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Politique et culture ou le règne des émotions
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 05 - 09 - 2008

la politique est en voie de devenir l'unique objet de notre passion ou de notre haine, parce qu'elle est le lieu d'un sérieux absolu qui ne tolère guère la moindre fantaisie, parce qu'elle ordonne une nouvelle redistribution des valeurs, parce que tout ce qui n'est pas elle –l'art, l'amour, le sens de la fête- doit, parait il, être soumis.
Jusqu'à quel point est-on en train d'assister à un nouveau mode de fonctionnement des imaginaires politiques et religieux ? Comment peut-on construire une compréhension raisonnée dans un monde où les volontés de puissance du tragique brouillent les élans du communicationnel, et où les tendances du mal et les différentes formes de nihilisme occupent le champ perceptif du quotidien ?
Il paraît que ces deux questions s'imposent à toute approche du politique dans ses différentes articulations avec le religieux. En effet, le monde assiste, avec nervosité palpable, à des manifestations fortes du symbolique religieux ici ou là, malgré l'usage de langages différents. Elles contribuent dans les faits, à des formes «d'absolutisation du politique», surtout que la politique est en voie de devenir l'unique objet de notre passion ou de notre haine, parce qu'elle est le lieu d'un sérieux absolu qui ne tolère guère la moindre fantaisie, parce qu'elle ordonne une nouvelle redistribution des valeurs, parce que tout ce qui n'est pas elle –l'art, l'amour, le sens de la fête- doit, parait il, être soumis, il faut, comme le note François Laplatine, l'appeler religieuse dans le sens exact du terme.
L'imaginaire jaillit et impose, de plus en plus, son langage dans des espaces de débats et de l'action, ou dans des circonstances de tensions et de malentendus, que ce soit au nom de la religion, d'une identité quelconque, d'un dogme, ou d'un principe politique,…etc. Or, l'imaginaire et les représentations qu'il produit semblent généralement insaisissables conceptuellement, d'où la difficulté de cerner les termes des débats et de délimiter la complexité des malentendus.
Les nouvelles données que le monde actuel ne cesse de produire permettent d'observer comment le religieux émerge dans la politique, le traditionnel dans le moderne et les fantasmes dans les débats prétendument rationnels. Il est évident que le religieux et le politique possèdent, chacun, son propre mode de présence et de manifestation, mais ces deux codes culturels à partir desquels se déploie l'imagination des hommes, imposent, parfois avec une brutalité flagrante, leurs langages dans la nomination et les jugements que les uns et les autres formulent à l'égard des événements et surtout de la «dialectique identitaire».
Or, comment interpeller de nouveau la question du politique et du culturel ? Quelle compréhension peut-on produire pour préciser les termes du conflit ou de l'entente entre les instances du politique et les acteurs de la culture ?
Questions problématiques, certainement, mais il y a lieu de les revisiter même d'une manière rapide en rappelant certaines idées et en formulant quelques aspects qui illustrent des stratégies contradictoires d'interprétation. La politique, pour Max Weber, est définie comme étant « la direction du groupement politique que nous appelons aujourd'hui (Etat ), ou l'influence que l'on exerce sur cette direction ». Mais l'Etat a besoin de la violence comme droit exclusif pour imposer sa volonté de puissance. Machaivel, de con côté, considère que la force et la ruse constituent les moyens fondateurs du politique.
Or, quelles que soient les théories du politique ou les attitudes à l'égard de certaines pratiques de la politique, l'Etat est le facteur déterminant de régulation des dérapages et des violences que toute société peut produire. L'Etat de droit, en principe, doit organiser et gérer les conflits que traverse la société, que ce soient des conflits de classes ou d'intérêts ou des conflits d'interprétation. La démocratie n'est-elle pas une gestion équilibrée des différences ?
Cependant, à mesure que le droit se «mondialise», il se trouve confronté, chaque fois, à des conditions pour déterminer le sens de l'internationalisation du droit. D'abord, on est frappé par la contradiction entre « l'internationalisation ethnique » qui suppose un soutien actif et la globalisation économique, qui dévoile l'impuissance des Etats déchirés entre une certaine idée de l'universalisme qui suppose la solidarité, le partage et la logique farouche de l'économie de marché, caractérisée, par contre, par une compétition acharnée et l'accroissement des inégalités. C'est ainsi qu'on assiste à un affaiblissement progressif des principes des droits de l'Homme cette dernière décennie, et à un retrait de la force du droit pour laisser le terrain au droit de la force, stratégie dirigée, avec extravagance, par les Etats-Unis d'Amérique, remettant en question les principes juridiques qui ont régi les relations internationales au cours des six dernières décennies au nom d'une volonté de puissance impériale et d'une mission divine selon George Bush.
Face à ces dilemmes politiques, les cultures dans leurs différentes manifestations, réclament leur droit à la différence, et leur refus d'être assimilées ou intégrées dans un processus où la tendance hégémonique et agressive exclut toute possibilité d'entente ou de reconnaissance. Or, si la culture est «l'ensemble des modèles de comportement, de pensée et de sensibilité qui structurent les activités de l'homme dans son triple rapport à la nature, à la société, au transcendant» (Abou Selim.1986) et constitue le foyer de l'intersubjectivité, de la conscience de soi et le champ où se forme le processus identitaire, la culture –toute culture quelle que soit son statut dans la hiérarchisation adoptée- affronte le problème de la reconnaissance.
Ce mécanisme, producteur de symboles, se situe au carrefour de trois puissances du symbolique qui sont le désir, le pouvoir et le langage. Le désir dans son dynamisme négatif de manque – à être, est identiquement le besoin de reconnaissance, puisqu'il est désir de l'autre. Le pouvoir, dans la dialectique de l'opposition et du don qui le caractérise, est le moyen de se proposer, voire de s'imposer à la reconnaissance de l'autre. Le langage est ce qui exprime la visée du désir et du pouvoir et assigne à la reconnaissance sa finalité dernière : celle d'être, à tout moment de l'existence et même au terme de celle-ci, un triomphe de la vie sur la mort, du sens sur le non-sens. Or, on est en train de vivre des moments intenses de conflits des interprétations causés par la montée de différentes formes de méconnaissance et des élans irrationnels de reconnaissance. Comme si nous traversons un âge de scandales, surtout qu'ils sont généralement mis en spectacle par les différents médias et plus particulièrement par la télévision.
René Girard considère que «le plus grand scandale engloutit toujours les plus petits, jusqu' à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul scandale, une seule victime ; c'est à ce moment que le mécanisme du bouc émissaire refait surface. L'animosité grandissante que les gens éprouvent les uns pour les autres, à cause de la taille toujours plus grande des groupes en état de rivalité mimétique, culmine en un énorme ressentiment contre un élément pris au hasard dans la société –les Juifs pendant le nazisme en Allemagne, le capitaine Dreyfus à la fin du XIXe siècle en France, les émigrants d'Afrique aujourd'hui en Europe, les musulmans lors des récents événements terroristes» (René Girard. 2004).
Pour illustrer cette idée, René Girard emprunte une image littéraire dans Jules César de Shakespeare, s'agissant de ce qu'il appelle le «recrutement mimétique des conspirateurs». L'un deux, Ligario, est fou, il dit n'importe quoi. Mais à l'idée de tuer César, il revit, et son animosité se cristallise sur l'homme célèbre. Il oublie tout le reste, parce qu'il a maintenant un seul point fixe vers lequel diriger sa haine et Girard de déduire, «malheureusement, les neuf dixièmes de politique ramènent à cela. Ce que les gens appellent «l'esprit partisan» n'est rien d'autre que le fait de choisir le même bouc émissaire que ses voisins» (Ibid). Résultat d'une méconnaissance, d'une inconscience ou d'une ignorance, les politiques et les cultures, surtout dans un contexte de spectacularisation des événements, produisent autant d'amalgames que de conditions de possibilités de compréhension, où les termes des débats échappent à la précision devant chaque malentendu, où les émotions provoquent des représentations réductrices qui n'ont pas de rapport avec les vécus et les complexités socio-culturelles des uns et des autres.
Mohammed Noureddine Affaya


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