À contre-courant de la tendance mondiale, les flux d'IDE vers l'Afrique ont connu une forte augmentation durant l'année écoulée. Le Maroc, malgré le contexte morose, tire son épingle du jeu. En 2023, le gouvernement marocain n'a pas ménagé ses efforts pour faire du Royaume une terre d'investissements, attirant divers opérateurs étrangers dans des domaines aussi variés que l'énergie, l'industrie ou encore la technologie. Fidèle à cette dynamique de croissance, le Maroc maintient le cap dans les IDE. C'est ce que confirme un nouveau rapport de la CNUCED. Selon le rapport, le Royaume se classe désormais au deuxième rang des pays d'Afrique du Nord les plus attractifs pour les IDE. Dans le détail, le Maroc s'illustre par une remontée de ses IDE à 1,64 milliard de dollars en 2024, après une chute sévère en 2023. Cette progression de 55 % place le pays devant l'Algérie (1,44 milliard) et la Tunisie (936 millions), bien que loin derrière l'Egypte (46,6 milliards). Lire aussi | Afrique : les éléments qui entravent la compétitivité... Rappelons que ces dernières années, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures incitatives pour attirer les investissements étrangers, combinant incitations fiscales, infrastructures modernes et soutien sectoriel. Depuis mars 2023, la Commission nationale des investissements (CNI) a approuvé 115 projets totalisant 173 milliards de dirhams, permettant la création de 96 000 emplois, dont 82 % ont déjà démarré. Contacté par Challenge pour éclairer cette question, l'économiste Mehdi Lahlou explique : « On peut déduire que les différentes actions de la charte de l'investissement ont eu un effet d'entraînement qui a relancé les IDE. » Il ajoute qu'« il y a également la conjoncture des projets, notamment la LGV, la Coupe du Monde 2030 et la Coupe d'Afrique des Nations 2025, qui ont, dans une certaine mesure, contribué à cette reprise des IDE. » Une vision qui paye... Depuis les années 2000, le Maroc a connu une transformation économique fulgurante et singulière sur le continent, grâce à d'importants investissements dans ses infrastructures, notamment autoroutières, ferroviaires, aéroportuaires et portuaires. Le pays a également mis en place des stratégies sectorielles dans des domaines comme l'industrie (automobile, aéronautique), le tourisme, l'agriculture, l'offshoring et les énergies renouvelables. De plus, son ouverture commerciale, renforcée par plus de 50 accords de libre-échange, a permis au PIB du Royaume de plus que doubler entre 2000 et 2019, dépassant ainsi les 1 000 milliards de dirhams (plus de 100 milliards d'euros). Cependant, le rythme de croissance a progressivement ralenti, passant d'une moyenne annuelle de 4,8 % entre 2000 et 2009 à 3,5 % entre 2010 et 2019. Ce ralentissement est paradoxal, compte tenu de l'effort d'investissement du pays, qui représente 32,2 % de son PIB, l'un des taux les plus élevés au monde, aux côtés de la Chine et de l'Inde, selon la Banque mondiale. Ce fléchissement a eu un impact direct sur le marché de l'emploi : « Chaque point de croissance générait moins de 21 000 emplois entre 2010 et 2019, contre plus de 30 000 entre 2000 et 2009 », selon un rapport de la banque centrale. Lire aussi | Salon VivaTech 2025 : le Maroc soutient l'entrepreneuriat en Afrique Face à cette situation, la nécessité de repenser le « modèle de développement » est devenue incontournable. « Si le Maroc a enregistré des progrès significatifs mondialement reconnus, son modèle de développement national n'est plus en mesure de répondre aux attentes croissantes des citoyens, de réduire les inégalités et de garantir la justice sociale », déclarait SM le Roi Mohammed VI en 2017. En réponse, une commission spéciale, présidée par Chakib Benmoussa, a esquissé les grandes lignes d'un nouveau modèle de développement. Parmi ses recommandations, l'accent est mis sur une meilleure répartition des investissements vers des secteurs productifs et une implication accrue du secteur privé, avec pour objectif de porter la part de l'investissement privé de 35 % à 65 %. Le Souverain a ainsi fixé un nouvel objectif au gouvernement en octobre 2022 : mobiliser 550 milliards de dirhams (50 milliards d'euros) d'investissements et créer 500 000 emplois entre 2022 et 2026. C'est dans ce sens que le gouvernement d'Aziz Akhannouch a adopté une nouvelle charte des investissements, visant à positionner le Maroc comme un hub continental et international attractif. Top 20 des pays africains ayant attiré le plus d'IDE en 2024 : 1. Egypte (46,57 milliards de dollars) 2. Ethiopie (3,98 milliards) 3. Côte d'Ivoire (3,80 milliards) 4. Mozambique (3,55 milliards) 5. Ouganda (3,30 milliards) 6. RDC (3,11 milliards) 7. Afrique du Sud (2,46 milliards) 8. Namibie (2,06 milliards) 9. Sénégal (2,01 milliards) 10. Guinée (1,82 milliard) 11. Tanzanie (1,71 milliard) 12. Ghana (1,66 milliard) 13. Maroc (1,63 milliard) 14. Mauritanie (1,53 milliard) 15. Kenya (1,50 milliard) 16. Algérie (1,43 milliard) 17. Zambie (1,23 milliard) 18. Nigeria (1,08 milliard) 19. Gabon (1,14 milliard) 20. Tchad (1,01 milliard) Source : rapport CNUCED