Une manifestation silencieuse sera organisée aujourd'hui devant le ministère de la Culture à Rabat, pour réclamer la dissolution du Conseil national de la presse, suite aux révélations du journaliste Hamid El Mahdaoui. Parallèlement, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a refusé de dialoguer avec les «nihilistes». Le comité «Déclaration pour la dissolution du Conseil national de la presse» a lancé un appel à une manifestation silencieuse prévue ce vendredi 28 novembre, devant le ministère de la Culture à Rabat. Cette mobilisation vise à réclamer la dissolution immédiate du Conseil national de la presse et le retrait du projet de loi n° 26.25, dénonçant ce qu'ils considèrent comme des «restrictions» pesant sur la presse libre et indépendante au Maroc. Ce mouvement fait suite à une pétition signée par plus de 220 journalistes, réclamant non seulement la dissolution du Conseil, mais aussi une enquête urgente et transparente sur les «violations graves» affectant le travail du Comité d'éthique et des questions disciplinaires de la Commission provisoire en charge du secteur de la presse et de l'édition. Ces préoccupations ont été mises en lumière dans une vidéo interne révélée par le journaliste Hamid El Mahdaoui. La manifestation est programmée à 17h30 près du Théâtre Mohammed V, afin d'exprimer le rejet des tensions qui secouent le paysage médiatique en raison de la gestion du secteur de la presse et de l'édition. Le comité invite tous les citoyens, ainsi que les organisations civiles, politiques et syndicales, à se joindre à cette action. Mehdi Bensaid rejette toute dissolution du Conseil Lors d'une réunion de la Commission de l'éducation et des affaires sociales à la Chambre des conseillers, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication a fermement rejeté les appels à dissoudre le Conseil national de la presse. Mohamed Mehdi Bensaid a défendu le Conseil en le qualifiant d'«institution efficace et réussie, jouant un rôle crucial dans le processus démocratique de notre pays», ajoutant qu'«aucune tentative visant à affaiblir les institutions ou à saper leur indépendance, d'où qu'elle vienne, ne peut être acceptée». Il a précisé qu'il ne répondrait pas aux «nihilistes qui voient tout en noir». Le ministre a souligné qu'il n'engagerait le dialogue qu'avec ceux qui proposent des idées constructives pour le développement des institutions du pays. «Si un problème survient au parlement, devons-nous conclure qu'il n'est plus valide ? Ou devons-nous demander la dissolution des partis en cas de problème ?» Bensaid a reconnu que le Conseil, bien que controversé, présente des aspects à la fois positifs et négatifs, soulignant que le rôle du ministère est de renforcer les institutions, et non de les affaiblir. Par ailleurs, le Syndicat national de la presse marocaine, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux et le Syndicat national du journalisme, des médias et de la communication ont précédemment condamné le contenu de l'enregistrement, réclamant une enquête impartiale et indépendante pour faire toute la lumière sur cette affaire et déterminer les responsabilités. De même, le Parti de la justice et du développement, le Parti socialiste unifié et le Parti du progrès et du socialisme ont appelé à une enquête urgente sur l'enregistrement publié par Hamid El Mahdaoui, qualifiant les actions du comité d'«arbitraires et revanchardes». Dans le même temps, les associations d'avocats ont dénoncé les insultes contenues dans l'enregistrement à l'égard des avocats, appelant également à une enquête. Plusieurs députés et conseillers parlementaires ont également souligné la nécessité d'une enquête sur cette question. Excuses aux avocats Face à cette situation, Khaled El Horri, membre du comité d'éthique au sein du comité intérimaire gérant le secteur de la presse et de l'édition, a rompu le silence pour présenter ses excuses au président de l'Ordre des avocats. Dans sa lettre, il a exprimé ses regrets, reconnaissant que son ton à ce moment-là «n'était pas aussi calme que requis», et a présenté ses excuses à tous les avocats affectés par ses propos, affirmant que «son respect pour la profession juridique est ferme et inébranlable». La Commission provisoire a publié un communiqué affirmant qu'elle s'appuie «dans toutes ses tâches, sur une approche qui respecte toutes les institutions professionnelles, au premier rang desquelles les organes de défense», et a souligné «la position estimée que la profession juridique occupe dans le système national, ainsi que le rôle central qu'elle joue dans le soutien des fondations de la justice et la garantie des droits et des libertés». Elle a précisé que les extraits vidéo publiés ont subi un montage par Hamid El Mahdaoui et ont été soumis à son interprétation. Le président de la Commission provisoire, Younes Moujahid, a exprimé ses excuses et ses profonds regrets «uniquement pour la publication et la circulation de certaines phrases sur les réseaux sociaux, qui ont pu causer confusion ou une impression incorrecte au cours de cette affaire, réaffirmant [son] appréciation pour le rôle central que la profession juridique joue dans la sauvegarde des droits et le service de la justice». Excuses rejetées et recours à la justice En réponse à ces excuses, l'avocat du journaliste Hamid El Mahdaoui, Omar Daoudi, égalemment membre de l'Ordre des avocats de Rabat, a déclaré dans un communiqué public : «Je peux clairement distinguer entre la défense de la profession juridique et la défense de mes droits en tant qu'avocat victime d'un acte criminel évident dans la vidéo.» «Je considère que ce que ce qu'on écrit les auteurs des deux documents d'excuse est inacceptable dans la façon dont celaa été rédigée et les termes utilisés, qui reflètent un état d'esprit arrogant qui ne reconnaît pas la faute.» Omar Daoudi Il a estimé que les attaques contre la profession lors de la réunion du comité «sont inimaginables et incompréhensibles», et a appelé les auteurs des documents à «respecter l'intelligence des avocats et des Marocains (...) au lieu de persister dans l'erreur et leur crime contre la profession». Il a ajouté que les excuses ne sont qu'une tentative pour «isoler le journaliste Hamid El Mahdaoui de sa défense, une tactique qui ne nous trompera pas». «En tant que deuxième victime dans la vidéo, je ne renoncerai pas à mon droit de poursuivre les auteurs et participants de cet acte criminel.» À son tour, l'avocat Rachid Ait Belarbi, membre de l'Ordre des avocats de Kénitra a déclaré que «au lieu de s'excuser clairement pour leurs erreurs, et les crimes explicites contre la profession juridique et les avocats qui ont assisté au Conseil national de la presse pour soutenir le journaliste Hamid El Mahdaoui, ils ont continué à parler de la fuite et de la publication de la vidéo, attaquant notre soutien à M. Hamid El Mahdaoui, et liant leurs actions à des moments d'agitation ou parce que c'était lors d'une réunion privée». Il a confirmé avoir déposé plainte auprès du Procureur du Roi près le Tribunal de première instance de Rabat contre le président de la Commission provisoire en charge du secteur de la presse et de l'édition et les membres du Comité d'éthique et des questions disciplinaires.