«Molouk Attawaef» est le titre de la production syrienne actuellement en tournage au Maroc. Cette série qui tourne autour du déclin arabo-musulman en Andalousie, est interprétée par des acteurs syriens et marocains. Abdelkbir Rgagna fait partie du casting. Entretien. ALM : Vous jouez à présent dans la série syrienne « Molouk Attawaef » (Les chefs de factions), dont le tournage a pour cadre les sites historiques du Maroc ? De quoi s'agit-il dans cette série ? Abdelkbir Rgagna : Je dois, d'abord, préciser que c'est la première fois que je joue dans une série historique. Comme son titre l'indique, « Molouk Attawaef » (Les chefs de factions), cette série tourne autour de la fin du règne musulman en Andalousie. Il faut rappeler que les Musulmans avaient conquis l'Andalousie en 711 à l'époque du calife Al-Walid Ibn Abdul Malik et sous le commandement du gouverneur de l'Afrique du Nord Moussa Ibn Nouçair et son général Tarik Ibn Ziad. Après une longue période de règne, marquée par un remarquable rayonnement intellectuel sur l'Europe et l'Espagne en particulier, l'entre-déchirement que connurent les principautés musulmanes d'Andalousie marqua la fin du prestige musulman sur l'Andalousie. C'est justement de cette débâcle qu'il s'agit dans la série «Moulouk Attawaef». Quel personnage incarnez-vous dans cette série ? Je dois d'abord remercier le réalisateur syrien Hatim Ali d'avoir fait appel à moi pour tourner dans cette série intéressante, il m'a offert la possibilité d'entamer une nouvelle expérience dans ma carrière. Maintenant, en ce qui concerne mon rôle dans cette série, j'incarne le fils du gouverneur de Séville, Ismaël Ibn Abou Al Kassem Mohamed Ibn Abbad ; je campe donc le personnage du gouverneur de Séville. Comment décrivez-vous ce personnage ? Avant d'incarner ce personnage, j'ai dû bien sûr me renseigner sur sa vie et son œuvre. Les ouvrages historiques que j'ai consultés louent sa grande culture, sa force de caractère et sa ténacité de chef de guerre. Voilà pourquoi son frère cadet, Abbad Ibn Abou Al Kassem, a toujours souhaité sa mort, tellement il était jaloux de son frère aîné. Justement, ce vœu de mort finit par se concrétiser. Comment votre personnage perdit la vie ? Avant d'en arriver là, je dois rappeler qu'Ismaël réalisa plusieurs exploits en tant que chef de guerre. Chargé par son père, Abou Al Kassem Mohamed Ibn Abbad, de participer à la libération de «Qaramouna», ville qui fut sous le règne de Barazali, mais occupée plus tard par Yahia Al Hamoudi, Ismaël réussit à délivrer cette ville. Au bout de plusieurs autres exploits guerriers, ce chef de guerre finira par être assassiné par Badir Ibn Habous, gouverneur de Cordoue. Cet assassinat profita alors à son frère jaloux, qui deviendra plus tard le gouverneur de Séville. A préciser que ce personnage est le père d'Al Mouatamid Ibn Abbad, l'un des principaux chefs de factions, connu pour son despotisme et son machiavélisme. Comment s'est passée votre rencontre, dans cette série, avec les acteurs syriens ? Dans cette série, je côtoie des acteurs syriens de grand calibre comme Abderrahman Al Rachi, très connu à l'échelle arabe. Cet acteur incarne, dans « Molouk Attawaef », le père de mon personnage, aux côtés d'Ayman Zaydane, mon frère cadet dans la série. Pourquoi, à votre avis, cette série est tournée au Maroc ? Il y a d'abord la proximité géographique, autant qu'historique, de l'Espagne. Entre le Maroc et son voisin ibérique, il y a une grande communauté d'histoire. Le prestige de notre civilisation arabo-musulmane fut tel que l'Andalousie en porte encore et toujours les traces. De ce côté-ci, il y a en plus plusieurs sites historiques propices à ce tournage : palais Tazi (Rabat), Palais Bahia (Marrakech), remparts de Meknès et Fès, sans oublier les décors naturels qui ressemblent à ceux de l'Espagne. Pourquoi aujourd'hui une série sur l'histoire de la débâcle musulmane en Andalousie ? Cette débâcle qui mit fin à plusieurs années de règne musulman sur l'Andalousie rappelle ce que le monde arabo-musulman vit actuellement. La division arabe datait de la fin du XIIème siècle. Mais dans la série, il s'agit également de montrer le visage lumineux de la présence musulmane en Andalousie. Il est question de faire la lumière sur la contribution substantielle que les Musulmans apportèrent à l'Espagne, et plus globalement à l'Europe. Je pense particulièrement à la pensée d'Averroès qui, plus de huit siècles après le décès de son auteur, continue d'influencer la pensée occidentale. Pour conclure, je dois dire aussi qu'il est temps, qu'il était grand temps, que les Arabes relisent les livres de ce grand penseur, notamment son célèbre « Traité décisif ». C'est un ouvrage nécessaire à l'évolution de la pensée arabe.