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On ne connaît plus la chanson
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 09 - 2003

Avant, les gens écoutaient de la musique. C'est-à-dire qu'ils cessaient toute activité pour être seulement avec la musique. Aujourd'hui, la musique est un accompagnement. On l'écoute d'une oreille distraite pour combler les silences dans les conversations. Dixit Abdelwahab Doukkali, un artiste au franc-parler légendaire.
ALM : Etes-vous d'accord avec les personnes qui disent que la chanson marocaine ne se porte pas bien ?
Abdelwahab Doukkali : Elle ne peut pas se porter bien tant qu'il n'y a pas une grande production. L'autre jour, j'ai appris dans la presse qu'un journaliste a écouté dans la radio cent chansons en arabe, sans réussir à en découvrir une seule marocaine. Comment voulez-vous qu'un artiste produise des chansons, si le fruit de son travail n'est pas diffusé. L'artiste en est éprouve de la frustration. Il s'angoisse, parce qu'il ne peut pas s'empêcher de se considérer comme la cause du désintérêt des gens. Peut-être sont-ils blasés ? Peut-être qu'ils n'écoutent plus la musique.
Les auditeurs seraient donc aussi responsables de la mauvaise santé de la chanson marocaine ?
Avant, les gens écoutaient de la musique. Je dis bien écouter. C'est-à-dire cesser toute activité pour être seulement avec la musique. Aujourd'hui, la musique est un accompagnement. On l'écoute d'une oreille distraite pour combler les silences dans les conversations. Pour se distraire un peu lorsqu'on conduit une voiture. On diffuse aussi une musique inaudible pour faire bon genre, pendant les soirées. Mais, il n'y a plus cette écoute attentive, respectueuse, religieuse, exclusive de la musique ! Même dans des salles de spectacle, les gens ne veulent pas renoncer aux bruits du monde. Les téléphones mobiles sonnent, des conversations sont amorcées. Naguère, les gens organisaient des séances de musique. Ils se réunissaient, lors de soirées intimes, pour écouter des œuvres. Je ne suis pas nostalgique ou passéiste, mais les gens ont désappris à écouter la musique. Et la chanson ne peut pas se développer, lorsqu'on lui assigne la fonction d'un accessoire.
La chanson a pourtant conquis des espaces nouveaux comme la télévision…
Je ne suis pas pour le système de matraquage à la télé. On connaît la chanson ! Les clips sont gracieusement offerts à la télévision, en vue de préparer les tournées des chanteurs. Mais ces chansons se consomment très vite ! Tout le monde les oublie le lendemain. Personne ne demande aux chanteurs de variétés le tube de l'année dernière, car personne ne s'en souvient ! Alors que je suis un homme très heureux, parce que je rencontre encore des gens qui me demandent des chansons d'il y a quarante ans.
Vous condamnez l'industrie des clips ?
Non ! C'est un excellent moyen de promotion lorsqu'elle pousse un artiste qui se respecte. Mais lorsqu'on porte aux nues une chanteuse, rien que parce qu'elle a une belle frimousse, porte des robes moulantes ajoutant du relief à ses formes ou sait battre des cils d'une manière langoureuse, cela ne sert pas l'art. Il ne faudrait pas croire que les artistes femmes sont les seules à profiter de cette mode. Les producteurs libanais sont experts dans l'art de propulser un chanteur qui a une apparence virile ou de la présence physique. Cela dit, je constate le phénomène, mais ne le condamne pas. Si on en faisait autant au Maroc, nous ne serions pas un réceptacle de chansonnettes orientales. C'est sans doute la faute des promoteurs et des producteurs marocains qui sont petits. Ils n'ont pas le sens des affaires. Ils ne savent pas dépenser de l'argent pour en gagner.
Passons à un autre sujet. Les gens vous attendent. Cela fait deux ans que vous n'avez rien produit.
C'est vrai ! D'une part parce que je suis occupé par des affaires personnelles relatives à ma famille. D'autre part, parce que je fais une pause de réflexion. C'est une grande responsabilité que d'avoir du succès. Quand les gens vous acclament, et qu'ils chantent vos chansons, vous avez l'obligation non seulement de ne pas les décevoir, mais de chercher à les étonner avec plus de qualité et de créativité. Je réfléchis, mais bientôt, peut-être avant la fin de l'année, le public pourra juger mon nouvel album qui a pour titre « Achem's et l'ghrbal » (le soleil et le tamis). Il est permis de tout voir et de tout entendre dans ce titre. Mais, ce que je peux confier d'emblée au public, c'est que j'ai pris tout mon temps pour lui présenter des œuvres où j'innove.
Considérez-vous le renouvellement comme l'un des soubassements de votre art ?
Bien sûr ! C'est la dynamo de tout art. Ce qui permet d'avancer, d'explorer et de découvrir. Autrement, il n'y a qu'à répéter la même phrase pendant 20 ans. Les chanteurs qui ne se renouvellent pas, finissent par ressembler à un disque rayé. Ils font du sur-place en répétant la même mélodie. Tout doit changer. C'est la loi de la vie. C'est vrai que les œuvres authentiques demeurent, mais elles résistent à l'usure, parce qu'elles été modernes en leur temps.
Comment composez-vous vos chansons ?
Je vais pour la première fois parler de ma méthode. Je prends un ou deux poèmes. Je suis comme ces peintres qui peignent plusieurs toiles à la fois. Donc, je lis le poème, je le quitte pour un autre. Je le reprends et ainsi de suite, jusqu'à ce que je sente la puissance des mots, jusqu'à ce qu'ils créent un état d'âme en moi. Si je rencontre un vers faible, je ne le mets pas musicalement en relief. Je le traite furtivement, pour qu'il ne surgisse pas. Ensuite, j'établis une architecture. En clair, je prends un crayon et fixe les fondements de ma chanson. Je construis le premier étage, le deuxième, l'espace d'où je peux avoir une vue globale sur le tout. Ce espace qui ordonne l'ensemble des éléments et permet de tout voir, c'est le leitmotiv.
Vous utilisez votre luth ?
Quand j'arrive à avoir une bonne structure, la chanson commence déjà à naître. Je prends alors mon luth et commence à fredonner. Je tiens à signaler que je procède très rarement selon un ordre linéaire. Je commence par la fin, d'autres fois le milieu. C'est comme dans un film cinématographique. On commence rarement par la première scène. Il m'arrive d'ailleurs de composer une chanson d'un seul trait. Kan ya makane, je l'ai composée dans ma voiture.
Mais il faut que l'émotion soit là, autrement je n'avance pas. Comment expliquer cela ? Il s'agit d'une attitude très bizarre, une émotion qui se saisit de moi, me fait trembler et que j'espère communiquer aux auditeurs. Si je ne vibre pas, je change de composition. Mais quand la musique est propice à mes créations, quel enchantement !


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