Le chef de Boko Haram, Ibrahim Mahamadu, dit Bakura, a été tué au Niger lors d'une opération conduite avec l'appui des services de renseignement marocains, a indiqué la presse internationale. Le mouvement djihadiste, apparu en 2009 dans le nord du Nigeria, est tenu pour responsable d'environ 40 000 morts et de plus de deux millions de déplacés. Plusieurs médias étrangers rapportent que cette neutralisation aurait bénéficié d'un échange de renseignements avec le royaume, mais aucune confirmation officielle n'a été donnée par Rabat mais en 2016, selon une source gouvernementale marocaine citée par des publications spécialisées, «le roi Mohammed VI a autorisé, par solidarité avec le Niger, la fourniture d'équipements militaires à l'exception des munitions létales, afin de soutenir un allié traditionnel du Maroc dans le bassin du lac Tchad». Une opération militaire «exemplaire» L'armée nigérienne a annoncé, jeudi 21 août au soir, avoir tué Bakura la semaine précédente dans le bassin du lac Tchad, aux confins du Niger, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun. Dans le bulletin de ses opérations, elle a précisé que «le 15 août (...) les forces armées nigériennes, dans une opération d'une précision exemplaire, ont neutralisé le tristement célèbre Bakura, de son vrai nom Ibrahim Mahamadu, chef redouté de la secte Boko Haram, sur l'île de Chilawa, dans la région de Diffa». Une source militaire a ajouté que l'opération s'était déroulée «très tôt» et que «un aéronef de chasse de l'armée de l'air a déclenché trois frappes ciblées et successives sur les positions que Bakura avait l'habitude d'occuper à Chilawa». Boko Haram, fléau régional Apparu en 2009 au Nigeria, Boko Haram est tenu pour responsable d'environ 40 000 morts et de plus de deux millions de déplacés. Après avoir essaimé depuis le nord du Nigeria, le groupe s'est enraciné dans le bassin du lac Tchad, multipliant les incursions au Niger, au Tchad et au Cameroun. Le Niger a subi ses premières attaques en 2015 dans la ville de Bosso, sur les rives du lac. Selon l'armée nigérienne, Ibrahim Mahamadu, âgé d'une quarantaine d'années et originaire du Nigeria, avait rejoint Boko Haram il y a plus de treize ans. Il avait pris la tête du groupe en mai 2021, après la mort d'Abubakar Shekau, son prédécesseur. Son nom est notamment associé à l'enlèvement de plus de 300 élèves à Kuriga, au Nigeria, en mars 2024 et à de nombreux attentats suicides contre des marchés, des mosquées et des rassemblements de civils ainsi qu'à des attaques contre les armées du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun. Bakura avait succédé en 2021 à Abubakar Shekau, chef historique du mouvement, plusieurs fois déclaré mort avant de disparaître définitivement. Sous sa direction, Boko Haram a poursuivi une stratégie de violence extrême, mêlant attentats, massacres et enlèvements, parmi lesquels celui des collégiennes de Dapchi, brièvement retenues en otages avant d'être libérées.