Deux opposants politiques, le kabyle Slimane Bouhafs réfugié en Tunisie et l'ancien candidat à la Présidentielle tunisienne, Nabil Karoui, séjournant en Algérie ont été l'un expulsé de force et l'autre interpellé dans des conditions surprenantes. Ce qui apparaît comme un échange de bons procédés. Un scandale d'une ampleur démesurée. «Le 25 août, l'ancien policier membre du MAK, le mouvement indépendantiste kabyle, Slimane Bouhafs, est arrêté à Tunis par trois inconnus dans le quartier populaire « Hay Al Tahrir » à Tunis, où il vivait depuis trois ans comme réfugié politique. Le mode opératoire rappelle les opérations sécuritaires de l'époque du défunt président Zine Benali qui avait quitté le pouvoir en 2011 après une dictature féroce. Trois jeunes individus en jeans et baskets circulant à bord d'un fourgon doté d'une immatriculation étrangère ont procédé à l'arrestation musclée de Slimane Bouhafs. L'opération n'a duré que quelques secondes. Les assaillants, d'après des témoins, parlaient algérien» raconte le site bien informé Mondafrique «S'agit-il d'un travail de barbouzes? Ou d'une opération conjointe des services tunisien et algérien? Ce qui est certain est que Slimane Bouhafs a été transféré à Alger, le 27 août, sans passer par la case judiciaire» alerte la même source. Bien que placé sous la protection du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), «l'activiste a été présenté à la justice algérienne, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. De très nombreuses ONG tunisiennes ont demandé au pouvoir tunisien de respecter ses engagements internationaux en faveur de la protection des réfugiés» a-t-on détaillé. «Les services algériens sont suffisamment bien organisés dans une Tunisie en crise pour organiser seuls le kidnapping d'un opposant. Mais on les voit mal agir sans avoir prévenu le ministère tunisien de l'Intérieur» mentionne-t-on. L'hypothèse d'un «échange» «Cette affaire laisse pourtant un grand malaise. Peu de jours en effet après cette exfiltration, on a assisté le 29 août à l'arrestation de l'ancien candidat à la présidentielle tunisienne, Nabil Karoui, qui séjournait à Tebessa en Algérie. Or ce dernier où la justice le met en cause pour des affaires de blanchiment avait quitté précipitamment son pays. Il est clair que la décision du président Kaïs Saied de lancer une vaste campagne contre la corruption visait entre autres Nail Karoui qui dans la gestion de sa télévision Nesma TV a certainement fait preuve d'un certain laxisme. Une interdiction de sortie du territoire national lui avait été notifié en Tunisie» indique-t-on. «On comprend bien pourquoi l'ancien candidat à la présidentielle ait choisi l'Algérie comme refuge. Les liens de Nabil Karoui avec une partie des services algériens sont connus. Il avait même des projets audiovisuels en Algérie. On soupçonne même quelques militaires algériens d'avoir blanchi des fonds via les ressources publicitaires de Nesma TV. D'où la surprise que constitue l'interpellation du patron de la chaine télévisuelle dans un pays supposé ami» mentionne-t-on. «Nabil Karoui se trouvait illégalement à la frontière des deux pays où il était hébergé chez le frère d'un député algérien. Les deux frères Karoui, Nabil et Ghazi, sont arrêtés avec quatre personnes se trouvant sur place. L'épouse de Nabil Kaoui, Saloua Smaoui, a été laissée en liberté en attendant que statue le tribunal de Tebessa. Les deux Tunisiens ont été présentés, le 30 août, au tribunal de Tebessa pour entrée illégale sur le territoire national» note-t-on. «Ce troc ne serait pas à l'honneur des régimes algérien et tunisien qui, pris dans une spirale répressive, scelleraient ainsi leur bonne entente sécuritaire en sacrifiant les droits humains élémentaires» a-t-on conclu.