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«Vous acceptez sans réserve la souveraineté marocaine sur le Sahara» : au Parlement des Canaries, Fernando Clavijo tient bon face aux vociférations des extrêmes
Interrogé mardi 24 juin lors de la séance de contrôle du Parlement des Canaries, le président du gouvernement régional, Fernando Clavijo, a souligné que «le nouveau désordre mondial» issu des guerres en Europe orientale, des politiques douanières américaines et des conflits au Proche-Orient affectait profondément les territoires insulaires, parmi les plus vulnérables du royaume d'Espagne. En réponse à une question du groupe NC-BC (Nouvelle Canarie–Bloc Canarien), M. Clavijo a concédé que les troubles géopolitiques actuels pourraient avoir des conséquences sur le flux touristique ou sur la réactivation de la voie migratoire atlantique. «Tout nous atteint, parfois plus que d'autres, car notre position géographique nous expose à de multiples pressions extérieures», a-t-il précisé, tout en jugeant «exagéré» de faire porter à l'exécutif canarien la charge des relations internationales de l'Espagne. Il a tenu à rappeler que la politique étrangère relevait du ministère compétent à Madrid et qu'en matière d'accords militaires, de coopération technologique ou de ventes d'armements, «il appartient à l'Etat d'en définir les termes et la portée». Il a affirmé ne pas avoir été informé en amont des conventions bilatérales conclues entre Israël et le Maroc, évoquant notamment des coopérations dans le domaine des drones et des manœuvres conjointes. «Entre le Maroc et Israël, nous ne sommes ni Donald Trump, ni souhaitons l'être», a-t-il lancé avec une pointe d'ironie, tout en assurant que le ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, l'avait toujours tenu informé lorsque des dossiers touchaient spécifiquement les Canaries. Luis Campos obsédé par le Maroc Prenant la parole au nom du groupe NC-BC, le député radicaliste Luis Campos a reproché à M. Clavijo d'avoir abandonné la soi-disant position traditionnelle des Canaries concernant le Sahara. «Vous acceptez sans réserve la souveraineté marocaine sur le Sahara, ce qui rompt [l'unanimité historique] de cette chambre», a-t-il clamé, tout en déplorant le silence du gouvernement régional sur les clauses d'armement, de cybersurveillance et d'intelligence artificielle contenues dans les protocoles signés entre Rabat et Tel-Aviv. Le parlementaire a évoqué ce qu'il a appelé les prétentions maritimes du Maroc dans les zones d'intérêt énergétique situées au large des îles Canaries, qu'il juge préoccupantes. «Le royaume voisin se montre insatiable dans ses revendications et il est de notre devoir de faire preuve de vigilance et de fermeté», a-t-il insisté, condamnant au passage le «rôle hégémonique et meurtrier» de l'Etat d'Israël, qualifié de «puissance génocidaire». Un débat local rattrapé par les réalités géostratégiques régionales Si M. Clavijo a reconnu que l'instabilité internationale avait des répercussions tangibles sur les Canaries, il a rejeté toute tentative de l'impliquer dans des tractations relevant de la souveraineté de l'Etat espagnol. Il a affirmé ne disposer que d'éléments partiels sur la teneur exacte des accords de défense impliquant le Maroc, Israël et les Etats tiers. «Nous devons respecter la répartition des compétences et éviter les surinterprétations politiques», a-t-il conclu. Le climat de tension dans l'hémicycle témoigne de la perméabilité croissante des débats régionaux aux enjeux diplomatiques du Maghreb et du Proche-Orient. Les élus de NC-BC ont annoncé leur intention de déposer une motion réclamant un débat élargi sur la souveraineté maritime et les accords de défense impliquant des puissances extérieures dans l'Atlantique sud.