Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour la résorption de l'habitat insalubre, le programme "Villes sans bidonvilles" fait des mécontents parmi les concernés dont les habitants de Haoumat Jamaâ. Tanger connaît une croissance démographique, alimentée par l'exode rural, et des revenus faibles, ce qui explique, entre autres, la formation et le développement du phénomène des quartiers insalubres. «Le lancement du programme villes sans bidonvilles, initié en 2004, a été considéré par les responsables comme le meilleur moyen pour débarrasser la ville des bidonvilles qui se sont formés au fil des temps», explique Oussama El Khattabi, chef de projet, faisant remarquer que grâce à ce programme, des habitants des quartiers non structurés ont bénéficié de lots de terrain dans un site aménagé. «Leurs nouvelles habitations seront ainsi branchées au réseau d'eau potable, d'électricité et d'assainissement», précise-t-il. Seulement, ce grand projet de résorption des bidonvilles n'a pas eu le même écho chez tous les bidonvillois. Le cas de quelque 70 ménages du bidonville Haoumat Jemâa, situé à au fond du quartier populaire Bir Chifa, n'en finit pas de défrayer la chronique. Ayant émis plusieurs communiqués de protestation, les contestataires se disent victimes du programme "Villes sans bidonvilles". «Nous menons une vie très difficile par manque de toutes les infrastructures. Notre santé et celle de nos enfants sont exposées au danger et nous sommes constamment sur le qui-vive de peur d'être chassés par les autorités de nos baraques», déplore Mustapha Kacimi, propriétaire, depuis 2003, d'une baraque à Haoumat Jemâa. «Les autorités nous considèrent comme des squatteurs et refusent de nous accorder des droits tels l'inscription de nos enfants à l'état civil, les certificats de résidence… Alors qu'il y en a qui habite ce bidonville depuis sa création en 1992», a-t-il poursuivi. Pour Najim El Qandil, responsable de la maîtrise d'ouvrage sociale, le recensement des habitants du bidonville Haoumat Jamaâ a été lancé le dimanche 16 mars 2003, «un jour férié» pour la majorité des ménages. «Pour que ce programme bénéficie aux seuls habitants d'un bidonville, l'opération de recensement connaît la présence de toute la commission de recensement : la délégation de l'Habitat et de l'urbanisme, les autorités locales par le Caïd, la commune, les élus et l'association du quartier. », a-t-il indiqué, faisant remarquer que des commission spéciales seraient constituées en réponse aux requêtes des habitants. «Ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes de recensement ne pourront prétendre à rien. C'est le cas aussi pour ceux qui refusent de partager le nouveau lot de terrain avec des membres de la famille avec qui ils avaient résidé», a ajouté M. El Qandil. «Pour réussir ce programme de résorption des bidonvilles, nous procédons après chaque opération de transfert du bénéficiaire au nouveau site à la démolition de sa baraque », conclut le même responsable. Il faut rappeler que le bidonville Haoumat Jemâa compte 937 ménages. Le projet de leur relogement est cofinancé par l'Union européenne dans le cadre du programme MEDA. «Nous avons entamé l'opération de relogement des habitants du bidonville «Haoumat Jemâa» au site El Mers1, d'environ 11 hectares, au mois de novembre 2005. Elle a touché une population de 352 ménages dont le transfert a duré 15 jours », indique M. El Khattabi. «Nous sommes passés au mois de janvier 2007 à la deuxième tranche de cette opération par le relogement de près de 250 ménages dans un autre site aménagé à El Mers2, de 6 hectares. Le reste des ménages recensés seront relogés en deux autres tranches à partir du mois de juillet prochain», promet-il.