Le débat autour de l'identité biologique d'Imane Khelif, médaillée olympique en boxe féminine aux Jeux de Paris 2024, vient de connaître un tournant décisif avec la divulgation d'un rapport médical établi lors des Championnats du monde 2023, concluant à une configuration chromosomique masculine. Ce document, rendu public par le site d'investigation 3 Wire Sports, atteste d'un caryotype XY, relevant habituellement de l'anatomie génétique masculine. L'analyse, effectuée en mars 2023 à New Delhi par le laboratoire Dr Lal Path Labs, accrédité par le College of American Pathologists et certifié par l'Organisation internationale de normalisation (ISO), mentionne une «configuration anormale» et conclut : «L'analyse chromosomique révèle un caryotype masculin.» Cette révélation, confirmée 36 heures après la décision de World Boxing d'imposer un dépistage sexuel à Khelif pour toute participation future dans les épreuves féminines, met en péril le parcours de la pugiliste algérienne, tout en fragilisant la position du Comité international olympique (CIO), déjà contestée. Un silence prolongé du CIO désormais remis en question En juillet 2024, la boxeuse de 26 ans avait obtenu la médaille d'or dans la catégorie féminine, suscitant un émoi durable, notamment parmi ses adversaires. Certaines, comme l'Italienne Angela Carini – première victime de Khelif dans le tournoi – ont rapporté des coups d'une intensité telle qu'ils ont éveillé une crainte vitale. La Mexicaine Brianda Tamara Cruz, qui avait affronté Khelif en 2022, déclara pour sa part : «Je ne crois pas avoir ressenti cela en treize années de boxe, ni même lors de mes entraînements avec des hommes.» Le président du CIO, Thomas Bach, a, pour sa part, tenté de discréditer le rapport médical, le qualifiant d'«instrument de désinformation prorusse». Il a rappelé que l'International Boxing Association (IBA), alors présidée par le Russe Umar Kremlev, avait été destituée de sa reconnaissance olympique à la suite de manquements jugés graves en matière de gouvernance et de finances. Cette ligne de défense paraît désormais compromise du fait de la rigueur scientifique attestée du laboratoire indien. Selon The Telegraph, le document aurait été connu du CIO depuis plus d'un an, mais ce dernier n'aurait pas agi, permettant à Khelif de concourir à Paris, son passeport mentionnant le sexe féminin. Aucun élément ne permet à ce jour de confirmer que l'athlète aurait fourni une preuve de chromosomes féminins (XX), bien que neuf mois se soient écoulés depuis l'éclatement de l'affaire. Une ligne dure pour préserver l'intégrité des compétitions féminines Dans un communiqué solennel, World Boxing a rappelé que, pour être admis dans les épreuves féminines à compter de 2026, tout sportif de plus de 18 ans devra se soumettre à un test génétique par réaction en chaîne par polymérase (PCR), effectué à partir d'un échantillon de salive, de sang ou de frottis buccal. Face à la polémique, de nombreuses fédérations latino-américaines ont exprimé leur indignation, soutenant que les épreuves féminines doivent être réservées aux «femmes de naissance». La Fédération hondurienne a adressé un courrier à la Women's Rights Network, appelant à ce que «les mesures nécessaires soient prises afin que seules les femmes biologiques soient autorisées à concourir». Le Pérou a émis un avis similaire, exigeant la préservation de l'intégrité des compétitions féminines. Malgré l'ampleur de la controverse, Imane Khelif ne manifeste aucun renoncement et affirme viser une seconde consécration aux Jeux de Los Angeles en 2028. Cette ambition, désormais soumise à une exigence médicale implacable, pourrait néanmoins se heurter à l'intransigeance nouvelle du monde sportif quant à la distinction biologique dans les épreuves sexuées.