Tandis que le monde avance vers des solutions pragmatiques, Alger s'accroche à un rêve loin d'être réalisable. Le « fantasme saharien » semble s'être mué en pilier de doctrine, un mirage politique entretenu par des déclarations martiales et des postures figées. L'Algérie reste campée dans un discours immuable, tandis que le Maroc poursuit ses succès diplomatiques croissants. Devant les hauts gradés de l'armée, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récité ce qui pourrait passer pour le mantra officiel d'Alger : « La question du Sahara occidental est un cas de décolonisation. Je ne vais pas abandonner le Sahara occidental ». Acclamé par des applaudissements militaires nourris, le spectacle pourrait impressionner dans les salons d'Alger, mais sur la scène internationale, le charme opère certainement beaucoup moins. Pour Tebboune, il s'agit de rappeler à ses concitoyens, et au monde, que l'Algérie se positionne en « protectrice » des Sahraouis, même si ces derniers ne l'ont jamais mandatée pour les représenter. « Ce peuple aspire à l'indépendance. Nous ne sommes pas plus Sahraouis que les Sahraouis eux-mêmes. Nous soutenons la solution qu'ils acceptent. Nous n'allons pas surenchérir », a-t-il précisé, flattant l'ego de la junte militaire tout en laissant la diplomatie internationale poliment indifférente. La posture algérienne sur le Sahara se double désormais d'un rejet implicite de toute médiation régionale. La récente rencontre entre le président Tebboune et l'ambassadeur saoudien Abdullah ben Nasser Al Bussairy, porteur d'une lettre du prince héritier Mohammed ben Salman visant à favoriser le rétablissement des relations avec le Maroc, illustre parfaitement cette réticence. La priorité d'Alger n'est pas la réconciliation, mais la perpétuation du statu quo saharien, un dossier instrumentalisé au gré des conjonctures politiques internes. Même l'absence du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à cette réunion en dit long. La diplomatie algérienne justifie d'ailleurs ce blocage par un argument historique : « Les frontières n'ont pas été fermées à cause du Sahara occidental, mais pour d'autres raisons. Sur les 63 années d'indépendance, nos frontières ont été fermées pendant plus de 45 ans », a rappelé Tebboune. Une statistique qui, sous couvert de réalisme, masque la continuité d'une politique d'isolement et l'entretien d'un dossier saharien comme instrument de légitimation politique interne. Pourtant, sur la scène internationale, le décor est tout autre. Le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara continue de récolter un soutien grandissant, faisant fi des illusions algériennes. Les Etats-Unis, la France, l'Espagne et le Royaume-Uni figurent parmi les pays qui ont officiellement soutenu cette initiative comme la seule solution viable et crédible pour sortir d'un conflit figé depuis un demi-siècle. Cette reconnaissance diplomatique confère au plan marocain une légitimité difficile à contester et souligne l'isolement progressif et profond d'Alger sur ce dossier. Rappelons aussi que ce mois d'octobre s'est annoncé particulièrement crucial au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, avec un calendrier chargé qui pourrait déboucher sur une nouvelle résolution sur le Sahara marocain vers la fin du mois. Dans ce contexte, l'initiative marocaine d'autonomie apparaît plus que jamais comme la voie réaliste et pragmatique pour régler un conflit qui a trop longtemps stagné. Tout cela ne laisse qu'une seule conclusion, le Sahara marocain reste pour l'Algérie ce qu'il a toujours été : un fantasme éternel, applaudi dans les salles de cérémonie, brandi dans les discours officiels, mais toujours et à jamais hors de portée sur le terrain diplomatique et politique.