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Le projet atlantique transforme la relation entre le Maroc et la Mauritanie en traçant de nouvelles voies de coopération et en révélant des fragilités partagées
Publié dans Barlamane le 13 - 09 - 2025

Le Policy Center for the New South a publié un rapport de recherche (RP-09/25) signé par Fadoua Ammari et Rida Lyammouri, consacré au projet atlantique annoncé par le roi Mohammed VI le 6 novembre 2023. Ce texte affirme que «l'entreprise marocaine, en offrant aux nations sahéliennes enclavées un passage vers l'océan Atlantique, redéfinit la place de la Mauritanie dans les circulations africaines et pose de nouveaux équilibres diplomatiques, économiques et sécuritaires». Les auteurs soulignent que «ce dessein, centré sur l'ouverture du Sahel au futur port en eaux profondes de Dakhla, porte en lui la promesse d'une transformation régionale tout en révélant la fragilité de la neutralité mauritanienne et la vulnérabilité des routes face aux périls du terrorisme».
La Policy Center for the New South a publié un rapport de recherche référencé RP-09/25, intitulé «The Atlantic Initiative and Morocco–Mauritania Relations: Strategic Opportunities and Shared Challenges», signé par Fadoua Ammari et Rida Lyammouri. Ce texte examine avec minutie le projet proclamé par le roi Mohammed VI le 6 novembre 2023 lors du discours marquant le 48e anniversaire de la Marche verte. Selon les auteurs, «le dessein atlantique a pour objet d'offrir aux pays sahéliens dépourvus d'accès maritime, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, une ouverture sur l'océan Atlantique par le recours aux infrastructures de transport marocaines». Ils expliquent que «le royaume propose de mettre à disposition son réseau routier, ferroviaire et portuaire en édifiant de nouveaux corridors logistiques qui relieront le cœur du Sahel aux rivages atlantiques, notamment au futur port en eaux profondes de Dakhla».
Les chercheurs rappellent que «cette orientation dépasse la seule question de l'infrastructure : elle s'enracine dans la conviction que l'intégration économique constitue une réponse aux menaces sécuritaires du Sahel». Ils affirment que «le Maroc entend, par ce projet, affermir sa vocation africaine et construire des alliances pérennes, après l'abandon de son projet d'adhésion à la Cedeao en 2017-2018».
Ils soulignent enfin que «le choix de Dakhla n'est pas neutre : il traduit une volonté explicite d'obtenir une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur le Sahara par l'usage même de cette infrastructure». À ce propos, ils relèvent que «le Burkina Faso et le Tchad ont déjà inauguré des consulats à Dakhla, tandis que le Mali et le Niger, autrefois plus réservés, évoluent vers des positions plus favorables au royaume». Pour la Mauritanie, insistent-ils, «le projet représente à la fois une promesse et une épreuve, car le pays, riverain de l'Atlantique mais longtemps marginalisé dans les circulations africaines, est invité à devenir un acteur central de l'architecture atlantique».
La question saharienne et l'équilibre diplomatique entre Rabat et Nouakchott
Le rapport rappelle que «le différend du Sahara demeure au cœur de la relation entre Rabat et Nouakchott». Héritée des soubresauts de la décolonisation, cette querelle oppose le Maroc au Front Polisario, appuyé par l'Algérie, depuis 1975. Les auteurs notent que «la Mauritanie participa initialement au conflit en occupant la partie sud du territoire, le Tiris al-Gharbiyya, de 1975 à 1979, avant de se retirer et de reconnaître en 1984 la RASD proclamée par le Polisario». Depuis lors, précisent-ils, «Nouakchott s'efforce de préserver une neutralité constructive, en entretenant des relations cordiales avec le Maroc, l'Algérie et le Polisario, sans prendre parti de manière ouverte».
Les chercheurs soulignent que «le corridor envisagé par Rabat traverse le Sahara pour atteindre le port de Dakhla, ce qui signifie que son usage par les pays sahéliens constituerait une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine». Ils rappellent que «le Burkina Faso et le Tchad, en ouvrant des consulats à Dakhla, ont déjà franchi ce pas, et que le Mali comme le Niger s'éloignent de la ligne du Polisario».
Ils expliquent que «Rabat espère convaincre la Mauritanie d'adhérer plus explicitement à cette architecture régionale, en mettant en avant les avantages économiques et logistiques du corridor». Pourtant, notent-ils, «Nouakchott continue d'affirmer sa neutralité positive, comme l'a souligné en février 2025 le porte-parole du gouvernement mauritanien, rappelant que cette posture demeure essentielle à la stabilité du pays».
Le rapport précise que «un abandon de cette neutralité exposerait la Mauritanie à des risques internes, notamment parmi les populations du nord proches des Sahraouis, et à des pressions externes, en particulier de la part de l'Algérie et du Polisario». Les auteurs évoquent que «la fermeture du poste frontalier de Lebriga en mai 2025 fut dictée par la militarisation croissante des camps de Tindouf». Dans le même temps, «le Polisario intensifia ses actions militaires, multipliant les attaques dans la région d'Es-Smara durant l'été 2025». Ils notent que «si Rabat nourrit l'espoir de rallier progressivement Nouakchott à une position plus proche de la sienne, la Mauritanie persiste à juger sa neutralité indispensable tout en demeurant attentive aux bénéfices que peut apporter le projet atlantique».
Les routes commerciales, l'essor des échanges et la vulnérabilité sécuritaire
Les auteurs rappellent que «l'unique axe routier reliant actuellement le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal, par Guerguerat et Nouakchott, connaît des congestions croissantes et reste exposé aux blocages du Polisario». Pour y répondre, précisent-ils, «Rabat projette de créer un corridor transsaharien de 2 200 kilomètres reliant Dakhla au Mali via la Mauritanie, avec des prolongements possibles vers le Niger et le Tchad». Ils ajoutent que «un second poste frontalier doit ouvrir entre Es-Smara et Bir Moghreïn : le tronçon marocain de 93 kilomètres est achevé à 95 % en 2025, et Nouakchott a donné son accord pour l'ouverture de ce passage».
Ils insistent que «cette innovation place la Mauritanie au centre des circulations maghrébo-sahéliennes». Ils rappellent toutefois que «près de 40 % du réseau routier mauritanien se trouve en mauvais état et nécessite des travaux de réhabilitation». La Banque mondiale relève que «la croissance annuelle moyenne de 3,7 % en Mauritanie repose largement sur le commerce et le transport». De ce fait, estiment-ils, «ériger la Mauritanie en carrefour de transit régional pourrait lui apporter une solidité économique accrue».
Concernant les échanges, le rapport indique que «les exportations marocaines vers la Mauritanie sont passées de 100 millions de dollars en 2007 à plus de 322 millions en 2022». Ces livraisons portent, détaillent-ils, sur «des denrées alimentaires, des matériaux de construction, des produits manufacturés et des biens de consommation courante». En retour, «le Maroc importe des produits halieutiques et des minerais mauritaniens, notamment du fer et du cuivre».
Les auteurs insistent sur la fragilité agricole : «moins de 0,5 % des terres mauritaniennes sont cultivables, ce qui impose au pays de dépendre presque entièrement des importations». Ils notent que «le corridor routier permettrait aux produits agricoles marocains de parvenir plus aisément au marché mauritanien et sahélien, renforçant la sécurité alimentaire». Ils rappellent que «l'OCP a déjà distribué 5 000 tonnes d'engrais aux petits exploitants mauritaniens, dispensé des formations et lancé des programmes de fertilisation adaptés en partenariat avec la Banque mondiale».
Sur le plan énergétique, ils rapportent que «un accord d'interconnexion électrique a été signé en janvier 2025 afin de relier les réseaux des deux pays». Ils précisent que «la Mauritanie pourra importer de l'électricité marocaine, notamment issue des énergies renouvelables, et à terme, participer à l'intégration énergétique de l'Afrique de l'Ouest». Ils ajoutent encore que «le gazoduc Nigeria–Maroc, longeant la côte atlantique et traversant les eaux mauritaniennes, constitue une occasion pour Nouakchott d'intégrer ses propres réserves offshore, évaluées entre 400 et 425 milliards de m3».
Le rapport consacre ensuite une large part aux périls sécuritaires. Il souligne que «plus de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde en 2024 ont été enregistrés au Sahel central». Bien que la Mauritanie ait su préserver sa stabilité depuis 2011, «l'essor des flux commerciaux et la multiplication d'infrastructures pourraient attirer l'attention des groupes jihadistes et criminels». Les chercheurs relèvent que «des katibas affiliées à Al-Qaïda et à l'Etat islamique demeurent actives dans les zones frontalières». Ils avertissent que «ces menaces pourraient compromettre la sûreté du corridor si aucune vigilance n'est maintenue».
Ils soulignent que «Rabat et Nouakchott accentuent leur coopération militaire : échanges accrus de renseignement, usage de drones de surveillance, participation régulière de la Mauritanie aux manœuvres African Lion, et formation d'officiers mauritaniens dans les académies marocaines». Ils rappellent également que «l'armée marocaine avait apporté en 2020 un soutien logistique aux forces mauritaniennes pour lever le blocus du Polisario à Guerguerat».
Les auteurs concluent que «la sécurité demeure le talon d'Achille de l'entreprise : sans garantie minimale, ni commerce ni investissement ne sauraient s'établir durablement». Ils estiment que «le projet atlantique ne deviendra un instrument de transformation régionale, de stabilité partagée et de souveraineté renouvelée qu'à la condition que Rabat et Nouakchott affrontent ensemble les épreuves diplomatiques, économiques et sécuritaires identifiées».


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