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Tourisme religieux : Fès et RAM engagées pour la «Tijaniya»
Publié dans Challenge le 19 - 05 - 2007

Ignorés depuis très longtemps, les 350 millions d'adeptes de la Tijaniya sont désormais sur les tablettes des professionnels du tourisme de Fès. Avec la compagnie aérienne nationale, ils ont mis en place une stratégie pour attirer dans un premier temps les 100 millions de touristes potentiels ouest-africains intéressés par le pèlerinage au mausolée de Cheikh Ahmed Tijani. Mais ils ne sont pas seuls sur la niche, les Algériens lorgnent également ce marché.
L'hymne est à la joie pour les 350 millions d'adeptes de la Tijaniya répartis sur tous les continents, dont plus du tiers en Afrique. Ces disciples de Cheikh Sidi Ahmed Tijani peuvent désormais profiter de packages attrayants pour visiter Fès. Ceci devrait en être de même pour les professionnels du tourisme de la capitale spirituelle du Royaume, qui commencent déjà à rêver d'une explosion du tourisme religieux pour cette destination d'ici quelques années. Ces derniers, avec la Wilaya de Fès et Royal Air Maroc, viennent de mettre en place une stratégie de conquête de ce marché touristique religieux dénommé «Ziyara Tijaniya».
Délaissé depuis plusieurs années, ce marché est devenu, il y a quelques mois, objet de tous les enjeux. Au-delà des calculs diplomatiques, l'Algérie veut se positionner comme un autre lieu de rencontre de cette influente confrérie, une façon de l'attirer pour des retombées touristiques. C'est ainsi qu'en novembre dernier, un colloque international fut organisé par le gouvernement algérien et a réuni pratiquement tous les pays d'Afrique de l'Ouest (voir encadré). Rappelons que c'est après de nombreux voyages de quête spirituelle que Sidi Ahmed Tijani, d'origine algérienne, s'établit à Fès où il fut enterré en 1815. Au cours du 19ème siècle, la tariqa tijaniya a connu une grande expansion dans les pays du Maghreb, puis par la suite en Afrique noire et dans une moindre mesure en Orient. Depuis, la zaouia tijaniya, toujours active, accueille des milliers de visiteurs du monde entier, notamment d'Afrique de l'Ouest.
Des années d'attente, puis…
Coïncidence ou pas, les professionnels fassi ont depuis réagi en mettant en branle pour la première fois un plan de conquête. «Il a démarré en mars dernier et nous prévoyons d'atteindre les 20.000 nuitées au bout de six mois. Déjà, pour l'année prochaine, nous escomptons tripler ce chiffre», souligne Driss Faceh, président du CRT (Conseil Régional de Tourisme) de Fès. Traditionnellement et de manière spontanée, la ziyara des disciples africains de la zaouia tijaniya se faisait avant ou après le grand hadj. Mais au cours de ces dernières années, c'est durant toute l'année qu'ils ont convergé vers Fès, le plus souvent avec les moyens du bord. Jusqu'à récemment, ce type de touriste, arrivant à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, était livré à lui-même. «Non seulement, il est considéré comme l'oiseau aux yeux des chauffeurs de grand taxi qui cherchent à l'arnaquer, mais une fois arrivé à Fès, il est confronté aux mêmes difficultés, aussi bien pour son hébergement que pour sa restauration. Ce qui décourage tout candidat au voyage pour le tourisme religieux dans la capitale spirituelle du Royaume», raconte un professionnel. Pourtant, il a fallu plusieurs années avant que la ville de Fès, avec ses différents partenaires, ne mette en œuvre le projet «Ziyara Tijaniya» pour répondre au mieux aux besoins des pèlerins de Sidi Ahmed Tijani. L'ONMT (Office National Marocain du Tourisme), privilégiant le marché européen et dans une moindre mesure le marché du Moyen-Orient, s'est toujours désintéressé du marché africain. À en croire un professionnel du tourisme à Fès, «même pour ce nouveau projet, l'ONMT s'est contenté d'un petit geste». « Nous avons réalisé une étude de comportement de cette catégorie de touristes. Il en ressort qu'ils sont de grands dépensiers, qui rentrent avec plus de cent kilos de bagages », martèle ce professionnel.
Des prospectus sur mesure
En tout cas, le CRT de Fès a pris les devants. Quelques-uns de ses membres ont sillonné depuis l'année dernière quelques grandes capitales ouest-africaines pour préparer le terrain. Dakar, Douala, Abidjan et Bamako ont déjà reçu cette délégation. «Pour l'heure, la programmation a commencé par la capitale sénégalaise où vient de se tenir la semaine culturelle marocaine», renseigne le président du CRT de Fès. La compagnie aérienne nationale a tout à y gagner. Elle a, ces dernières années, prolongé ses ramifications en Afrique, en mettant en place un programme de fréquences améliorées, tout en créant de nouvelles dessertes pour répondre à la demande, de plus en plus pressante, de ses clients. Ainsi, la fréquence quotidienne Casablanca-Dakar a été doublée en code-share avec Air Sénégal International (14 vols/semaine). RAM assure aussi 7 vols respectifs/semaine vers Abidjan et Tunis, 6 vols/semaine sur Bamako, 5 vols/semaine sur Nouakchott, 4 vols/semaine pour Conakry et 3 vols/semaine respectivement vers Douala, Ouagadougou, Lomé et Cotonou, 2 vols respectifs /semaine pour Niamey…
Aujourd'hui, la compagnie aérienne propose un séjour d'une semaine au départ de Dakar, avec escale à la grande mosquée Hassan II de Casablanca, puis au mausolée de Sidi El Arbi Ben Sayeh à Rabat, et enfin à la zaouia du Cheikh Sidi Ahmed Tijani à Fès. Si, auparavant, il fallait pratiquement 10.000 DH pour profiter d'un tel séjour, aujourd'hui, il devient possible avec 6.478 dirhams, le prix proposé par Royal Air Maroc.
Pour l'heure, ce package est commercialisé dans toutes les agences de voyages au Sénégal. «Ziyara Tijaniya vous offre, en plus du pèlerinage, l'occasion de découvrir le Maroc : Casablanca, métropole bouillonnante et dynamique, Rabat, ville impériale et capitale du royaume et Fès, ville impériale riche de plus de douze siècles d'histoire. Bienvenue au Maroc !», peut-on lire sur un des prospectus confectionné pour le lancement du programme. «Ziyarat Fès est un programme touristique novateur axé sur le culturel, le spirituel et le solidaire, qui cherche à valoriser, à Fès, le patrimoine matériel et immatériel hérité de la grande tradition soufie du Maroc», explique Driss Faceh. Ce projet de tourisme religieux va certainement favoriser le développement du concept de «logement chez l'habitant». Ce modèle est un hébergement touristique qui accueille les touristes au sein d'une famille de la médina de Fès, qui abrite le mausolée du Saint homme. Elle met à leur disposition une ou plusieurs chambres de sa maison, avec un confort adapté qui permet aux visiteurs une découverte de la vie locale et des habitants, dans un esprit d'échange interculturel. C'est dans ce sens que la Wilaya de Fès a ouvert ce grand chantier du logement chez l'habitant, en collaboration avec le CRT (démarche qualité), l'agence de développement social (volet formation) et l'implication d'associations de la Médina de Fès (gestion) pour la réalisation de 50 unités pour 2008.
Le lobby Tijaniya
Répartie dans de nombreux pays africains, la communauté tijaniya n'en constitue pas moins un grand lobby sur le continent. Si Fès demeure le haut lieu de pèlerinage pour l'ensemble de cette communauté, les Algériens ont toujours cherché à contrôler et à mettre à profit cette confrérie à des fins politiques. Ils ne perdent pas de vue qu'au Sénégal, au Mali, en Côte-d'Ivoire, au Nigeria, au Cameroun, au Burkina Faso, les adeptes de Cheikh Ahmed Tijani ont toujours pesé de leur poids dans la décision des gouvernements de ces pays. Au Sénégal par exemple, le
«ndiguel» (consigne de vote) du Khalif général des Tijani peut lourdement influencer le cours d'une élection présidentielle, même si généralement, celui-ci s'abstient de le faire, préférant laisser à ses troupes le choix de voter pour qui ils veulent.`
En Afrique, les confréries comme la Tijaniya ont toujours constitué des lieux où les liens sont plus que solides. En effet, outre l'influence spirituelle, elles ont une assise économique et sociale certaine, qui leur permet de dégager des stratégies susceptibles d'aider leurs membres à faire face aux divers problèmes de la vie. On peut même dire que ces confréries constituent une forme de hiérarchie sociale parallèle à l'Etat, avec en leur sein des conditions particulières de participation et d'action auto définie.
C'est pourquoi, mettant en avant les origines du Saint homme, le gouvernement algérien a organisé, du 23 au 25 novembre dernier, un colloque sur la Tijaniya, histoire, dit-il, de revisiter le message de Cheikh Ahmed Tijani. Contre-attaque ou pas, le programme «Ziyara Tijaniya» est parti pour solidifier les liens de la communauté tijaniya avec la capitale spirituelle du Royaume.


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