toujours assoiffé de nouveautés. Effectivement, Nasr Mégri est, actuellement, en mesure d'entreprendre et de réussir ce genre de show marathonien. Il est l'héritier du mouvement musical Mégri que j'ai instauré dès les années 60. C'est pour cela que je lui remets le flambeau Mégri tout en ayant la conscience sereine et pleine d'espoir qu'il réussisse à maintenir le cap tel un grand timonier. S'agissant de l'écart de générations, je ne crois pas un seul instant que Nasr Mégri puisse rencontrer un quelconque obstacle dans cette mission qui n'est plus une «mission impossible» du fait qu'il est le cinquième élément choisi par le destin pour reprendre le flambeau. Gardons cette vision bénéfique d'autant plus que Nasr va jouer un rôle crucial et tel un catalyseur, il sera l'ambassadeur du mouvement Mégri pour servir les générations futures et tout particulièrement notre jeunesse qui a besoin d'un nouveau leader de la World Music Arabe. D'aucuns estimaient dernièrement que le groupe des frères Mégri serait reconstitué. Est-ce que vous confirmez? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui empêche cette reconstitution? Pour reconstituer un groupe, il faudrait d'abord qu'il soit désuni, ce qui n'est pas le cas. Car à ma connaissance, Hassan, Mahmoud, Younes et Jalila sont déjà liés par le sang de la fraternité, portent le même nom de famille, ont la même religion et la même patrie le Maroc. Nous évoluons sous un même ciel et nous partageons le même public qui nous aime sans aucune distinction ni préférence. Il est vrai que nous nous produisons rarement ensemble sur scène, à la télévision ou dans les Festivals. Mais ceci est dû à des raisons financières, paraît-il nous coûtons cher ensemble à la fois pour nos exploiteurs. Ce qui est tout à notre honneur. Et donc nos prestations individuelles prêtent à confusion pour certains qui voient en cela une division dans nos rangs. Vous êtes fondateur du Comité national de la musique (CNM), quel en sera le sort après avoir quitté la scène? Il n'y a aucune relation entre ma carrière artistique et le CNM dont je suis le président fondateur depuis l'an 2000. En quittant la scène, le CNM ne peut se porter que beaucoup mieux puisque je consacrerai plus de temps aux Prix «Rabab d'Or», «Ziryab des Virtuoses», «Al Farabi», la «Fibule d'Or» et le Prix Mégri de la World Music Arabe, tous parrainés par le Conseil international de la musique, sans oublier pour autant le Festival international «Eté des Oudayas» des arts et de la culture dont je suis le président fondateur également.