Le débat sur la limite d'âge pour le recrutement des enseignants refait surface. Trois ans après son instauration, le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports réévalue cette mesure, contestée par plusieurs députés et syndicats. Une étude d'impact est en cours pour déterminer si ce plafonnement doit être maintenu, assoupli ou supprimé avant le concours national prévu à l'automne 2025. Le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports réexamine la décision fixant à 30 ans l'âge maximum pour le recrutement des enseignants. Cette mesure, adoptée en 2022 dans le cadre d'un projet de réforme du système éducatif, visait à attirer de jeunes diplômés et à garantir une carrière complète dans la fonction publique. Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, M. Mohammed Saâd Berrada, a indiqué le 13 octobre 2025 devant la Chambre des représentants qu'une évaluation est en cours afin d'en mesurer les effets sur la qualité de l'enseignement et sur les perspectives d'emploi. En effet, cette évaluation, entamée il y a trois mois, s'inscrit dans une démarche de concertation avec les acteurs du secteur, notamment les syndicats et les représentants du privé. Le ministre a affirmé que la décision définitive sera rendue avant le lancement du concours national prévu à l'automne 2025, qui doit permettre le recrutement de 20 000 enseignants dans les académies régionales. En outre, il a précisé que les discussions porteront sur les impacts possibles d'une révision ou d'une suppression de la limite d'âge, aussi bien sur les flux de recrutement que sur l'équilibre entre l'enseignement public et privé. Lire aussi : Université publique marocaine : Controverse sur l'introduction de frais d'inscription aux masters En outre, les données communiquées par le ministère illustrent la portée de cette mesure, puisqu'en 2024, 120 000 candidats ont participé aux concours d'accès à la profession, dont 14 000 ont été retenus. Parmi les admis, 80 % étaient âgés de moins de 25 ans, tandis que les candidats âgés de 29 ans ou plus ne représentaient que 4 % du total. Ces chiffres, selon le ministère, reflètent une prédominance des jeunes diplômés dans les nouvelles promotions d'enseignants, objectif initial de la réforme de 2022. Par ailleurs, plusieurs groupes parlementaires ont toutefois remis en cause la pertinence de ce plafonnement. Le député Abderrahim Bouaida du Parti de l'Istiqlal a estimé que « 30 ans marque le début de la jeunesse et non sa fin » et que la mesure constitue une restriction injustifiée à l'égalité des chances garantie par la Constitution. Le groupe du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a également plaidé pour la suppression du plafond, estimant qu'aucune étude scientifique ne démontre un lien entre âge et compétence pédagogique. Fedoua Mouhsine Lhayani, du Mouvement populaire, a pour sa part souligné le déséquilibre que cette règle crée dans un secteur déjà confronté à un déficit en ressources humaines. Lors de la même séance, M. Mohammed Saâd Berrada a rappelé que la fixation du plafond d'âge en 2022 visait avant tout à « améliorer la qualité du système éducatif et à renforcer l'attractivité du métier ». Il a reconnu que la mesure a produit des effets variables selon les régions et que son réexamen doit tenir compte de la réalité du terrain et des besoins en enseignants qualifiés. En parallèle, le ministre a aussi évoqué les répercussions de cette règle sur le secteur privé, indiquant que certains enseignants quittent leurs établissements dès qu'ils réussissent le concours public, ce qui provoque un déséquilibre dans le corps enseignant. Alors que la décision finale est attendue dans les prochaines semaines, le ministère a réaffirmé sa volonté d'aboutir à un cadre équilibré garantissant la performance du système éducatif tout en préservant les principes d'égalité et de transparence dans l'accès à la fonction publique.