La situation paraît anodine. Pourtant, elle loge gracieusement une culture de l'abrutissement, une éducation de l'inadvertance, une fumée aveuglante de moquette, un grand interdit aux moins de tous les âges. Une circonstance à laquelle il faudrait tourner le dos, voyez-vous, sans ménagement aucun. Dans cette boule où s'agitent joyeusement quelques éclatés du bulbe, la procréation est d'une rare fertilité. Ici, on n'élève pas le débat, on risque de se cogner dangereusement contre la membrane de la boule. A la place, on laisse naviguer cette prestigieuse embarcation battant pavillon Occulte vers le néant. Car, puisqu'il y en a, elle en use avec gourmandise. C'est comme ce désir impérieux : l'appel du vide. Seulement, chez ces gens là le vide n'a point besoin d'appel. Ils le fréquentent assidument pour des exercices d'équilibre, le tai-chi par exemple. Ils y brassent du vent à satiété. Avec cela, ils se tordent de rire. Ce sont des spécialistes de la chose, nous dit-on. Des professionnels du rire qui manquent d'humour, cela existe et se répand via des médiums comme la télévision marocaine qui en sert depuis dix ans sous forme de concours. Cela fait une décennie que Al Aoula sert la même soupe ne souffrant ni d'indigestion ni de coliques. Cela s'appelle pompeusement « Stand up », laborieusement « Seul en scène » (parfois grossièrement au pluriel). Les candidats se rêvent en vedettes et les encadrants manquent le coach. Pousser un jeune dans le fossé de la médiocrité, c'est le condamner à la perpétuité de l'ignorance. Face au filage des numéros, trois décideurs ès modicité prennent le public pour un ramassis d'ineptes. L'un est partie prenante, l'autre se pavanant en dieu de l'arène et, au milieu, une midinette à la larme facile. Pour ne nommer personne : Tallis, Bassou et Fadoua Taleb. Mais que vient faire le sympathique hurluberlu Rhany à la présentation d'un programme étroit pour un chanteur généreusement oversize ?