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"Le Monde", qui recycle les narrations tendancieuses sur la monarchie marocaine et passe sous silence les luttes de pouvoir en Algérie, doit-il être traité comme agent étranger ?
La parution dans Le Monde d'un article intitulé «Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI» impose une interrogation longtemps ruminée : à quel moment un quotidien étranger cesse-t-il d'exercer un journalisme impartial pour se muer en instrument de nuisance politique ? On ne peut que s'étonner de cette focalisation exclusive envers le Maroc. Pourquoi ce journal consacre-t-il des milliers de signes à répéter, sous des formes variées mais toujours prévisibles, les mêmes clichés sur le royaume, tout en gardant un silence assourdissant sur les véritables convulsions qui traversent l'Algérie voisine ? Comment expliquer que les «luttes de clans», les disparitions inexpliquées de généraux, les rivalités autour de la présidence et l'opacité des prises de décision à Alger n'aient jamais droit au même traitement ? Pourquoi, en somme, Le Monde se complaît-il à mettre en doute la stabilité d'une monarchie marocaine solide et efficace, tout en détournant pudiquement le regard d'un régime militaire où les querelles intestines menacent en permanence l'équilibre de l'Etat ? Quel ennui que tous ces gens qui fantasment sur l'ébranlement des pouvoirs constitués au Maroc ! Et quelle «lâcheté», pour rebondir sur le commentaire de l'avocat Juan Branco. Ces «coups de plume écrits sur des ouï-dire et avec mauvaise intention, qui ont l'air d'un tract approximatif», fulmine un chroniqueur sur X (Twitter). Le journal Le Monde a publié avant quelques heures un long article intitulé «Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI», premier épisode d'une série annoncée comme une enquête sur «l'énigme Mohammed VI». Derrière le titre grandiloquent, le lecteur averti ne retrouve qu'un patchwork de clichés anciens, une accumulation de formules éculées et un recyclage de rumeurs déjà largement diffusées depuis plus d'une décennie. Le texte, littéralement une contrefaçon intellectuelle, s'épuise dans une rhétorique répétitive. Images convenues, répertoire déjà éprouvé, arguments s'enchaînent sans jamais se renouveler. L'impression finale n'est pas celle d'une enquête, mais celle d'un essai aride ressassant les mêmes poncifs. La dramaturgie du contraste : une ficelle éculée Disons-le tout de go : le cœur du sujet n'est pas le pamphlet bâclé et sa prose déficiente ou qu'un journal (de référence!) agisse sur ses abonnés à la manière d'un crieur sur son auditoire. Il s'agit du climat que le quotidien français cherche à entretenir et des attaques virulentes tolérées contre les gouvernements étrangers. Exemple : le papier s'ouvre sur une description imagée du souverain : «assis, lors de la prière de l'Aïd el-Adha à Tétouan, incapable de se prosterner, le visage marqué par la fatigue». Quelques lignes plus tard, il oppose ce tableau à celui du roi «en Jet-Ski, au large de Cabo Negro, levant timidement la main vers ses sujets». Cette dramaturgie du contraste, qui juxtapose vulnérabilité et vigueur apparente, est une technique narrative qui ne démontre rien ; elle suggère, insinue, fabrique une tension artificielle et, surtout, reconduit un trope journalistique déjà utilisé par d'innombrables rédactions où la santé du monarque est toujours l'objet de spéculations nourries par des suppositions infondées. Le lexique de l'inquiétude : un effet d'amplification Le texte poursuit en évoquant «l'amaigrissement du roi lors de la réception de M. Macron à Rabat en octobre 2024», présenté comme un élément déclencheur d'«inquiétudes». L'auteur précise aussitôt qu'«il n'y a rien de dramatique à ce stade». Or, l'analyse n'apporte aucun élément médical, aucun témoignage circonstancié, aucune donnée vérifiable. Tout repose sur l'observation subjective d'une silhouette, puis sur une interprétation psychologique. Le cœur du titre repose sur une formule incantatoire : «atmosphère de fin de règne». Or, on ne saurait qualifier de «fin de règne» une période où aucun élément institutionnel ne le laisse présager. Le roi continue d'exercer ses fonctions souveraines, d'assurer la continuité de l'Etat, de signer des décrets et de recevoir des chefs d'Etat. Le texte convoque ensuite des figures secondaires pour nourrir le récit, citant «l'héritier Hassan, encore adolescent, placé sous les projecteurs». Ici encore, aucune information factuelle inédite n'est fournie : le rôle du prince héritier est constitutionnel, sa présence aux cérémonies officielles est connue. L'évidence est travestie en indice. Le journal cite un épisode anecdotique : «le roi a perdu son chien, puis l'a retrouvé, déclenchant une campagne de communication sur les réseaux sociaux». Cet exemple, dérisoire en lui-même, est présenté comme révélateur d'un état d'esprit ou d'une gouvernance. L'argument (mentionné dans les vidéos diffamateurs d'Ali Lmrabet) prête à sourire : réduire la lecture d'un règne à une anecdote canine, c'est non seulement manquer de rigueur, mais abaisser le niveau de l'analyse d'investigation. Un fait mineur est ainsi gonflé à la taille d'un symbole national, alors qu'il ne s'agit que d'un épisode éphémère sans réelle consistance. Une construction circulaire et stérile À mesure que l'on avance, on constate que le papier ne fait que tourner en rond : il répète les mêmes motifs, réagence les mêmes images, recompose les mêmes inquiétudes. Les expressions se succèdent, «souverain absent», «roi fantôme», «pouvoir en sommeil» — sans jamais dépasser le stade de la formule. Cette construction circulaire repose sur un vocabulaire de la suggestion et non sur une enquête. Le reproche le plus grave que l'on peut adresser à ce dossier est son absence de méthode. Une enquête digne de ce nom repose sur des sources identifiées, des documents, des témoignages recoupés. Or, dans ce texte, aucune source n'est nommée, aucun document n'est cité, aucun fait inédit n'est apporté. Les journalistes recourent au registre vague de l'anonymat : «selon des observateurs», «d'après des proches», «aux yeux de certains». Ces formules indéterminées neutralisent toute vérification et transforment l'information en impression. Ce procédé discrédite l'ensemble de l'article, qui s'apparente davantage à une chronique littéraire qu'à un travail de presse. L'article du Monde ne constitue pas une investigation sérieuse mais une compilation de motifs anciens, organisés pour produire une atmosphère dramatique. L'Algérie : un silence médiatique révélateur Si Le Monde multiplie ses articles sur la santé et les gestes du souverain marocain, le quotidien demeure obstinément silencieux sur les convulsions internes de l'Algérie voisine. Dans ce pays, les rivalités au sommet se nouent à huis clos entre militaires, responsables politiques et cercles économiques influents, et les décisions stratégiques se prennent dans un secret total. Pourtant, aucune enquête comparable à celle menée sur Rabat n'émerge pour éclairer ces tensions réelles, bien plus décisives pour la stabilité régionale que les spéculations sur des anecdotes ou des déplacements. Les arrestations ciblées, les mises à l'écart de généraux, les permutations brusques à la tête de ministères clés ou encore les manœuvres diplomatiques subites constituent un théâtre politique tangible dont Le Monde semble faire abstraction. Cette disparité malmène la déontologie journalistique et le lecteur, ainsi privé d'une perspective juste sur les vraies fluctuations politiques de la région, se voit confronté à une mise en scène médiatique partielle et orientée.