L'énergie entrepreneuriale connaît un essor remarquable sur le continent africain, de Casablanca à Lusaka. En deux semaines, des pousses établies au Maroc et dans plusieurs pays ont recueilli plus de 200 millions de dollars (près de deux milliards de dirhams) de financements, illustrant la maturité croissante de l'Afrique dans les domaines des technologies climatiques, de la finance numérique, de l'énergie propre et des infrastructures Web3. Le Maroc mise sur l'industrialisation du fluor pour la transition énergétique mondiale Au Maroc, Fluoralpha, issue de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), a levé 110 millions de dollars (près de 1,1 milliard de dirhams) pour industrialiser les matériaux fluorés dérivés des phosphates, éléments essentiels à la fabrication des batteries pour véhicules électriques et des semi-conducteurs. Fondée en 2023, cette entreprise développe à Jorf Lasfar un complexe d'une valeur totale de 280 millions de dollars (près de 2,8 milliards de dirhams), destiné à produire 48 000 tonnes de composés fluorés par an. En transformant les sous-produits miniers en matériaux à haute valeur ajoutée, Fluoralpha entend instaurer une économie circulaire locale et ancrer le Maroc dans les chaînes d'approvisionnement européennes liées aux technologies vertes. Ce projet s'impose parmi les plus importants investissements industriels de haute technologie en Afrique du Nord en 2025, alliant ambition environnementale et réindustrialisation scientifique. Le reste du continent bouge Dans le reste du continent, plusieurs opérations de financement témoignent d'une trajectoire analogue. Au Kenya, la société Mawingu a obtenu 20 millions de dollars pour étendre ses réseaux fixes et sans fil en zones rurales, grâce au concours du fonds Pembani Remgro Infrastructure Fund II (PRIF II) et de Microsoft. En Egypte, la start-up Plstka a levé 1 million de dollars pour développer son application de recyclage fondée sur l'intelligence artificielle. Toujours en Egypte, la société Sabika a réuni un financement stratégique pour étendre sa plateforme d'investissement conforme à la charia dans l'or et l'argent. En Afrique du Sud, Pura Beverage Company a mobilisé 14 millions de dollars pour étendre à l'international sa gamme de boissons sans conservateurs, tandis qu'au Mali, OKO a bénéficié d'un soutien financier pour élargir son offre d'assurances climatiques à destination des agriculteurs. Ces levées de fonds traduisent une évolution structurelle : les entrepreneurs africains ne se contentent plus de rechercher la croissance, ils façonnent désormais un modèle économique durable fondé sur la résilience et l'innovation. Parallèlement, de nouveaux fonds d'investissement se déploient pour accompagner cette effervescence : Lisk a lancé un fonds EMpower de 15 millions de dollars pour les jeunes entreprises Web3, tandis que la division Banque d'investissement et d'affaires de Nedbank a injecté 28 millions de dollars dans le fonds Airnergize I, destiné à financer les infrastructures énergétiques propres. Ces opérations, couvrant la connectivité, l'industrie minérale, la transition énergétique et les biens de consommation durables, traduisent un tournant décisif pour l'entrepreneuriat africain. Porté par le capital, la technologie et une vision tournée vers l'autonomie, le continent s'impose comme l'un des nouveaux laboratoires mondiaux de l'innovation économique.