Selon l'OCDE, le Maroc compte un corps enseignant dont l'âge moyen est de 39 ans, avec 24 % de professeurs de moins de 30 ans et 46 % de femmes, contre 70 % en moyenne OCDE. Seuls 26 % disposent d'une expérience professionnelle hors enseignement, et 13 % des débutants bénéficient d'un tuteur attitré. La formation continue satisfait 69 % des enseignants tandis que 61 % souhaitent se former à l'intelligence artificielle et 54 % à l'usage de ressources numériques. Près de la moitié des classes accueillent plus de 10 % d'élèves ne maîtrisant pas la langue d'enseignement, mais seulement 4 % accueillent des réfugiés. La satisfaction professionnelle demeure élevée : 92 % se déclarent satisfaits de leur métier, 88 % ont un CDI et seuls 11 % des moins de trente ans envisagent de quitter l'enseignement dans les cinq ans. Les tensions principales concernent la charge de travail (70 % pour les corrections, 68 % pour le nombre de cours) et la discipline en classe (67 %). L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dresse, dans sa note publiée le 7 octobre, un tableau nuancé de la profession enseignante au Maroc. Selon l'enquête internationale TALIS 2024 (Teaching and Learning International Survey), «l'âge moyen des enseignants marocains est de 39 ans», contre 45 ans dans les pays de l'OCDE. Le rapport précise que «24 % des professeurs ont moins de 30 ans», tandis que «20 % ont atteint ou dépassé la cinquantaine» et que «46 % sont des femmes», proportion bien inférieure à la moyenne internationale (70 %). Ces données proviennent du rapport TALIS 2024 : Morocco, publié par l'OCDE à Paris et rédigé par Gabor Fülöp et Rodolfo Ilizaliturri. Un corps enseignant jeune, sous-doté en soutien institutionnel mais avide de perfectionnement Le rapport insiste sur l'expérience professionnelle antérieure des enseignants. Il constate que «26 % des enseignants ont une expérience professionnelle hors enseignement» (contre 57 % en moyenne OCDE). Parmi eux, seulement «1 % ont opéré une reconversion après au moins dix ans hors du secteur éducatif», là où cette part atteint «8 % en moyenne OCDE». L'enquête relève également un déficit d'accompagnement à l'entrée dans le métier : «54 % des enseignants récemment recrutés ont pris part à une induction», contre 72 % dans l'OCDE. De surcroît, seuls «13 % des enseignants débutants bénéficient d'un tuteur attitré dans leur établissement» (vs 26 % en OCDE), même si «60 % des écoles proposent au moins des programmes de mentorat» (vs 81 %). La formation continue recueille une large adhésion : «69 % des enseignants jugent que les activités de formation suivies l'année écoulée ont été utiles à leur pratique pédagogique» (moyenne OCDE : 55 %). Cette perception se montre encore plus vive chez les jeunes enseignants, leur satisfaction dépassant de sept points celle de leurs collègues plus expérimentés. Les besoins de perfectionnement professionnel apparaissent considérables dans le domaine des nouvelles technologies : «61 % souhaitent se former à l'usage de l'intelligence artificielle (IA) en classe», «54 % à l'intégration de ressources numériques» et «53 % aux compétences techniques liées au numérique». Chez les enseignants débutants, ces priorités incluent «l'IA (56 %) et le soutien aux élèves à besoins éducatifs particuliers (48 %)». Les obstacles à la formation se concentrent autour de contraintes structurelles : «manque d'incitations et d'aide de l'employeur (74 % chacun) et conflits d'emploi du temps (57 %)». Pour les novices, «l'absence de soutien hiérarchique (74 %) et l'éloignement géographique (64 %)» constituent également des freins majeurs. L'acte d'enseigner entre confiance culturelle, rigueur professionnelle et pressions du métier Le rapport examine ensuite l'environnement éducatif. Près de la moitié des enseignants (47 %) exercent dans des établissements où «plus de 10 % des élèves n'ont pas la langue d'enseignement comme langue maternelle». En revanche, seules «4 % enseignent dans des écoles accueillant au moins 1 % d'élèves réfugiés». Face à cette diversité linguistique et culturelle, les professeurs témoignent d'une grande assurance : «80 % des enseignants déclarent pouvoir adapter leur enseignement à la diversité culturelle des élèves», et «82 % estiment capables de faire collaborer des élèves d'origines différentes», contre respectivement 63 % et 74 % en moyenne OCDE. Les compétences socio-émotionnelles occupent une place centrale. «80 % des enseignants affirment soutenir l'apprentissage socio-émotionnel des élèves au moins "beaucoup"», et «90 % se sentent à l'aise pour dispenser cette instruction». L'usage des technologies demeure limité : «33 % des enseignants travaillent dans des écoles ayant donné au moins un cours en ligne ou hybride au cours du dernier mois» (contre 16 % OCDE). L'exploitation de l'intelligence artificielle reste inférieure à la moyenne : «26 % des enseignants l'ont utilisée, vs 36 % OCDE». Ceux qui y recourent s'en servent surtout pour «explorer rapidement un sujet (72 %), générer des plans de cours (71 %) ou adapter automatiquement le niveau des activités (53 %)»; ils l'utilisent moins pour «corriger les travaux (36 %) ou analyser la participation des élèves (35 %)». Parmi ceux qui n'y ont pas recours, «68 % invoquent un manque de compétences (vs 75 % OCDE) et 76 % un manque d'infrastructures dans leur établissement (vs 37 % OCDE)». L'autonomie pédagogique se révèle restreinte : «les enseignants marocains signalent une autonomie pédagogique plus réduite que la moyenne OCDE, et les chefs d'établissement confirment une implication moindre des professeurs dans les décisions relatives au curriculum et aux pratiques scolaires». Parmi ceux qui disposent d'une liberté d'enseignement plus large, «11 % travaillent dans des établissements où l'évaluation formelle des enseignants a lieu moins d'une fois par an ou pas du tout». Les relations professionnelles s'avèrent solides. Les échanges les plus fréquents concernent «les discussions sur le suivi d'élèves (37 %), le partage de supports pédagogiques (29 %) et la mise au point d'évaluations communes (21 %)». Globalement, «84 % des enseignants estiment pouvoir compter sur leurs collègues». Les rapports avec la direction témoignent d'une confiance affirmée : «93 % des enseignants déclarent que leur chef d'établissement entretient de bonnes relations avec le personnel, 90 % qu'il leur fournit des retours utiles, et 95 % qu'il a confiance dans leurs compétences pédagogiques». Les relations avec les élèves sont favorables : «92 % affirment que professeurs et élèves s'entendent généralement bien» et «78 % se sentent valorisés par les élèves» (contre 71 % en OCDE). En revanche, la coopération avec les parents reste ténue : «79 % des enseignants jugent que les parents apprécient leur travail (vs 65 % OCDE)», mais «seuls 14 % collaborent au moins mensuellement avec eux pour enrichir les activités scolaires (25 % OCDE)». La perception sociale de la profession connaît un niveau rare : «50 % des enseignants considèrent que leur métier est respecté dans la société», taux bien supérieur à la moyenne OCDE (22 %). De plus, «29 % estiment que les autorités politiques prennent en considération leur opinion (16 % OCDE)». Concernant les conditions d'emploi, «88 % des enseignants disposent d'un contrat à durée indéterminée (contre 81 % OCDE)». Toutefois, un quart exerce à temps partiel (vs 19 % OCDE). Près de «50 % se disent satisfaits de leurs conditions de travail hors salaires» (contre 68 % OCDE), tandis que «24 % se déclarent satisfaits de leur rémunération» (39 % OCDE). Le temps de travail hebdomadaire moyen des enseignants à plein temps atteint «32 heures (vs 41 h OCDE)». Ces heures se répartissent entre «22,6 consacrées à l'enseignement, 7,7 à la préparation des cours, 6,2 à la correction des copies et 0,6 aux tâches administratives». Les sources de tension les plus courantes tiennent à la charge de travail : «70 % évoquent un excès de corrections, 68 % le nombre de cours et 67 % la discipline en classe». Par ailleurs, «65 % déclarent enseigner dans des classes où au moins 1 % des élèves présentent des troubles du comportement, des difficultés linguistiques ou des besoins spécifiques (vs 77 % OCDE)». Le rapport relève encore que «14 % des enseignants perdent beaucoup de temps à cause d'interruptions en classe (contre 18 % OCDE)» et qu'ils consacrent «15 % du temps de cours à la gestion de la discipline (taux équivalent à la moyenne OCDE)». Malgré ces contraintes, la satisfaction professionnelle demeure élevée. «54 % des professeurs affirment atteindre l'ensemble de leurs objectifs de cours», contre 44 % en moyenne OCDE. L'un des objectifs les plus difficiles à atteindre concerne «l'acquisition par les élèves de compétences socio-émotionnelles (73 %)». Le bien-être professionnel s'avère remarquable : «seuls 13 % des enseignants se disent très stressés (vs 19 % OCDE), 8 % jugent que leur santé mentale en souffre notablement (10 % OCDE) et 17 % signalent une atteinte physique importante (contre 8 % OCDE)». Au total, «92 % se déclarent satisfaits de leur métier (contre 89 % OCDE)». Les intentions de départ demeurent contenues : «seuls 11 % des enseignants de moins de trente ans envisagent de quitter l'enseignement dans les cinq années à venir (contre 20 % OCDE)».