Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani aurait rencontré (malgré les réfutations tardives) le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en marge du sommet Etats‐Unis–Afrique, d'après plusieurs médias, confirmés par des sources diplomatiques citées sous anonymat. Selon un article publié par Atlantic Council et signé par Sarah Zaaimi, cette entrevue aurait porté sur une possible reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, interrompues depuis 2010 ainsi que sur une future adhésion de la Mauritanie aux accords d'Abraham (AA). Dans son analyse, Atlantic Council affirme qu'«un tel accord injecterait un souffle nouveau à la normalisation, en panne depuis le 7 octobre 2023, tout en conférant aux Etats-Unis une supériorité géostratégique au Sahel, à travers la formation d'un nouveau noyau d'alliés aux côtés du Maroc et des Emirats arabes unis, capable de contenir l'expansion sino‐iranienne et russe dans la région.» Trump aurait facilité le rapprochement D'après la même source, citant une «personne informée des tractations», l'ancien président Donald Trump aurait été à l'origine de cette rencontre confidentielle. L'ambassadrice mauritanienne à Washington, Cissé Mint Cheikh Ould Boïde, a pour sa part nié toute implication dans l'organisation du rendez‐vous. Atlantic Council rappelle que ce mouvement diplomatique s'inscrirait dans la continuité de la première administration Trump, qui, dès 2021, avait ciblé Nouakchott – aux côtés de Jakarta – comme l'un des Etats à majorité musulmane les plus proches d'une signature avec Israël. Selon les propos recueillis à l'époque par des officiels américains, la Mauritanie était «à quelques semaines» de conclure un accord, avant que la donne régionale ne soit bouleversée par les violences à Gaza. Des signes annonciateurs dès 2020 La réceptivité progressive de Nouakchott aux principes de coopération arabe avec Israël s'est dessinée dès 2020, lorsque le ministère mauritanien des affaires étrangères qualifia la décision des Emirats arabes unis de signer les accords d'Abraham de «signe de sagesse et de bon jugement». Il ajouta que «les Emirats disposent de la souveraineté absolue et de l'indépendance complète dans la conduite de leurs relations extérieures et l'appréciation de leurs positions, en fonction de leur intérêt national et de celui des Arabes.» Néanmoins, l'approche s'est infléchie après octobre 2023, sous la pression de l'opinion publique. En réaction aux opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, des milliers de manifestants mauritaniens ont régulièrement envahi les rues pour dénoncer les pertes humaines, et condamner ce qu'ils perçoivent comme une atteinte insupportable au droit humanitaire. Une géopolitique sahélienne en recomposition Dans son article, Sarah Zaaimi avance que «la Mauritanie pourrait devenir le nouveau pivot d'un arc diplomatique pro‐américain en Afrique de l'Ouest, aux côtés du Maroc et des Emirats, dans une logique d'endiguement de l'influence euro‐asiatique.» Elle souligne que les décideurs américains voient dans Nouakchott «un partenaire disposé à reconsidérer son positionnement stratégique», alors que les équilibres traditionnels de la région vacillent. Tout en restant prudent, Atlantic Council considère ce réchauffement comme un signal de plus, dans un environnement diplomatique fragmenté où les Etats cherchent à tirer parti des recompositions géostratégiques à l'œuvre depuis le retrait relatif de certaines puissances occidentales.