L'Etat nigérian de Kano a dévoilé une série d'accords en préparation avec plusieurs entités publiques et privées marocaines, portant sur des projets dans les secteurs de l'énergie renouvelable, de l'agriculture structurée et de l'exploitation minière. L'annonce officielle, relayée par la presse locale, est intervenue à l'issue d'un déplacement d'envergure du gouverneur Abba Kabir Yusuf sur le sol marocain au cours duquel des rencontres ciblées ont été organisées avec des institutions de premier plan. D'après Sunusi Bature Dawakin-Tofa, directeur de la communication du gouverneur, la délégation de Kano a été reçue par le ministère de la transition énergétique et du développement durable, l'Agence marocaine pour l'énergie durable (MASEN), OCP Africa et la Chambre de commerce, d'industrie et de services de Casablanca (CCIS). Ces échanges ont permis d'esquisser les contours d'une coopération sectorielle jugée stratégique par les deux parties. Une enveloppe estimée à plus de dix milliards de dollars Les accords en préparation se proposent de canaliser vers Kano plus de dix milliards de dollars d'investissements directs sur une période de cinq ans — soit environ 100 milliards de dirhams. Les flux attendus devraient être orientés vers la construction d'infrastructures énergétiques, le développement de chaînes de valeur agricoles et la valorisation des ressources minières de l'Etat. Le gouvernement de Kano entend s'appuyer sur cette coopération pour répondre aux besoins énergétiques de son tissu industriel, en pleine mutation, et soutenir une montée en capacité de sa production agricole, aujourd'hui pénalisée par des équipements vétustes et des rendements inégaux. Masen mobilisée pour accompagner le programme solaire de Kano L'un des volets les plus avancés des discussions concerne la collaboration technique avec Masen, opérateur public marocain reconnu pour la gestion du complexe solaire de Ouarzazate. L'agence a proposé un appui ciblé au programme Light-Up Kano, dont l'objectif est de générer 2 000 mégawatts d'énergie solaire d'ici 2030. Cette assistance porterait sur la conception des installations, l'amélioration des systèmes de stockage et la structuration de réseaux de distribution adaptés aux zones industrielles. OCP Africa engagé sur plusieurs fronts agricoles Le groupe OCP, par le biais de sa filiale africaine, a manifesté son intérêt pour le développement d'un écosystème agricole intégré à Kano. Les discussions ont porté sur la création d'unités de mélange d'engrais, l'introduction de technologies de fertilisation adaptées aux sols locaux ainsi que la structuration d'une logistique de distribution au bénéfice des petits exploitants. OCP Africa aurait la possibilité de mettre en place des centres de services agricoles destinés à former les producteurs, à numériser les pratiques culturales, et à faciliter l'accès aux marchés. Cette démarche s'intéresse à créer un environnement agricole plus résilient, moins dépendant des importations, et mieux inséré dans les circuits commerciaux régionaux. Une perspective d'industrialisation à l'échelle régionale Outre le volet énergétique et agricole, la délégation nigériane a engagé des discussions avec la Chambre de commerce de Casablanca afin d'identifier des opérateurs privés susceptibles de s'implanter à Kano ou de nouer des coentreprises dans les domaines de la transformation minière et de l'équipement industriel. Le gouvernement de Kano affirme vouloir structurer cette coopération sur le long terme, autour de mécanismes conjoints de financement, de transfert de savoir-faire, et de suivi technique. La création d'un comité bilatéral de pilotage a été proposée afin de garantir une mise en œuvre rigoureuse des projets.