La société britannique Xlinks, porteuse du mégaprojet de câble électrique sous-marin reliant le Maroc au Royaume-Uni, envisage désormais un plan B vers l'Allemagne. En cause : l'absence d'accord tarifaire avec Londres, qui freine la viabilité financière de l'initiative. Le projet titanesque de Xlinks, qui prévoit de relier le sud du Maroc au réseau électrique britannique via un câble sous-marin de 3 900 kilomètres, traverse une zone de turbulences. Le 28 mai, plusieurs médias britanniques ont relayé les propos de Dave Lewis, président de la société, qui dès avril 2025 alertait sur les lenteurs du processus réglementaire au Royaume-Uni. « Les investisseurs internationaux n'attendront pas indéfiniment », avait-il averti dans une déclaration médiatique, soulignant que plusieurs investisseurs sont prêts à mobiliser les 8 milliards de livres (environ 10,7 milliards de dollars) nécessaires à la réalisation du projet. Mais sans avancée concrète du côté britannique, ces financements pourraient être redirigés vers d'autres marchés. Lire aussi | Xlinks. Nouveau jalon vers la réalisation du projet qui alimentera 7 millions de foyers britanniques en énergie propre à partir du Maroc Procédure suspendue au Royaume-Uni Face à l'impasse, Xlinks a officiellement suspendu sa demande d'autorisations locales (Development Consent Order – DCO), nécessaires pour déployer le câble sur le territoire britannique. L'entreprise estime qu'il est prématuré de poursuivre les démarches administratives, tant que le gouvernement n'aura pas répondu à sa demande clé : un Contrat pour la différence (CfD). Ce mécanisme tarifaire, courant dans le secteur de l'énergie, permettrait de garantir un prix fixe de revente de l'électricité verte pendant 25 ans, assurant la rentabilité à long terme du projet. Xlinks avait proposé un prix compris entre 77 et 87 livres sterling par mégawattheure (environ 104 à 117 dollars). Mais depuis deux ans, aucune réponse ne lui est parvenue, un blocage que Dave Lewis attribue à des raisons politiques, à l'instabilité administrative et au climat géopolitique actuel. Lire aussi | Mégadeal énergétique au Maroc. Taqa Morocco et Nareva conseillés par le cabinet Naciri & Associés A&O Shearman L'Allemagne comme alternative stratégique Dans ce contexte d'incertitude, l'Allemagne pourrait se substituer au Royaume-Uni en tant que pays récepteur de l'électricité marocaine. Selon Dave Lewis, des discussions exploratoires sont envisagées, même si aucun calendrier officiel n'a été communiqué. Cette éventualité, encore hypothétique, montre toutefois que la position du Royaume-Uni comme partenaire principal est désormais fragilisée. Lire aussi | Société Générale Maroc va changer de dénomination ce 24 juin Une décision attendue, aux conséquences géopolitiques Alors que les enjeux économiques, énergétiques et diplomatiques sont considérables, la balle est désormais dans le camp de Londres. Une clarification rapide du cadre tarifaire est attendue pour sauver ce projet stratégique. Faute de quoi, l'Europe pourrait capter une opportunité que le Royaume-Uni hésite à saisir, au détriment du partenariat énergétique entre Rabat et Londres.