À l'articulation du Maghreb, de l'Atlantique et de l'Europe, le Maroc cherche à conjuguer abondance solaire, exigence de stabilité et souveraineté technologique. Selon Mitsubishi Heavy Industries (MHI), acteur industriel japonais engagé dans plusieurs projets sur le territoire, «les possibilités offertes par le Royaume pour asseoir une architecture énergétique résiliente et décarbonée sont considérables». À l'heure où le pays importe encore plus de 90 % de son énergie, ces chantiers s'annoncent décisifs pour l'indépendance future de son réseau. Le complexe Noor ancre le Maroc dans la géopolitique solaire Le site de Noor-Ouarzazate, qui déploie ses miroirs paraboliques sur les hauts plateaux désertiques, symbolise cette orientation stratégique. D'une puissance de 580 mégawatts, il bénéficie de plus de 330 jours d'ensoleillement par an et alimente l'équivalent d'un million de foyers. Le Royaume entend porter à 52 % la part des énergies renouvelables dans sa capacité électrique d'ici à 2030. Déjà relié à l'Espagne par deux câbles sous-marins, le Maroc prépare, à travers le projet Xlinks, une interconnexion de 4 000 kilomètres avec le Royaume-Uni, qui permettra à plusieurs millions de foyers britanniques de bénéficier d'une électricité d'origine solaire et éolienne. La centrale Al Wahda assurera la continuité du courant En parallèle, le nord du pays verra surgir la centrale thermique d'Al Wahda, conçue pour combler les intermittences inhérentes aux énergies renouvelables. Attendue en 2027, elle reposera sur deux turbines à gaz, fournies par Mitsubishi Heavy Industries, d'une capacité combinée de 990 MW — l'équivalent de près de 7 % du réseau national. Conçues pour résister aux démarrages fréquents et aux charges variables, les turbines M701JAC joueront un rôle de régulateur. «La centrale Al Wahda constitue une étape cruciale pour permettre au Maroc d'intégrer davantage de sources renouvelables intermittentes, comme le solaire et l'éolien, sans compromettre la stabilité de son réseau», indique MHI, qui souligne également que ces turbines peuvent fonctionner avec un mélange d'hydrogène et de gaz naturel. L'hydrogène ouvre une nouvelle phase de souveraineté énergétique En parallèle des chantiers électriques, le Maroc avance ses pions dans l'économie de l'hydrogène. Une stratégie nationale structurée autour de l'exportation d'ammoniac vert, de carburants synthétiques et de produits sidérurgiques a récemment été approuvée. La valeur cumulée des projets validés dépasse 32,5 milliards de dollars. En appui à cette orientation, la centrale d'Al Wahda permettra de stocker l'énergie excédentaire et d'accompagner la conversion progressive de l'industrie. Pour Mitsubishi Heavy Industries, «le Maroc dispose des ressources naturelles et des alliances nécessaires pour occuper un rôle central dans l'économie de l'hydrogène à l'échelle euro-méditerranéenne.» Le Maroc fonde cette stratégie sur la collaboration technique et industrielle avec l'Europe, les Etats-Unis et les pays de la région MENA, dans l'objectif de faire de son ensoleillement une puissance exportable, maîtrisée et durable.