L'Agence de développement digital (ADD) s'est trouvée au centre d'une violente polémique liée à l'édition 2025 du Gitex Africa. Récit d'un ratage monumental aux contours flous. L'Agence de développement digital (ADD), placée sous la tutelle du ministère de la transition digitale et de la réforme de l'administration, a annoncé, le 17 octobre, l'annulation d'un marché public d'une valeur de 120 millions de dirhams, lequel visait l'aménagement des espaces d'exposition pour l'édition 2025 du Gitex Africa, prévu à Marrakech du 14 au 16 avril 2025. Cette décision fait suite à une intense bataille médiatique opposant plusieurs entreprises engagées dans la procédure d'appel d'offres, contestant la transparence et l'équité des résultats. L'annonce de l'ADD indique que «l'annulation de l'appel d'offres ouvert international sur offre de prix n°28/2024 relatif à la réalisation des prestations d'aménagement des espaces d'exposition dans le cadre de l'édition 2025 du GITEX Africa Maroc, pour donner suite aux modifications techniques fondamentales des prestations objet de l'appel d'offres pour des raisons indépendantes de la volonté du maître d'ouvrage.» Officiellement : des modifications techniques à l'origine de l'annulation L'ADD a justifié cette annulation par «des modifications techniques majeures» dans le cahier des charges. Ces ajustements ont rendu nécessaire l'annulation de la procédure en cours, les exigences initiales ayant changé de manière significative, selon la décision consultée par Barlamane.com. Le déroulement du processus a provoqué l'indignation des entreprises ayant soumissionné, notamment celles éliminées dès la première phase de l'évaluation technique. Cinq sociétés avaient répondu à l'appel d'offres, quatre ont été écartées sans autre forme de procès, soulevant des critiques quant à la rapidité et au manque de transparence du processus mené, au point que cela a provoqué une guerre d'articles par médias interposés liée aux dessous de cette décision controversée. Les entreprises qui s'estiment «lésées» n'ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement, pointant du doigt une série d'irrégularités qui entachent tout le processus de sélection. Le «traitement cavalier» des offres techniques a particulièrement retenu l'attention. Des entreprises aux références solides ont vu leurs dossiers rejetés sans que les critères d'évaluation ne soient rendus publics. Cette opacité a nourri des soupçons accentués par la jeunesse relative de la société lauréate du marché. Guerre souterraine Le déballage médiatique a, ainsi, pris des proportions sans mesure, chaque camp cherchant à discréditer l'autre, exposant des correspondances internes et des allégations de pressions. Les rebondissements et les insinuations qui parsèment cette affaire donnent à penser qu'une enquête, à ce stade, doit être lancée. Il apparaît que cette annulation n'est pas uniquement le résultat de modifications techniques du cahier des charges, mais bien d'une lutte de pouvoir en coulisse, dont les retombées pourraient affecter l'organisation future du Gitex Africa. La société Two Way, finalement sélectionnée avant l'annulation, n'avait commencé à organiser des événements d'envergure qu'à partir de juillet 2023, selon diverses entreprises concurrentes, ce qui a renforcé «les soupçons de favoritisme ou de traitement inégal entre les parties impliquées dans ce dossier.» Cette annulation intervient dans un contexte où le Maroc s'efforce de renforcer son positionnement en tant que hub technologique pour le continent africain. Gitex Africa est un événement majeur qui a pour ambition de promouvoir l'innovation et la technologie en Afrique. L'édition de 2024, qui s'est également tenue à Marrakech, a connu un succès notable avec plus de 1 500 exposants. Toutefois, la décision de l'ADD pourrait affecter l'organisation de l'édition 2025, menaçant ainsi le calendrier de préparation et les attentes élevées autour de cet événement stratégique à visée internationale. «La manière dont ce marché a été annulé laisse planer des doutes sur la gestion des grands projets publics au Maroc, particulièrement dans des secteurs aussi stratégiques que celui des technologies de l'information et de la communication», glisse un fin connaisseur du dossier à Barlamane.com.