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Un Nobel pour une Afrique en paix
Publié dans Barlamane le 13 - 10 - 2019

Il est 11 heures précises à Oslo. Les yeux du monde sont braqués sur la capitale. A l'ouverture des portes du grand hall de l'Institut Nobel, les dizaines de journalistes présents retiennent leur souffle, caméras branchées. Le récipiendaire du 100ème Prix Nobel de la paix est sur le point d'être dévoilé.
"Le Comité Nobel norvégien a décidé d'attribuer le Prix Nobel de la paix pour 2019 au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali", lancera d'emblée Berit Reiss-Andersen, présidente du Comité Nobel norvégien, responsable de l'attribution de cette prestigieuse distinction. Fin du suspense. Il n'en fallait pas plus pour que l'annonce embrase la toile, les réseaux sociaux et les salles de rédaction. Dans le monde entier, la nouvelle est synonyme d'un sacre pour tout un Continent. Berceau de l'Humanité, l'Afrique meurtrie, l'Afrique oubliée, est aussi l'Afrique décomplexée, forte de ses filles et ses fils.
Un an après Denis Mukwege, salué pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées en République démocratique du Congo, c'est au tour d'Abiy Ahmed, artisan d'une réconciliation spectaculaire entre son pays et l'Erythrée voisine, de recevoir cette prestigieuse distinction, la plus médiatisée de toutes. Le PM éthiopien est la onzième personnalité africaine â être couronnée de ce Prix depuis 1960. C'est dire que si l'Afrique a certes son lot de problèmes, elle peut aussi compter sur des personnalités audacieuses et téméraires, bien déterminées à faire bouger les lignes, bousculer les vieux schémas pour promouvoir la paix et faire briller de mille feux la fierté africaine.
Héritier justement de cette flamme africaine, M. Abiy s'est dit "honoré" et "ravi", tout en saluant "un prix donné à l'Afrique". "J'imagine que les autres dirigeants africains vont penser qu'il est possible de travailler sur les processus de construction de la paix sur notre continent", a-t-il humblement réagi à l'annonce de son sacre, lors d'une brève conversation téléphonique avec le Comité Nobel. Et il y a de quoi. Le nouveau lauréat est récompensé "pour ses efforts en faveur de la paix et de la coopération internationale, en particulier pour son initiative décisive visant à résoudre le conflit frontalier avec l'Erythrée", a motivé le Comité.
Comme à l'accoutumée, le Nobel de la Paix 2019 a soulevé un tollé de réactions. Certaines épidermiques, mais nombreuses enthousiastes comme celle exprimée par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour qui "les vents d'espoir soufflent toujours plus fort en Afrique". Dans une déclaration à la MAP, Mme Reiss-Andersen a souligné qu'il s'agit "à la fois d'une reconnaissance et d'une incitation à relever d'autres défis". Comme pour désamorcer une éventuelle polémique, du reste toujours prévisible, elle a assuré que "nous ne pouvons pas être certains que tout sera couronné de succès".
Dans une déclaration similaire, l'historien Asle Sveen, auteur de plusieurs livres sur le Prix Nobel de la Paix, a assuré que le nouveau lauréat "mérite amplement" cette récompense qui soutiendra davantage ses efforts en faveur de la paix. "Le Premier ministre est dans une situation très vulnérable car l'Ethiopie compte plus de 80 groupes ethniques, dont la majorité sont en conflit. Mais, il entame un processus démocratique dans le pays et parvient à faire la paix avec l'Erythrée après 20 ans d'état de guerre", a-t-il expliqué. L'expert norvégien a estimé que cette distinction peut être perçue comme "un prix de paix pour toute l'Afrique en récompense de ses réformes démocratiques", surtout que la capitale éthiopienne Addis-Abeba abrite le siège de l'Union africaine (UA).
Depuis qu'il a pris les rênes du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique en avril 2018, M. Abiy secoue jusque dans ses fondations un régime ankylosé par plus de 25 ans d'exercice autoritaire du pouvoir et pèse sur les dynamiques de la Corne de l'Afrique. Six mois à peine après son investiture, ce quadragénaire, fils de modestes villageois, initie de profonds changements en Ethiopie, suscitant espoirs et inimitiés. Il conclut la paix avec son voisin érythréen, fait relâcher des milliers de dissidents, s'excuse publiquement des violences des forces de sécurité et accueille à bras ouverts les membres de groupes exilés qualifiés de "terroristes" par ses prédécesseurs.
Plus récemment, il développe son programme d'ouverture d'une économie largement contrôlée par l'Etat et pèse désormais de tout son poids pour que des législatives, qu'il promet inclusives, se tiennent en mai 2020. S'il figurait parmi les 301 nominés, le plus jeune dirigeant d'Afrique figurait néanmoins au top 5 des pronostics de certains experts, comme le directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo, Henrik Urdal, ou des médias qui se hasardent au jeu des devinettes.
"Cela n'a pas été une très grande surprise, car son nom figurait sur la liste de nos spéculations depuis quelques jours, mais nous étions tout de même incertains du choix de cette année", a confié à la MAP Knut Magnus Berge, commentateur de la chaîne publique norvégienne NRK. Le même spécialiste a indiqué qu'"il ne fait aucun doute que ce Prix est conforme au testament d'Alfred Nobel", lequel prévoit de récompenser "ceux qui au cours de l'année écoulée auront rendu à l'humanité les plus grands services".
Le Prix devra "booster énormément" M. Abiy, a avancé son confrère Björn Lindahl, correspondant du quotidien suédois Svenska Dagbladet, relevant que "la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée n'avait rien à voir avec le climat, mais avec des conflits ethniques". Entre supputations et pronostics, les grands perdants, dans la course du Nobel de la Paix 2019, n'auront été que ceux qui, par eurocentrisme, ont tout misé sur Greta Thunberg, la jeune égérie suédoise de la lutte contre le changement climatique, donnée jusqu'à naguère archi-favorite. Au total, ils étaient 301 candidats en lice, dont 223 personnes et 78 organisations. Selon les règles de la Fondation Nobel, il faudra attendre 50 ans avant que les listes des nominés soient divulguées.
Le Prix, lui, consiste en une médaille d'or, un diplôme et une coquette somme de 9 millions de couronnes suédoises (environ 830.000 euros). Il sera remis en mains propres au dirigeant africain lors d'un banquet Nobel qui aura lieu à l'hôtel de ville d'Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896). Après le Prix de la paix, le seul décerné à Oslo et sans doute le plus attendu, celui de l'économie donnera lundi à Stockholm le clap de fin à la saison Nobel.


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