Face aux incursions répétées de drones russes dans le ciel européen, la Commission européenne a décidé d'accélérer sa riposte technologique. D'ici à 2027, un vaste dispositif baptisé Initiative européenne pour les drones (EDDI), surnommé par les médias le « mur antidrones », devrait être pleinement opérationnel, ont confirmé ce mercredi plusieurs responsables européens. L'annonce officielle est attendue jeudi, mais les grandes lignes du projet sont déjà connues : EDDI doit constituer une nouvelle architecture de défense, conçue pour détecter, tracer et neutraliser les drones hostiles avant qu'ils ne pénètrent l'espace aérien de l'Union. Ce chantier s'inscrit dans la foulée des récentes violations de l'espace polonais par une vingtaine d'appareils russes, un incident qui avait révélé la vulnérabilité de l'Otan. Pour neutraliser seulement trois de ces drones, l'Alliance avait dû mobiliser des missiles d'une valeur exorbitante, un déséquilibre jugé intenable à long terme. L'Union européenne entend cette fois s'inspirer de l'expérience ukrainienne, devenue en deux ans un laboratoire de guerre électronique et un acteur majeur de la fabrication de drones et d'intercepteurs. Lire aussi : Allemagne : Reprise du trafic à l'aéroport de Munich après des perturbations dues à des observations de drones Dès l'an prochain, un réseau de capteurs terrestres et satellitaires doit commencer à quadriller le flanc oriental de l'Union, en priorité dans les Etats frontaliers de la Russie. Les capacités d'interception, elles, devraient être déployées progressivement jusqu'en 2027, avant une extension à l'ensemble du continent. Cette initiative s'inscrit dans une feuille de route plus large – Défense européenne 2030 – que la Commission présentera lors du sommet européen de la semaine prochaine. Le programme vise à renforcer la souveraineté militaire du continent et à combler les failles révélées par le conflit en Ukraine. Mais le projet ne fait pas l'unanimité. Plusieurs Etats membres, dont l'Allemagne, s'inquiètent du coût d'une telle infrastructure et du risque de chevauchement avec les compétences de l'Otan. Certains y voient aussi une tentative de la Commission d'empiéter sur un domaine, la défense, qui demeure traditionnellement l'apanage des Etats. Reste que, face à la multiplication des menaces hybrides, Bruxelles semble décidée à franchir un cap historique, celui d'une Europe qui ne se contente plus de parler de sécurité, mais commence enfin à la construire.