L'événement, initié par le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) en partenariat avec la Fondation Mémoires pour l'Avenir, met à l'honneur une page méconnue de l'histoire marocaine marquée par la tolérance et le dialogue interreligieux. Une histoire singulière au cœur du Maroc des années 1950 Le documentaire retrace le parcours de vingt moines bénédictins venus de l'Abbaye d'En-Calcat, près de Toulouse, qui s'installèrent en 1952 à Toumliline, sur les hauteurs d'Azrou. Ce choix, à la veille de l'Indépendance du Maroc, coïncidait avec une période de transition historique majeure. Rapidement intégrés à la vie locale, les moines créèrent un dispensaire, un internat pour élèves en difficulté, dispensèrent des cours dans un lycée voisin et s'investirent dans des activités agricoles. Leur présence ne se limita pas à l'échelle locale : ils furent soutenus au plus haut niveau de l'Etat, notamment par Feu Sa Majesté Mohammed V, et initièrent les Rencontres Internationales de Toumliline, un espace de débat réunissant intellectuels, penseurs et leaders religieux venus du monde entier. Une spiritualité partagée et une mémoire vivante À travers des archives numérisées et des témoignages filmés entre le Maroc et la France, "Meqbouline, les hôtes de Toumliline" met en lumière une cohabitation exemplaire entre trois traditions monothéistes : judaïsme, islam et christianisme. Le terme Meqbouline, signifiant "les acceptés", traduit l'accueil chaleureux réservé aux moines et leur reconnaissance par la société marocaine. Pour la réalisatrice Izza Edery-Génini, cette expérience constitue un témoignage fort d'acceptation mutuelle, de respect et de dialogue, qui mérite d'être transmis aux générations futures. D'une durée de 43 minutes, le film produit par la Fondation Mémoires pour l'Avenir, revient sur un moment clé de l'histoire marocaine où des religeux chrétiens, musulmans et juifs viviaient en parfaite harmonie à Azrou. Une mémoire à préserver face aux défis contemporains Présente à la projection, la présidente du CNDH, Amina Bouayach, a souligné l'importance de cette œuvre dans la conservation de la mémoire collective des années 1950 et 1960. "Les Hôtes de Toumliline illustrent une expérience humaine singulière, promotrice du dialogue et de l'échange, à une époque où les idées, les cultures et les civilisations se rencontraient dans un esprit d'ouverture", a-t-elle déclaré. Elle a également insisté sur la nécessité de faire revivre des espaces similaires aujourd'hui, tant au Maroc qu'à l'échelle mondiale, pour faire face aux replis identitaires et aux tensions intercommunautaires. De son côté, Lamia Radi, présidente de la Fondation Mémoires pour l'Avenir, a rappelé que ce film ambitionne de faire connaître une histoire largement ignorée. "Il s'agit d'un récit de respect mutuel, de rencontre et de connaissance réciproque entre Marocains, qu'ils soient musulmans ou juifs, et des chrétiens. C'est une page importante de notre histoire qu'il faut mettre en lumière." "Meqbouline, les hôtes de Toumliline" s'impose ainsi comme un témoignage cinématographique rare et précieux, un film-mémoire porteur d'un message universel de tolérance, à une époque où le dialogue entre les cultures demeure plus que jamais nécessaire.