Ahmed Ibrahimi, président de l'organisation caritative algérienne islamiste Baraka, est accusé de profiter de son statut pour obtenir des relations sexuelles en échange de l'assistance qu'il déploie à Gaza. M. Ibrahimi, qui a tenté d'«abuser des femmes en situation de vulnérabilité et de précarité», selon un lanceur d'alerte palestinien qui a diffusé le contenu d'un entretien téléphonique liés à ces faits, est proche du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas) d'Abderrazak Makri, qui dirige le premier parti islamiste d'Algérie. L'association Baraka, qui déploie des «programmes d'assistance humanitaire pour les populations en difficulté», est considérée à l'international comme proche des Frères musulmans. Ses activités sont scrutées par l'ambassade américain à Alger, avaient révélé des médias locaux. Les accusations d'exploitation sexuelle qui visent son président sont corroborées par les similitudes dans les récits livrés par plusieurs femmes, lesquels laissent à penser que la pratique était très ancrée. «Ces abus sont une atteinte très grave à la confiance dans ceux qui ont pour mandat d'apporter de l'aide à des gens vivant dans des conditions humanitaires très difficiles», déplore le lanceur d'alerte qui se prénomme Hamza Al-Masri. En avril, la chef du Croissant-Rouge algérien (CRA), Ibtissam Hamlaoui, a déclaré refuser de travailler avec «les mercenaires marchands de la guerre», citant le personnel de Baraka alors que plusieurs interrogations ont été soulevées sur les bailleurs de fonds qui financent l'aide internationale de l'association réputée proche des décideurs algériens. Nul ne sait le cheminement des dons privés provenant de la générosité publique, du mécénat ou des sommes contractés avec les «acteurs institutionnels», en partie à cause du dispositif peu encadré par les réglementations nationales, puisque la définition statutaire du domaine non lucratif reste assez floue, surtout celle en relation avec les activités humanitaires et les secours dispensés aux personnes victimes de conflits armés. En France, c'est différent. Une enquête a été ouverte fin 2023 pour financement du terrorisme notamment, visant une association, Humani'Terre, soupçonnée de transférer des fonds au Hamas, avait indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat). Les accusations étaient lourdes : financement du terrorisme, association de malfaiteurs terroriste criminelle et blanchiment en bande organisée en lien avec une entreprise terroriste. Début 2024, des perquisitions menées dans les locaux de l'association française et des saisies bancaires ont permis de saisir quelque 35 millions d'euros.