Tindouf : à qui profite vraiment l'aide humanitaire ?    À Genève, la présidente du Comité régional des droits de l'homme de Dakhla souligne les efforts du Maroc en matière de transition juste et d'environnement lors de la session du Conseil des droits de l'homme    Akhannouch conduit la délégation du Maroc à la 80è AG de l'ONU    Les avancées dans le social et en matière d'enseignement sont palpables    Opération Bir Lahlou : un assaut militaire marocain surprise déstabilise le "Polisario" et met en lumière ses liens avec les réseaux de contrebande    Interview avec Hicham Bouzekri « Le transport de l'hydrogène représente un challenge difficile »    Défense : L'usine de véhicules blindés de Tata bientôt inaugurée    Gazoduc Maroc-Nigéria : Benkhadra se félicité d'avancées considérables dans les études d'ingénierie    Les chatbots d'IA: un tiers des réponses contiennent de fausses informations    Actifs numériques : Le Maroc, 7e en Afrique pour le bitcoin    La part de marché britannique au Maroc portée à 2,6 % en 2024    La société chinoise Tenglong Gufen de pièces automobiles annonce l'ouverture en 2026 d'une usine marocaine    Chine: Zidane met en avant l'attractivité du Maroc en tant que destination d'investissement    Remise de dons royaux à des zaouïas dans la province d'Es-Semara    Assemblée générale de l'ONU : qui prend la parole et quels enjeux au programme    Europe : la carte contrastée des capitales face aux fusillades    Benkirane : «Les Etats-Unis sont gouvernés par une personne imprévisible»    Le Royaume-Uni et le Portugal vont reconnaître dimanche l'Etat palestinien    Après les reconnaissances, Netanyahu affirme qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien    Le Canada reconnaît officiellement l'État de Palestine    Botola Pro D1 : Le derby Wydad-Raja après la trêve internationale    Foot européen : Un super dimanche de derbies et de clasicos    En direct de Ksar Kébir / Assemblée Générale de la Ligue du Nord : La honte du football nordiste    LdC de la CAF : la RS Berkane ramène un nul précieux du Togo    Aguerd vs Hakimi... vers un possible report pour intempéries    Futsal : Argentine – Maroc pour la première place    Le Maroc dément les campagnes de désinformation et précise : l'AEVM n'est pas un visa mais une mesure temporaire réservée aux supporters de la CAN 2025    Le Real Madrid rend hommage à Abderrahim    Tráfico de drogas: Un falso oficial de la Guardia Civil detenido en el puesto fronterizo de Beni Ensar    Nizar Baraka anuncia la fecha de apertura de la carretera Amgala-Bir Oum Grine en Mauritania    Marruecos: Fuertes chubascos tormentosos localmente con ráfagas de viento el domingo    Rabat inaugure une chaire Unesco pour l'égalité des genres en sciences    Hichem Aboud dévoile son ouvrage « L'Algérie des voyous »    Oscars 2026 : « Sirat », tourné au Maroc, choisi pour représenter l'Espagne    TV5Monde met à l'honneur la francophonie marocaine à travers un voyage culturel et musical    Hicham Bahou, «la famille de L'Boulevard» et 25 ans de transmission musicale [Interview]    Le festival d'Asilah ravive l'âme de Mohammed Benaïssa et illustre la vocation culturelle et politique du Maroc, écrit le journal égyptien Al-Ahram    Bonus INTGVIEW2. Les objectifs de Berrada pour l'abandon scolaire    Alerte météo : Averses orageuses et rafales de vent ce dimanche    Un membre du Gouvernement kabyle écrit sur le scandale de la fuite du général algérien Nacer El Djen    Nizar Baraka annonce la date de l'ouverture de la route Amgala-Bir Oum Grine en Mauritanie    Sahara : De Mistura à Laayoune avant de se rendre chez le Polisario    Avant la visite du ministre Rajnath Singh pour inaugurer l'usine de Tata, New Delhi dévoile un document qui retrace l'ensemble des relations entre le Maroc et l'Inde    Diaspo #407 : Mohamed Boufarss, de Kelaat M'gouna à une carrière internationale inspirante    Akhannouch déterminé à mener à bien la réforme de la Santé    Cinéma : voici les jurys du 30e Festival de cinéma méditerranéen de Tétouan    Agadir: FRANKIVEL ART, l'upcycling en pleine lumière à La Passerelle des Arts    Hicham Jerando diffuse une archive de 2016 pour attiser la polémique autour d'un hôpital de Tiznit    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Bitcoin. Mirage ou réalité ?
Publié dans Challenge le 09 - 12 - 2024

Depuis quelques années, le Bitcoin a été la cible des grandes banques, dénonçant sévèrement l'utilisation de cette monnaie. Comme par magie, cette monnaie est aujourd'hui adulée par une banque comme "JP Morgan". Autrefois détracteur féroce du Bitcoin. On vous explique le pourquoi...
Le Bitcoin n'est plus cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. La chaîne de blocs, ou blockchain, technologie à la base des monnaies virtuelles comme le bitcoin, depuis son émergence en 2009, est parti pour être le chouchou des grandes banques. Pour la petite histoire, c'est dans la période de la crise financière de 2008 que la blockchain a fait son apparition avec la publication d'un livre blanc intitulé : « Bitcoin : un système de paiement électronique pair à pair », publié par Satoshi Nakamoto (un pseudonyme masquant l'identité réelle du créateur de la blockchain).
Ainsi, grâce à ce nouveau système, des individus peuvent s'échanger de la le bitcoin, et ce sans avoir recours à une institution financière comme intermédiaire de confiance. Par ailleurs, il faut souligner que ce n'est qu'en 2015 que la blockchain s'est révélée au grand public par la publication de l'article « The Trust Machine » de la revue The Economist (31 octobre 2015). « Beaucoup d'experts s'accordent pour dire que la blockchain a un potentiel disruptif énorme. Celle-ci pourrait perturber le fonctionnement de nombreux domaines, et particulièrement celui du système bancaire grâce à sa principale innovation qui réside dans la création d'un nouveau modèle de confiance », explique Laurent Leloup, expert en Blockchain dans son livre intitulé : « Blockchain, la révolution de la confiance ».
Lire aussi | Effet Trump: le bitcoin au-dessus de la barre des 90.000 dollars
En effet, la blockchain a été créée juste après la crise de confiance qui a suivi la crise financière de 2008. C'est en réponse à cette crise que Satoshi Nakamoto a décidé d'élaborer une technologie disruptive plus sécurisée, plus décentralisée et plus transparente. Son objectif était donc de proposer à la société une alternative au fait d'avoir toujours été dépendant d'un intermédiaire de confiance pour la réalisation de transactions financières. L'émergence de cette nouvelle technologie a donné voie à la désintermédiation. Cependant, bien qu'ayant des énormes atouts, la blockchain depuis son lancement était confrontée aux lobbies financiers. Dans plusieurs pays, la crypto-monnaie faisait face à la censure. Il faut noter qu'aujourd'hui en Europe et dans la plupart des pays du monde, les monnaies sont émises, et gérées, par les Etats ou des organismes publics comme les banques centrales, qui gèrent leur monnaie en fonction d'objectifs économiques stratégiques.
Et le bitcoin, à lui seul, menace le système puisqu'elle échappe au contrôle des Etats et des banques. « Il y a un risque que ces monnaies privées mettent en cause la souveraineté des Etats et des pouvoirs démocratiques », a déclaré Bruno Le Maire, ex-ministre de l'Economie et des Finances française, dans une note officielle en réponse à une question sur le projet de crypto-monnaie de Facebook (la Libra). De son côté, l'essayiste, chercheur, statisticien mathématique, Nassim Nicholas Taleb estime que le bitcoin est un véritable élément perturbateur. Dans la préface du livre de l'économiste Saifedean Ammous, intitulé « L'étalon Bitcoin », il déclare : « Il en arrive à Bitcoin qui, par ses caractéristiques de cash digital apolitique, défie le monopole étatique le mieux protégé ».
Un changement d'opinion ?
Aujourd'hui, on assiste à un véritable rush vers les monnaies virtuelles. Désormais, c'est toute une industrie qui prospère autour du bitcoin et des cryptomonnaies en général : il y a du minage, mais aussi des analyses de la blockchain et des solutions de portefeuilles numériques. Pour beaucoup d'experts, cette nouvelle monnaie marque l'économie naissante du web3. De 100 dollars en 2013 à une valeur de 100 000 dollars en 2024, le Bitcoin, pour de grands noms de la finance comme JP Morgan, représente l'avenir. Rappelons qu'après avoir été très critique au sujet de cette monnaie, JPM est désormais, c'est toute une industrie qui prospère autour du bitcoin et des cryptomonnaies en général : il y a du minage, mais aussi des analyses de la blockchain et des solutions de portefeuilles numériques. En plus de grands acteurs bancaires, des sociétés d'investissement comme Grayscale, BlackRock et Fidelity investissent des milliards de dollars dans l'achat de cet actif numérique volatil. Sur le plan géopolitique, beaucoup expliquent cette croissance du bitcoin par la réélection du président Trump. Ce dernier, durant les dernières élections, a revu sa position sur le bitcoin. De passage à une importante conférence du secteur, fin juillet, à Nashville (Tennessee), le nouveau locataire de la Maison-Blanche avait promis qu'en cas de réélection, il serait « le président pro-innovation et pro-bitcoin dont l'Amérique a besoin ». Notons que des documents publiés mi-août ont d'ailleurs montré que Donald Trump détenait entre 1 et 5 millions de dollars d'ether, la deuxième cryptomonnaie la plus importante au monde.
L'enjeu de la valeur...
Le prix Nobel d'économie américain Milton Friedman, dans un article en 1991 consacré au cas de la « monnaie de pierre », soulevait la question de la valeur, attribut central de toute monnaie. Il analysait le système de Yap pour montrer à quel point la monnaie « apparaît réelle et rationnelle », mais repose en fait sur une valeur commune. Il démontrait que le système occidental de l'étalon-or était comparable au système des monolithes yapais :
« Notre monnaie, celle avec laquelle nous avons été élevés, le système qui la gouverne, tout cela nous semble « réel » ou « rationnel ». Par contre, la monnaie des autres pays nous apparaît souvent comme un papier ou un métal sans valeur, même quand il s'agit de coupures ou de pièces dotées d'un grand pouvoir d'achat », explique l'économiste.
Lire aussi | Le bitcoin sombre sous la barre des 50.000 dollars
Dans le cas du Bitcoin, la question de la croyance à la valeur se pose. Ces cryptomonnaies sont-elles des monnaies ? À l'heure actuelle, non. En effet, aucune cryptomonnaie ne peut être aujourd'hui considérée comme un intermédiaire des échanges universellement accepté.
Dans les faits, rien n'oblige les entreprises ou les administrations à les accepter et, en pratique, rares sont celles qui le font. De plus, les cryptomonnaies ne sont pas non plus des unités de compte avec lesquelles on pourrait exprimer le prix de tous les autres biens. Par ailleurs, dans l'idée de la monnaie réside le facteur lien social. Un outil circulant, facilitant à la fois les échanges et créant un lien entre les individus.
Selon Aristote, une société est constituée de personnes exerçant des métiers différents et complémentaires. L'argent qui circule entre tous les corps de métiers permet au forgeron de fabriquer des charrues, au profit du paysan qui nourrit le cordonnier, lequel fournit des chaussures au guerrier qui lui-même protège la cité contre les envahisseurs et permet à tous de vivre en paix. Avec les monnaies dites virtuelles, la dimension du lien social demeure un véritable point d'interrogation.
Au Maroc, l'heure est à la régulation…
« Le projet de loi est intéressant car c'est un début de règlement sur l'usage des plateformes de cryptomonnaies. Il comble un vide dans lequel se sont engouffrés 1,3 million de Marocains qui utilisent les cryptomonnaies en toute illégalité, et il trace la voie vers une MNBC (monnaie numérique de banque centrale) », nous confie l'expert en NTIC Khalid Ziani.
"Mettre en place un cadre juridique adapté au Bitcoin suppose, à notre avis, de définir les conditions et modalités d'exercice de cette nouvelle économie, sans pour autant brider les acteurs de la place et le potentiel de développement qui en résulte. La philosophie qui sous-tend le Bitcoin repose sur un rejet de l'autorité gouvernementale et du recours aux banques comme uniques tiers de confiance. Ainsi, de par sa nature et son essence, le Bitcoin s'oppose à toute idée de régulation. Il s'autorégule grâce aux nœuds du réseau sans qu'un tiers de confiance n'intervienne."
Lire aussi | Qu'est-ce que le « halving », ou la réduction programmée des émissions de bitcoins?
Pour l'expert, l'enjeu aujourd'hui est de transférer la confiance des utilisateurs du système de paiement bancaire centralisé à un système de paiement électronique décentralisé. La question qui se pose est alors de savoir s'il est possible de réguler un système qui, par son essence et son fonctionnement, s'oppose à tout contrôle ?
Piloté par Bank Al-Maghrib en collaboration avec l'AMMC et l'ACAPS, le point de départ de la réglementation des monnaies virtuelles au Maroc est en chantier. La première nomenclature du projet de loi a été soumise au Wali de BAM.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, ledit projet est en cours d'adoption. Dans un esprit de divulgation et de transparence, Challenge a pu avoir accès au contenu de ce projet de loi.
Dans les détails, par exemple, dans l'article 3, on peut lire : « Selon les activités, les intermédiaires en actifs numériques ou émetteurs de jetons de monnaies électroniques sont soumis à la supervision de BAM et de l'AMMC. »
Concernant le conseil aux souscripteurs d'actifs numériques, l'article 5 attribue à l'AMMC plein pouvoir en matière d'établissement de la liste des acteurs qualifiés. Ce projet de loi énumère également les conditions à remplir par les émetteurs de jetons électroniques. Ces derniers ne seront offerts au public ou admis sur une plateforme de négociation d'actifs numériques que si l'émetteur est agréé en tant qu'établissement de paiement.
Pour rappel, le nombre de personnes par habitant détenant des crypto-monnaies au Maroc en 2022 atteint 1,15 million, générant un PIB par habitant de 8 612 dollars, derrière le Ghana (1,39 million de personnes, soit un PIB de 4 606 dollars par habitant). Le premier dans ce classement est le Nigeria avec 22,33 millions de personnes produisant un PIB/habitant de 5 927 dollars.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.