Le rapport 2024 du secrétaire général des Nations unies sur la consolidation de la paix salue le rôle de premier plan tenu par le Maroc, en sa qualité de président de la configuration centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), dans la défense et la relance de l'Etat de droit en République centrafricaine (RCA). Depuis 2019, cette configuration, portée par Rabat, s'est illustrée par son aptitude à fédérer les soutiens politiques et financiers indispensables à la réforme des institutions judiciaires et sécuritaires dans un pays en reconstruction. Le rapport souligne que «la configuration de la République centrafricaine, présidée par le Maroc, a été déterminante dans la mobilisation et le maintien du soutien en faveur des travaux relatifs à l'Etat de droit dans le pays». Cette action a permis de conforter la mission conjointe menée par la MINUSCA et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), notamment en appui à la Cour pénale spéciale — juridiction hybride — et à divers mécanismes de dialogue communautaire consacrés à la pacification des conflits locaux et au soutien à l'Accord de paix de 2019. Ces efforts, renforcés par les contributions du Fonds pour la consolidation de la paix (PBF, acronyme anglais), ont permis de créer une synergie opérationnelle entre les acteurs onusiens et les autorités nationales centrafricaines. Le Maroc apparaît ainsi non seulement comme un acteur diplomatique engagé en faveur de la stabilité régionale, mais aussi comme un artisan pragmatique de l'institutionnalisation de la justice et de la cohésion sociale dans des contextes fragiles. Une architecture onusienne à la recherche de cohérence et d'efficacité À l'échelle globale, le rapport insiste sur la nécessité de mieux coordonner les interventions des entités onusiennes dans le domaine de l'Etat de droit, considéré comme le socle de toute paix véritablement durable. Il insiste sur le fait que «le droit constitue un élément fondamental de la prévention des conflits, en offrant des mécanismes pacifiques de résolution des différends et en répondant aux causes profondes des violences». La collaboration entre le Global Focal Point for the Rule of Law (GFP) et les composantes de la Peacebuilding Architecture — à savoir le PBF, le Peacebuilding Support Office (PBSO), et la CCP — y est jugée essentielle. Pour le Secrétariat général, l'objectif est d'éviter les doublons, de mutualiser les ressources et d'assurer un ancrage plus profond des réformes institutionnelles, en particulier durant les périodes de transition post-conflit. Cette complémentarité est d'autant plus cruciale que les interventions du GFP rassemblent des partenaires tels que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), ONU Femmes, le Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ou encore le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA). Le texte préconise une intégration plus étroite du PBSO dès les premières phases de planification des programmes conjoints menés sur le terrain, en particulier dans les contextes de transition ou de retrait des missions. À titre d'exemple, «la capacité du GFP à fournir une expertise rapidement déployable en matière d'Etat de droit devrait être mise plus systématiquement à la disposition du PBSO et du PBF pour appuyer leurs cycles programmatiques». Assurer la continuité institutionnelle dans les phases de transition Le rapport avertit des risques de relâchement institutionnel lors des transitions de mission, souvent marquées par une érosion des soutiens au secteur judiciaire, à la justice transitionnelle et à la réforme pénitentiaire. Pour y remédier, il recommande de s'appuyer sur les financements adaptables du PBF, capables de maintenir et d'élargir les programmes essentiels tout en évitant les ruptures susceptibles de compromettre la stabilité politique. La Commission de consolidation de la paix est, dans ce cadre, qualifiée de tribune irremplaçable pour mobiliser les appuis politiques requis et conférer aux interventions juridiques la légitimité nécessaire. Il est en effet rappelé que «les interventions en matière d'Etat de droit sont de nature politique et requièrent un engagement politique soutenu tant au niveau national qu'international». Une communication resserrée entre le GFP et le PBSO est encouragée, de même que le déploiement de personnels conjoints, notamment dans les capacités permanentes de Brindisi (Italie). Par son approche exigeante, ce rapport érige l'Etat de droit non en simple modalité technique de stabilisation, mais en instrument stratégique du système des Nations unies, contribuant à une paix véritablement durable. Dans cette perspective, le rôle du Maroc apparaît à la fois exemplaire et structurant.